Vivez les vivaces !
Jean-François Coffin
Du massif de grande dimension à celui de rocaille, en passant par votre balcon ou une toiture, les plantes vivaces peuvent contribuer à créer un beau décor. Leurs multiples variétés en dimensions, couleurs, époque de floraison permettent de les adapter à toutes les situations. Si la littérature est abondante à leur sujet, voici quelques conseils choisis pour réussir au mieux leur plantation.
Les Asters offrent leur superbe fleurissement en automne - © J.-F. Coffin
« Attention à ne pas planter trop serré. L’erreur est souvent commise car une plante vivace en repos de végétation ou en petit plant ne présume pas de la taille de celle-ci dans sa dimension future. » C’est le premier conseil que donne d’emblée Michel Grésille[1] lorsqu’on l’interroge sur les conseils à prodiguer pour la création d’un massif de vivaces. Le jardinier souhaite souvent un effet immédiat et ne tolère pas toujours la présence de terre nue, d’où la tentation de planter dense. Pour éviter cet inconvénient esthétique, on peut, la première année, combler les espaces non couverts par des bulbes ou des annuelles.
Réfléchissez avant de planter
Face à la diversité des plantes vivaces, la plus grande difficulté sera de choisir lesquelles installer. Vous allez composer un véritable tableau aux couleurs variées, à différentes époques de floraison. Quand vont-elles fleurir ? Souhaitez-vous une floraison étalée dans l’année ou à une époque précise, par exemple lorsque vous vous trouvez dans votre résidence secondaire ? Quelles couleurs afin de les harmoniser si les plantes choisies fleurissent en même temps ? Quelle surface consacrer, compte tenu qu’une grande partie des vivaces ont tendance à s’étaler dans le temps, comme celles qui drageonnent, développent des stolons ou marcottent ? Quel usage : décoratif, pour fleurs coupées, couvre-sol, condimentaires, médicinales, … ? Un autre élément à prendre en compte est la hauteur que prendra la plante lorsqu’elle sera développée et fleurie. S’il n’y a pas trop de soucis pour les vivaces de rocailles, attention à celles des autres massifs. La fleur d’un pied d’alouette (Delphinium) peut atteindre 1m50, une digitale peut avoisiner les 2 mètres ! Établissez une esquisse sur papier pour bien placer les plantes hautes afin qu’elles n’occultent pas les plus basses qui devront être placées devant. Positionnez également celles qui fleurissent en premier au deuxième plan pour qu’elles ne déparent pas le massif quand elles seront défleuries. A ce moment là, elles seront cachées par celles qui commencent à se développer devant. Pour obtenir un effet tâche de couleur, regroupez-les par petits groupes de trois à cinq.
Certaines vivaces, comme la Digitale (à gauche) ou le Lupin (à droite) peuvent atteindre des dimensions importantes. - © J.-F. Coffin
Préparez bien le terrain
L’époque idéale de plantation d’une vivace est la fin de l’été – début de l’automne. La plante pourra ainsi bien s’installer avant l’hiver dans un sol encore chaud et préparer sa floraison, surtout pour celles qui fleurissent au printemps. Si votre sol est lourd, froid, humide, attendez plutôt la sortie de l’hiver. Il est possible cependant de planter des vivaces toute l’année pour celles qui sont en godets ou en conteneurs, avec la précaution d’éviter les périodes de forte chaleur. La préparation du sol avant plantation est une phase importante car la plante vivace sera installée pour une longue période. A commencer par le désherbage qui doit être soigné. Éliminez scrupuleusement les mauvaises herbes et leurs racines. Enrichissez le sol avec un amendement humique, du terreau ou un compost mûr ou demi-mûr. Les apports d’engrais devront être riches notamment en phosphore et potassium pour améliorer la floraison, en évitant l’excès d’azote. A défaut d’engrais spécifique vivaces, un engrais fraisier peut convenir.
Rabattez
Au moment de la plantation, rabattez les plantes. Pensez à les étiqueter car il est difficile de les reconnaître quand elles sont en repos de végétation. Pour les plantes fragiles au froid comme la sauge, disposez dessus un paillage avant l’hiver. Il peut être constitué, par exemple, de petits fagots que vous confectionnerez avec les tiges fanées que vous aurez coupées. « Pour une plantation au début de printemps, coupez les hampes florales qui peuvent commencer à apparaître. Cela peut être frustrant mais vous éviterez à la plante de s’épuiser, assurerez une meilleure reprise et vous ne retarderez que d’une quinzaine de jours la floraison », souligne Michel Grésille. Et le fait de rabattre la plante à sa plantation lui permettra de s’étoffer à la base.
