Villes et villages fleuris, l’atout maire
Jean-François Coffin
Au départ était l’incitation à fleurir les communes. Aujourd’hui, le label attribué par le Conseil National des Villes et Villages Fleuris est devenu un véritable outil multi facettes pour les municipalités : encouragement au développement des surfaces en espaces verts, support promotionnel pour attirer touristes et entreprises, amélioration de l’image auprès des administrés, aide au management des équipes. Sans cesse en évolution, cet outil s’adapte au nouveau contexte économique et politique.
Tout a débuté par un concours lancé en 1959 pour inciter les villes à devenir plus propres et plus fleuries. Initié par Robert Buron, ministre du Tourisme et des Transports de l’époque, il s’adressait plutôt aux communes rurales », explique Martine Lesage, directrice du CNVVF, Conseil national des villes et villages fleuris. Ce « concours » consiste en l’attribution par un jury, à une commune qui s’est portée candidate, d’une distinction de une à quatre « fleurs » selon les critères contenus dans un cahier des charges. Au départ axé sur le fleurissement, ce prix a évolué au cours des années. « Il est devenu un label de qualité de vie, polyvalent », avec plusieurs axes, ajoute Martine Lesage, donnant comme exemple l’action d’embellir le cadre de vie grâce aux végétaux, combinant le savoir-faire des jardiniers et paysagistes et des différents services des collectivités.
Un label attractif
Il s’agit également d’un atout en termes d’image pour la population mais aussi vis-à-vis des touristes qui sont « consommateurs » de jardins. « Le fleurissement et la végétalisation apportent une image positive et attrayante de la commune mais sont aussi une vitrine du savoir-faire et du talent qu’on a en France. On est trop timide, on ne le montre pas assez ! » Enfin, un axe à ne pas négliger est celui économique : « une enquête récente montre que les entreprises viennent davantage s’installer dans les communes labellisées fleuries. Plus une commune est labellisée, plus les entreprises sont attirées », indique Martine Lesage. Les professionnels de l’horticulture et du paysage bénéficient aussi de ces retombées économiques.
« Les habitants sont sensibles au bien-être que leur procurent le chant des oiseaux, les fleurs qui s’épanouissent, les lieux que la commune a installés permettant de se poser, de discuter, de rencontrer des gens, de profiter des aires de jeux de plus en plus belles pour les enfants. Le jardin est un instrument de bien-être et de lien social que la municipalité apporte à ses administrés. »
Inciter et accompagner
Ce label n’est donc pas une distinction folklorique attribuée à une commune qui a mis un peu partout des petites fleurs pour faire joli. Pour prétendre au label, une feuille de route regroupe les différents critères à respecter. « Il s’agit d’un outil très qualitatif qui permet aux élus de mettre en place une stratégie et une mise en valeur de leur territoire. » Il faut savoir adapter la palette végétale : qu’elle soit esthétique, qu’elle corresponde à l’usage qui lui est attribué et que son entretien, qui constitue une grande part du budget, soit prévu.
« Ces exigences ne doivent pas décourager les municipalités. Nous apportons notre aide. Il a fallu mettre en place de nouveaux modes de gestion. Par exemple, le non-usage de pesticides chimiques nécessite davantage de main-d’oeuvre mais cela fait longtemps qu’un grand nombre de villes s’y sont mises. »
Pour tous types de communes
La nécessité de prévoir un plan de gestion peut faire peur aux jardiniers, surtout s’il s’agit d’une petite commune. Le CNVVF a créé des outils pour les aider, avec le souci de faire simple, d’utiliser un vocabulaire compréhensible. « À une époque, le Comité a eu tendance à trop intellectualiser. Le challenge est d’être aujourd’hui pertinent et crédible. »
Le label s’adresse à tous types de communes, aussi bien aux grandes, notamment via leurs directeurs regroupés au sein de leur association Hortis, qu’aux villages. « Nous leur faisons comprendre l’intérêt de ce label tout en les rassurant sur le fait qu’il n’entraîne pas une charge supplémentaire démesurée pour leurs services. Le label est d’ailleurs, pour les communes, un outil de management extraordinaire qui motive les équipes, fières de leur travail qui est mis en valeur ».
Un outil valorisant
Le label est devenu aujourd’hui un outil multifaces pour une municipalité. Il stimule la création, l’émulation au niveau du paysage et des espaces verts. Au niveau politique, il valorise la municipalité auprès des administrés. Il est aussi un support d’animation. Certaines communes en profitent pour créer des événements. Les exemples sont nombreux. Boulogne-sur-Mer organise chaque année une grande fête devant la mairie. À Nancy, sur la place Stanislas, un jardin différent est créé chaque année qui laisse place à la création et qui attire des milliers de personnes. La ville a d’ailleurs obtenu le prix 2016 de la mise en valeur du patrimoine.
« Le développement des jardins potagers collectifs, des jardins partagés au pied des immeubles, le doit en partie à notre initiative, de même qu’il existait déjà des jardins familiaux que l’on a redynamisés en collaboration avec le Gnis. »
S’adapter aux changements
« Nous sommes en permanence sur le terrain, ce qui nous permet de mieux connaître les attentes et les besoins des communes, de les conseiller. »
Cette année, pour la première fois, 27 communes se sont proposées candidates pour une fleur (contre 7 à 14 les autres années). Le label évolue donc positivement, même si certaines communes se désistent pour différentes raisons.
Le CNVVF doit aussi s’adapter aux changements issus de la création de nouvelles collectivités régionales, de communes nouvelles. L’aspect financier est un problème, avec la baisse des subventions. « Si nous sommes encore soutenus par plusieurs partenaires comme Val’hor, le Gnis et notre ministère de tutelle qui nous héberge et assure un certain nombre de charges, nous devrions aller peu à peu vers plus d’autonomie. »
Pendant près de 60 ans, le label était gratuit. Depuis le 1er janvier 2017, la cotisation est devenue obligatoire pour les communes labellisées. Il y en a plus de 4 700.
Priorité à la communication
« Avec ce nouveau budget, nous mettons l’accent sur la communication. Nous voulons sortir de l’image et du message « petites fleurs ». Il faut davantage nous médiatiser, conforter les adhésions, renouer des partenariats, aller à l’assaut des cabinets ministériels. » Le travail a commencé, avec le recrutement d’un nouveau chargé de communication, la refonte du site internet, le développement des outils de communication. « Il faut aussi travailler main dans la main avec nos relais, nous ne sommes rien sans réseaux. »
Le label Villes et villages fleuris est devenu aujourd’hui une marque de qualité de vie et une reconnaissance des politiques de mise en valeur de nos territoires, ajoute Martine Lesage qui est fière de conclure : « nous sommes au coeur de l’actualité. D’ailleurs, nous sommes enviés et copiés ! »