Un insecte ravageur émergent des arbres ornementaux : la mineuse du marronnier
Sylvie Augustin
La mineuse du marronnier, Cameraria ohridella, est un ravageur invasif en Europe. Les chenilles sont mineuses de feuilles et se développent presque exclusivement sur le marronnier d’Inde (marronnier à fleur blanche), Aesculus hippocastanum. Observée pour la première fois près du lac Ohrid, en Macédoine, au début des années 1980, elle est ensuite apparue en Autriche en 1989 et, à partir de là, elle a envahi presque toute l’Europe à une vitesse d’environ 60 km par an.
Dégâts de la mineuse du marronnier - © S. Augustin
Le succès de l’invasion de la mineuse du marronnier s’explique par la forte croissance de ses populations favorisées par son « multivoltinisme » (trois générations par an en France), la faible pression de sélection exercée par ses ennemis naturels et un taux de dispersion élevé, lié au transport par l’homme à grande distance.
Les mines se présentent sous la forme de taches rousses à la surface supérieure des feuilles provoquant le brunissement et la chute prématurée des feuilles en été. Ses dégâts spectaculaires ont fait naître l’inquiétude du public et des gestionnaires de patrimoine arboré au sein des espaces verts
Impact sur ses hôtes
L'hôte préféré de C. ohridella est le marronnier d'Inde, Aesculus hippocastanum, espèce originaire des Balkans et utilisé partout en Europe à des fins ornementales mais d'autres espèces de marronniers peuvent présenter de faibles attaques. Certains érables, en particulier l’érable sycomore Acer pseudoplatanus, peuvent être infestés si ils sont situés à proximité de marronniers fortement infestés. Des études menées en France et en Suisse ont néanmoins montré que la mineuse ne représentait pas un risque pour l’érable sycomore dans l’immédiat.
La répétition des attaques sur marronnier d’Inde entraîne une diminution du poids des fruits et représente un risque pour les quelques forêts naturelles des Balkans. En milieu urbain, les dégâts causés par C. ohridella ont essentiellement un impact esthétique. En effet, les conséquences sur la photosynthèse et les réserves en eau semblent suffisamment limitées pour ne pas entraîner de dangers immédiats pour les marronniers de nos villes. On ne peut cependant écarter des effets à plus long terme. La précocité et l’importance de l’attaque sont les principaux facteurs responsables de pertes photosynthétiques des arbres. Par conséquent, on peut réduire l’impact de C. ohridella sur la physiologie des marronniers en utilisant toute méthode qui permette de retarder les attaques au printemps et d’en diminuer l’intensité.