Trois célèbres collaborateurs des Vilmorin
Daniel Lejeune , Claude Foury
Pierre Bernard Lazare Verlot (1836-1897)
par Daniel Lejeune
En 1853, Bernard Verlot entra au Jardin botanique d’Orléans, alors dirigé par Delaire et, deux ans plus tard, au Jardin des Plantes de Paris où il obtint la place de premier garçon de l’École de botanique, sous les ordres de Pépin, auquel il succéda en 1859.
Adolphe Brongniart et Joseph Decaisne avaient une considération spéciale pour Verlot et le consultaient fréquemment. Lors de la fondation de l’École de Cluny, en Saône-et-Loire, Adolphe Brongniart le fit charger, par le ministère de Duruy, de la création des jardins scientifique et d’ornement, mission dont il s’acquitta avec un plein succès.
En 1864, la Société centrale d’Horticulture l’admettait au secrétariat de son Bureau.
Le crédit dont jouissait notre confrère, autant par son mérite que par son caractère aimable, le fit désigner comme juré ou rapporteur de toutes les expositions internationales ou locales importantes qui se tinrent pendant un quart de siècle.
Ce fut un choix heureux lorsque l’École d’Horticulture de Versailles, sous la direction de Hardy, lui confia le cours de Floriculture qu’il enseigna durant vingt années.
Les herborisations qu’il conduisait si bien, sous la direction de Decaisne d’abord, puis sous celle du professeur Bureau, étaient pour lui un attrait que partageaient d’ailleurs ses compagnons d’excursions. Verlot était un marcheur infatigable et un découvreur d’espèces rares toujours heureux. En août 1865, il participa, avec ses amis Théodore Delacour et le célèbre naturaliste et pédagogue Jean-Henri Fabre, à une ascension botanique au mont Ventoux qui faillit se terminer d’une manière tragique.[1]
Lorsque Verlot demanda le règlement de sa retraite au Muséum, ce fut un regret général. Encore dans toute la force de l’âge et du savoir, il ne pouvait cependant se résoudre à l’inaction. C’est alors qu’il s’adressa à Henry de Vilmorin, qui, avec sa bienveillance accoutumée, lui proposa l’emploi de chef des cultures expérimentales de Verrières-le-Buisson. En 1894, il fut gravement atteint d’une affection hépatique et succomba finalement en janvier 1897
Nombreux ouvrages et articles
L’ouvrage le plus marquant qu’on lui doive est certainement : Sur la production et la fixation des variétés dans les plantes d’Ornement[2], qui fut couronné par la Société Impériale et Centrale d’Horticulture.[3]
Personne mieux que Verlot ne pouvait entreprendre le manuel de terrain très demandé : Guide du botaniste herborisant qui fut honoré d’une introduction de Charles Naudin et qui connut trois éditions. On doit encore à Verlot la rédaction d’un beau volume sur Les Plantes alpines[4].
Beaucoup d’articles et de notes signés Verlot ont été publiés dont un tableau des plantes cultivées dans les squares et les promenades de Paris, inséré dans l’ouvrage d’Alphand.
Enfin il a collaboré au Nouveau jardinier illustré et à l’importante publication : Les fleurs de pleine terre, éditée par la maison Vilmorin-Andrieux et Cie.
[1] Le groupe s’était égaré dans le brouillard du sommet. La bonne direction, opposée au ravin, fut finalement confirmée par l’identification de deux plantes spécifiques du versant : le Chénopode Bon-Henri et l’Ortie dioïque. Fabre Jean-Henri, Souvenirs entomologiques, première série.
[2] Journal de la Société Impériale et centrale d’Horticilture 1864 pp 243, 305, 375, 420, 468, 528, 560
[3] Notons que cette question, mise au concours par la SICH, avait également été traitée par un autre jardinier célèbre du Muséum : Elie-Abel Carrière, dont le travail un peu injustement écarté fut publié à compte d’auteur.
[4] Les plantes alpines Paris, Rothschild 1873
Séraphin Joseph Mottet (1861-1930)
par Daniel Lejeune
Intelligent et studieux, passionné pour les herborisations, Séraphin Mottet avait acquis de sérieuses connaissances horticoles et botaniques qui le firent placer en 1897 à la tête du Service des Cultures expérimentales et des collections de Verrières-le-Buisson où il prit une part active aux travaux d’amélioration des Glaïeuls, des Iris des jardins, etc.
