Une exploitation de PPAM bio
Jean-François Coffin
« Il faut le goût de l’entreprise, de la découverte, de la prise de risques car nous sommes sur un marché mondial très concurrentiel, sans filet de protection communautaire », explique Nadine Leduc, 52 ans, sur son exploitation de 18 hectares dont 12 en plantes médicinales bio, située dans le Morvan à Ménessaire, en Côte d’Or.
Nadine Leduc et son exploitation de PPAM bio dans le Morvan – © D.R.
Nadine Leduc juge son parcours plutôt atypique dans le monde agricole classique « comme de nombreux producteurs de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) qui ont tous une histoire personnelle ». De formation en biologie – biochimie humaine, elle commence sa carrière dans le secteur de la construction en aluminium … pour se reconvertir dans l’agriculture au début des années 90. « J’ai toujours voulu me tourner vers l’agriculture, mes racines », justifie-t-elle. En cherchant ce qui lui était accessible comme cultures, c’est le secteur et la filière plantes médicinales qui s’est imposé. L’environnement du Morvan est propice, avec plus de 150 plantes sauvages recensées, même si elles ne sont pas toutes intéressantes. Ce n’est qu’après une formation qualifiante pour gérer une exploitation agricole qu'elle crée en 1994, sur une ancienne ferme avec un foncier en friches, son mari la rejoindra sur l'exploitation en 2004.
Cueillette
La production de Nadine provient à la fois de la cueillette dans la contrée alentours et des plantes qu’elle cultive sur son exploitation. « Les médias donnent de la cueillette une image d’Épinal, naturelle, bucolique. Mais derrière cette façade positive, il y a beaucoup de règles à appliquer ». A commencer par respecter la propriété privée. La cueillette professionnelle s’effectue sur des sites dont il faut déterminer les propriétaires pour demander l’autorisation, qu’ils soient des particuliers, des forêts domaniales, des collectivités diverses. A connaître également le règlement des plantes protégées qui diffère selon les régions, voire même au niveau du département. Enfin, un minimum de connaissance botanique est requis. « Ce n’est pas parce que c’est naturel que ce n’est pas dangereux. C’est comme les champignons ! Sur une même plante, il peut y avoir des parties toxiques, d’autres inoffensives. » Mais l’activité de cueillette de Nadine est en diminution face au temps que lui prend les cultures sur son exploitation.