Un balcon en bonne santé Comment réguler insectes et maladies

Dans le contexte de la ville, la végétalisation d’un balcon ou d’une terrasse apporte du bien-être et une petite reconnexion à la nature. De plus en plus d’urbains exploitent
ces proches extérieurs pour créer une petite oasis, familiariser les plus jeunes avec les plantes et accueillir la biodiversité.

Fumagine sur feuille de laurier-rose © Rv, Wikimedia Commons

La biodiversité que l’on rencontre sur un balcon comprend les insectes auxiliaires, pollinisateurs, mais aussi ravageurs, car des uns dépend la survie des autres. En diversifiant les végétaux et en les choisissant en fonction de l’exposition et du climat propres à l’espace de culture, il sera possible de tendre vers un équilibre de ce petit écosystème.

L’observation est primordiale afin de détecter tout changement dans le développement ou l’état sanitaire des plantes cultivées. Elle est facilement réalisable compte tenu de l’espace, mais il faudra réagir sans tarder en cas de suspicion, et isoler la plante en attendant d’identifier l’origine du problème, notamment en cas de forte densité de plantes en pots. Les populations d’insectes évoluent en fonction des saisons, leur présence est normale et souhaitable et n’occasionne pas systématiquement de dégâts. C’est une observation attentive du développement végétal et de la couleur du feuillage qui permettra de décider s’il est nécessaire d’agir.

Sus aux principaux insectes ravageurs

Les pucerons, particulièrement présents au printemps sur les jeunes pousses et jeunes feuilles, se reconnaissent aisément. Installés au niveau des tiges, des jeunes feuilles et des bour-geons, ils piquent et sucent la sève des plantes pour se nourrir. Une fine pellicule noire peut apparaître sur le feuillage. Elle est due à l’excrétion d’un liquide sucré, le miellat, sur lequel se développe un champignon saprophyte, la fumagine (ci-contre). Verts, roses ou noirs, les pucerons peuvent causer des déformations de croissance et dans certains cas transmettre des virus. La plupart du temps, ces insectes ne nuisent pas sérieusement les plantes et finissent par partir. Une observation régulière du développement des plantes attaquées est nécessaire pour décider s’il est nécessaire d’intervenir.
La colonie de pucerons peut être régulée par des insectes auxi-liaires qui s’en nourrissent. Parmi ceux-ci, les coccinelles, mais aussi les larves de syrphes et de chrysopes. En cas d’infestation sévère et d’impact sur les végétaux, les pucerons peuvent être écrasés à la main ou éliminés avec des produits de traitement vendus en jardinerie. Attention, ceux-ci ne sont pas sélectifs et peuvent toucher les insectes auxiliaires et les pollinisateurs. Les cochenilles sont divisées en trois grandes familles. Facilement identifiables à l’œil, elles s’installent sur les tiges ou sous les feuilles, piquent et sucent la sève des plantes. Elles peuvent coloniser rapidement une plante lorsque les conditions sont favorables et sont particulièrement à l’abri sur les balcons, protégées du froid. Les cochenilles farineuses, sorte d’amas blancs, les cochenilles à carapaces, petites coques foncées, ou encore les cochenilles à bouclier se reproduisent très vite lorsque les conditions sont favorables (végétation dense et environnement humide). Il est nécessaire d’inspecter soigneusement les plantes dès l’achat et d’isoler rapidement les plants suspects. Les cochenilles peuvent être enlevées manuellement en faisant bien attention à ne pas contaminer les autres végétaux. Il est nécessaire de désinfecter les outils de taille entre chaque utilisation. Les cochenilles sont au menu de certains insectes auxiliaires comme la coccinelle Cryptolaemus montrouzieri, des punaises prédatrices, les larves de cécidomyies ou de chrysopes. Il existe aussi des traitements, à appliquer notamment en hiver, permettant de limiter leur développement.
Une cochenille farineuse qui se déplace rapidement ? Il s’agit de la larve de la coccinelle Scymnus qui peut être confondue avec les cochenilles farineuses, mais dont le déplacement est visible à l’œil nu. Elle se nourrit des cochenilles à coques et floconneuses (Lécanines).
Les chenilles, forme larvaire des papillons, sont très voraces et peuvent causer des dégâts importants sur les plantes en pots contrairement aux plantes dans les jardins. Les chenilles phyllo-phages s’attaquent aux feuilles et ne laissent que les nervures. Certaines espèces ont des cibles spécifiques comme le brun du pélargonium, dont la chenille pénètre dans la tige des plantes et occasionne d’importants dégâts. Les chenilles sont souvent bien camouflées grâce à leur couleur et leur forme peu visible dans les feuillages. Leurs excréments tombés au sol ou sur les feuilles (nombreuses petites boules noires) peuvent trahir leur présence. Les chenilles terricoles consomment le collet, les racines ou organes de réserve souterrains des plantes. Elles se trouvent dans les substrats des pots ou bacs de bananiers, palmiers et plantes vertes.
Les chenilles n’étant, pour la majorité d’entre elles, pas urti- cantes, peuvent être enlevées à la main. Certaines espèces de guêpes s’en nourrissent. Elles peuvent aussi être parasitées par des hyménoptères et sont une source de nourriture considérable pour les oiseaux comme la mésange. Les papillons nocturnes seront quant à eux prédatés par les chauves-souris.

