Une belle pelouse, ça se soigne !
Jean-Pierre Leboucher
On considère, à juste titre, que la création et l’entretien ont une importance équivalente dans la réussite d’une belle pelouse. La couleur, la densité, la résistance au piétinement, la finesse du feuillage, le dessin de tonte, l’absence de mauvaises herbes ou de parasites, font partie des critères de qualités recherchés…
D’autres facteurs ont également une influence sur la qualité de la pelouse : la nature du sol, le choix des espèces, le climat, l’environnement, les matériels utilisés, le temps et le budget disponibles, l’utilisation, etc. Il est tout aussi important de savoir ce qu’il faut faire pour obtenir une pelouse de qualité que de connaître les erreurs à éviter lors de son entretien.
Écrin d’un beau jardin, la pelouse doit mettre en valeur l’espace autant que l’ensemble des plantations. Sa qualité s’obtient grâce aux moyens mis en oeuvre et à la disponibilité du jardinier, sa passion et sa patience.
La tonte
La fréquence de tonte s’adapte à la rapidité de croissance du gazon : deux fois par semaine ou trois fois tous les 15 jours. Plus les tontes sont fréquentes, plus la densité de la pelouse augmente.
La hauteur de coupe varie en fonction des espèces de gazon, des saisons, de l’utilisation, de la qualité recherchée, de la lumière, de la fréquence de tonte et de la longueur des feuilles du gazon au moment de la tonte. Quelques règles s’imposent. Pour les espèces à feuillage fin, la hauteur de coupe conseillée est de 2 à 3 cm. Pour les autres espèces elle est de 4 à 6 cm et pour les gazons à l’ombre, de 6 à 8 cm. Pour la première tonte de printemps et la dernière tonte avant l’hiver, il faut prévoir 40% de plus que la hauteur habituelle, et en période chaude, relever de 1 à 3 cm.
Quant au choix du matériel, une tondeuse électrique peut être utilisée pour les surfaces inférieures à 500 m². Les tondeuses à moteur thermique avec lames rotatives sont les plus couramment utilisées pour tout type de pelouses. Celles à moteur thermique et à lames hélicoïdales, sont plutôt destinées aux plus belles pelouses. La tonte avec des tondeuses robots téléguidées est de plus en plus utilisée. Que faire des déchets de tonte ? Le ramassage est indispensable si la fréquence de tonte est inférieure à 2 ou 3 fois par semaine. En effet, si la tonte est plus fréquente, les brins d’herbes sont plus fins et plus courts, donc plus discrets. La récupération et le compostage des déchets de tonte permettent d’obtenir un excellent terreau qui pourra être utilisé comme élément fertilisant ou amendement l'année suivante.
- Tondre une pelouse humide, gelée ou en pleine chaleur.
- Tondre toujours dans le même sens (risque d’ornières, tasse¬ment irrégulier du sol).
- Tondre trop court en scalpant le gazon (jaunissement, perte de certaines espèces, installation des mauvaises herbes et des maladies).
- Tondre trop court un gazon situé à l’ombre (apparition de mousses et d’algues).
- Tondre avec un matériel mal réglé (lames mal affûtées, plateau de coupe mal équilibré, pneumatique mal gonflé).
- Tondre avec une fréquence irrégulière.
- On ne doit jamais supprimer en une seule fois plus du tiers de la hauteur du feuillage.
Mieux fertiliser les gazons familiaux
La fumure d’entretien consiste à apporter au gazon les éléments dont il a besoin, c’est-à-dire l’azote (N), le phosphore (P2O5) et la potasse (K2O). L’azote fait verdir et pousser le gazon, le phosphore favorise le développement des racines et la potasse permet au gazon de mieux résister aux maladies et au piétinement. Les trois éléments sont souvent proposés ensemble par les fournisseurs. Il est préférable d’apporter autant d’azote que de potasse et deux fois moins de phosphore que d’azote et de potasse, autrement dit : obtenir un équilibre 2-1-2. Un premier apport après la pousse naturelle du gazon au printemps et un second apport en septembre ou octobre doivent suffire en règle générale. Parfois, un troisième apport, quinze jours avant les fortes chaleurs de l’été, peut être effectué pour les plus belles pelouses. Les engrais organiques sont naturels et de plus en plus demandés. Ils permettent une alimentation lente et régulière du gazon. Cependant, certains ne sont pas faciles à épandre et dégagent parfois une odeur désagréable. Le terreautage peut être réalisé au printemps de préférence. Il permet surtout d’atténuer les déformations et d’alimenter le gazon grâce à la décomposition très lente de la matière organique.