Surveillez
Une fois le massif planté, surveillez les éventuels ravageurs. Au moment du démarrage de la végétation au printemps, limaces et escargots risquent de se précipiter sur les jeunes pousses dont ils sont friands. Un appât pourra les éloigner. Au début, veillez à limiter le développement des mauvaises herbes en les binant et en ayant recours au paillage. Coupez les fleurs fanées, ceci permettra de prolonger voire, dans certains cas, de favoriser une nouvelle floraison.
[1] Michel Grésille est le président de la section "Plantes Vivaces" de la SNHF.
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Autre conseil qu’aime prodiguer Michel Grésille : « veillez au tuteurage des tiges hautes sensibles au vent. Ce tuteurage peut être un trépied de bambous « tipi » ou un cylindre de grillage plastifié vert, elles se développeront à l’intérieur ». Trois à cinq ans après la plantation, vous devrez diviser les touffes qui auront pris trop d’importance. En période de repos de végétation, arrachez-les, en gardant si possible la terre autour des racines. Divisez-les et procédez à de nouvelles plantations. Le reste de vos préférées pourra faire des heureux si vous l’offrez à un voisin ou un ami. La plante vivace peut aussi être source de convivialité !
Les vivaces recouvrent de multiples espèces. Vous pouvez choisir classique comme la Campanule (à gauche) ou plus original comme le Cimicifuga (à droite). - © J.-F. Coffin
« Cette plante est très vivace », entend-on souvent. Dans l’esprit du grand public, cela signifie qu’elle est résistante, voire coriace, ou plutôt rustique. Pour un jardinier, les plantes vivaces, qu’il appelle aussi pérennes, sont des plantes dont la durée de vie dépasse celle des annuelles ou bisannuelles. Elles peuvent même atteindre plusieurs décennies ! En horticulture, on évoque leur particularité de quasiment disparaître l’hiver pour redémarrer au printemps. En fait, on distingue plusieurs types de vivaces :
- des vivaces herbacées à appareil aérien non persistant (plateau caulinaire, rhizomes, stolons, tubercules, racines tubéreuses, bulbes)
- des vivaces herbacées à appareil aérien persistant (rosettes, touffes)
- des vivaces ligneuses (drageons, marcottes)
Certaines plantes sont vivaces dans leur pays d’origine, comme le pélargonium, mais sont annuelles chez nous car ne résistent pas au gel.
Parmi les plantes vivaces, les graminées (à gauche) sont de plus en plus utilisées, quant au géranium vivace (à droite), il trouve sa place dans les rocailles. - © J.-F. Coffin
A lire …
du débutant … au professionnel
Vivaces : Atlas de poche. Martin Haberer, Ulmer, 2004, 192 P.
Les plantes vivaces, collection plantes faciles. Collectif, Artémis, 2009, 95 p.
Plantes vivaces, D. Willery, Ulmer, 2013, 320 p.
Plantes vivaces, guide des végétaux. JP. Cordier, Horticolor, Vilmorin, 2008, 248 p.
Encyclopédie des plantes vivaces. Royal Horticultural Society, Graham Rice, Gallimard, 2007, 495 p.
aussi,
Les couvre-sols. David S. Mackenzie, D. Brochet, Ed. du Rouergue, 2007, 240 p.
et avec les graminées,
Graminées ornementales pas à pas. P. Ferret, Edisud, 2008, 96 p.
Graminées ornementales 430 espèces et variétés. R. Darke, Ulmer, 2009, 224 p.
Graminées : Comment les utiliser pour créer des jardins hors du commun. Nancy J. Ondra, Ulmer, 144 p.
L’Encyclopédie des graminées. R. Darke, E. Lais, C. Valaye, Ed. du Rouergue, 2007, 480 p.
La plupart des producteurs de plantes vivaces donnent aussi de judicieux conseils ainsi que des listes de plantes sur leurs sites Internet.
Source : SNHF
janvier-février 2014