Des maladies à surveiller

L’oïdium est une maladie cryptogamique provoquée par un champignon qui s’attaque aux feuilles lorsque les conditions climatiques sont favorables, c’est-à-dire lorsqu’il y a une alternance entre périodes pluvieuses et ensoleillées et de fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit. La présence de ce champignon est facilement détectable, car les feuilles des plantes se couvrent d’une poudre blanche. La présence d’oïdium sur une plante potagère peut en diminuer le rendement. Sur les plantes ornementales, l’effet est principalement esthétique. Pour enrayer le développement du champignon, les parties infectées peuvent être coupées. Il est aussi important d’arroser le matin et toujours au pied des plantations pour ne pas mouiller le feuillage. S’il devient nécessaire de traiter, il existe des produits vendus en jardinerie autorisés pour les jardiniers amateurs.
Les maladies des taches foliaires sont provoquées par des champignons ou des bactéries s’attaquant principalement aux feuilles des plantes. Elles sont facilement identifiables par la forme des taches, la présence ou non de « poussière », de couleur différente suivant le pathogène. Les taches jaune orangé sont dues à la rouille qui attaque diverses plantes comme le rosier ou les pélargoniums. Les symptômes se déclarent au printemps et peuvent affaiblir la plante, mais l’issue n’est pas fatale. Il est important cependant de ne pas propager la maladie aux autres plantes en désinfectant les outils de taille et en n’éclaboussant pas le feuillage lors des arrosages. La maladie des taches noires (le Marsonia) concerne les rosiers et débute par de petites taches noires sur les feuilles basses qui s’étendent petit à petit à l’en-semble de la feuille qui finit par chuter. Cette maladie se déclare durant les étés humides, il ne faut pas la confondre avec des brûlures causées par le soleil. Elle est enrayée par un rempotage du rosier avec un apport de matière organique.

Des pucerons ronds et dorés ? Ces alliés ont été parasités par un micro-hyménoptère qui pond dans leur corps. Ces parasitoïdes sont aussi de précieux auxiliaires. Ici, trois pucerons parasités sur une feuille de chou © Alton N. Sparks, Jr., University of Georgia, Bugwood.org
Une coccinelle amatrice de champignons ? Dans la grande famille des coccinelles, certaines sont mycophages. Parmi celles-ci, la grande coccinelle orange (Halyzia sedecimguttata) se nourrit d’oïdium © CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons

Suivre les conditions climatiques

Les plantes en pot sont particulièrement sensibles aux conditions climatiques. Du volume de substrat dépendra la fréquence d’arrosage, un petit volume nécessitant des arrosages plus fréquents. Le substrat des plantes en pot se dessèche rapidement s’il est fortement exposé au soleil et au vent. Pour autant, les plantes en pot craignent les excès d’arrosages et les symptômes des plantes trop arrosées ou pas assez sont assez similaires (flétrissement généralisé). Il est important de bien identifier les symptômes observés afin de ne pas confondre les facteurs biotiques (insectes, maladies) avec les facteurs abiotiques : coups de soleil, excès d’eau, appauvrissement du substrat. En ville, la pollution et la poussière se déposent sur les feuilles et peuvent, à terme, limiter la bonne croissance des plantes. Il est important d’inspecter et de nettoyer le feuillage, notamment lorsque les plantes sont à l’abri de la pluie.
Pour connaître les solutions à disposition des jardiniers amateurs pour lutter contre les maladies ou les insectes ravageurs, l’outil numérique Sauve Ta Plante est disponible sur le site www.jardiner-autrement.fr. Il permet d’accéder facilement aux techniques culturales et mesures biologiques ainsi qu’aux produits de lutte spécifiques.

Alice Piacibello
Jardiner Autrement