Cette gravure représente un des premiers modèles de tondeuse à gazon, inventé par l'Anglais Edwin Budding qui déposa un brevet en août 1830. Leur fabrication industrielle débuta en 1859, mais il fallut attendre les années 1890 pour voir apparaître les premières tondeuses autotractées. (Source : 23e édition des "Gravures du bon jardinier " publiées à la Librairie Agricole de la Maison Rustique vers 1870).
Une terre meuble
Un sol tassé « étouffe » les racines. L’aération permet de compenser le tassement et facilite le passage de l’air et
des engrais au niveau racinaire. Cette technique, pratiquée ou début du printemps et en automne, consiste à percer la surface du sol à l’aide d’appareils équipés de pointes, de lames ou couteaux, de cuillers ou louchets. Si le sol est très argileux ou déformé, on peut apporter une fine couche de sable (1 à 2 mm), juste après l’aération, et le faire pénétrer par balayage. Le défeutrage permet d’extirper le feutre sur quelques millimètres. Celui-ci est dû à l’accumulation et l’enchevêtrement des racines superficielles ainsi que des déchets de tonte. La profondeur de l’appareil est réglée entre trois et sept millimètres. Les déchets doivent être ramassés. Cette opération peut être réalisée une à deux fois par an pour les belles pelouses. Le roulage est rarement indispensable. Cette opération présente souvent beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages (tassement du sol, manque d’air au niveau des racines). On la recommande cependant lorsque le gel a fortement soulevé le sol. Dans ce cas, on utilise un rouleau dont le poids est inférieur à 300 kg par mètre linéaire, et cette opération sera effectuée après le dégel complet et avant la première tonte.
Arroser… intelligemment
Quand et combien ? Eternelles questions !
Pourtant la réponse est simple : mieux vaut arroser quand le gazon a soif et pour le savoir, il suffit d’observer. Si les feuilles de l’herbe ne se relèvent pas après votre passage, ou si la couleur jaunit ou devient bleutée, c’est souvent le signe qu’un arrosage s’impose. On prélève alors une petite « carotte », un échantillon de terre avec un canif pour vérifier. Quelle quantité ? Voici un repère : un cm3 d’eau apporté permet d’humidifier environ dix centimètres de sol. On arrose plutôt en fin de journée ou la nuit.
Désherber…
Indispensable pour les belles pelouses décoratives, d’ornement ou de prestige, l’élimination des mauvaises herbes s’effectue de préférence entre avril et mai/juin. Le traitement est réalisé à l’aide d’un pulvérisateur sur feuillage sec, mais avec un sol légèrement humide, 24 ou 48 heures après une tonte. Ensuite, il faut attendre au moins quatre ou cinq jours avant d’effectuer la tonte suivante. La fertilisation ne pourra pas intervenir avant dix ou quinze jours après le désherbage.
Venir à bout des mousses et des algues
Peu de produits sont homologués pour détruire les mousses et les algues. Ces traitements se réalisent de préférence après l’hiver. Pour éviter la réapparition de ces « indésirables », plusieurs précautions sont nécessaires : aérer le sol, défeutrer, drainer ou sabler, fertiliser, remonter la hauteur de coupe, regarnir les zones dénudées avec de la graine et du terreau, diminuer les arrosages.
Lutter contre les maladies
Les maladies sont très préjudiciables aux belles pelouses. On peut utiliser des fongicides spécifiques. Quelques conseils pratiques : relever de deux centimètres la hauteur de coupe, apporter un engrais potassique, effectuer un apport de sulfate de fer (5 g/m² maximum) et traiter si possible.