Sous la direction de Philippe de Vilmorin, il créa à Verrières un grand jardin alpin et, dans le Charolais à Pézanin, un important arboretum de 20 ha, renfermant un millier d’espèces. De cette dernière œuvre, se sont dégagés de précieux enseignements pour la sylviculture régionale.
Travailleur exceptionnel, il répandit ses connaissances par le journal et par le livre.
Ses débuts à la Revue horticole remontent à l’année 1890 et son dernier article parut en février 1930. Pendant quarante années, il s’appliqua notamment, à décrire un grand nombre d’espèces nouvelles.
Publiciste distingué, il était le collaborateur attitré de beaucoup de journaux agricoles et horticoles : Le Jardin, le Petit Jardin, le Journal d’Agriculture pratique, le Journal de la SNHF, l’Agriculture Nouvelle, la Gazette du Village, etc.
Dès 1891, entouré d’une équipe choisie, il entreprit la traduction du Dictionnaire anglais de jardinage de George Nicholson : travail colossal, qui dura dix ans et aboutit à la publication de cinq gros volumes de 800 pages chacun. Le Dictionnaire pratique d’horticulture et de jardinage, encore très recherché, reste l’un des principaux monuments élevé à l’Horticulture française. Il fut couronné par la SNHF, du prestigieux prix Joubert de l’Hiberderie.
Ainsi que le rappelle Philippe de Vilmorin dans l’introduction d’Hortus Vilmorinianus, Séraphin Mottet a été la cheville ouvrière de l’ouvrage, dont il a par ailleurs fourni les photographies.
Pendant trente-trois années, il fut professeur d’Horticulture à l’Ecole Saint-Nicolas, à Igny.
Entièrement consacrée à l’Horticulture, la vie de Séraphin Mottet fut des mieux remplies.
Aperçu des publications de Séraphin Mottet.
– Dictionnaire pratique d’horticulture et de jardinage, 5 volumes, Doin, Maison Rustique et Vilmorin-Andrieux, 1892 à 1899.
– Les Œillets à la grande fleur et leur culture, etc., Maison Rustique, 1892
– Petit guide pratique de jardinage, Doin et Maison Rustique 1894
– La mosaïculture et l’ornementation florale, Doin et Librairie agricole 1894
– Guide élémentaire de multiplication et d’éducation des végétaux, 1895
– Les rosiers (en collaboration avec Cochet-Cochet), Doin et Maison Rustique, 1896
– Les Clématites, Chèvrefeuilles, Bignones, Glycines, Aristoloches et Passiflores (en collaboration avec G. Boucher), Doin et la Maison Rustique, 1898.
– Les Conifères et Taxacées, préface d’Édouard André. Doin et Maison rustique, 1902
– Les arbustes d’ornement de pleine terre, Doin et Maison Rustique, 1908
– Monographie des Primevères, 1912
– La pomme de terre 1920
– Arbres et arbustes d’ornement de pleine terre, préface de Désiré Bois. Baillière et fils vers 1924
– Les plantes grimpantes de plein air, achevé par les soins de Lucien Sabourin, Librairie agricole de la maison Rustique, 1932
* Selon l’article biographique de Félicien Lesourd, Revue Horticole 1930 p 73.
Auguste Meunissier (1876-1947)
par Claude Foury
En 1899, Auguste Meunissier est recruté pas les Etablissements Vilmorin, rue de Reuilly (Paris 12ème), et passe l’année suivante, à Verrières le Buisson, comme attaché aux services des cultures expérimentales et des collections. Il en deviendra le chef en 1921[1].
Sa rencontre avec Philippe de Vilmorin inaugure une longue et étroite collaboration se poursuivant à travers Jacques de Vilmorin, puis de son fils Michel et enfin Roger[2].
Imprégné de Mendel
Pendant toute sa carrière, il est d’abord un sélectionneur imprégné des conceptions de Mendel et inspiré par la méthode généalogique de Louis et Henry de Vilmorin. Ainsi en 1909, il traite dans un bulletin de l’association des ingénieurs horticoles « La loi de Mendel » pour ses camarades alors peu informés. Ce texte couvre à peu près tout ce qui est connu de la génétique (transmission mono et bifactorielle des caractères, dominance partielle, liaison entre caractères, différence entre fluctuations exprimables mathématiquement…). Resitué dans le temps, ce document est remarquable car écrit deux ans seulement après la première traduction en français du mémoire « Versuche über pflanzen-hybriden » de Mendel. Remarquable également par l’actualité de sa bibliographie (W. Bateson « Mendel’s principles of heredity » paru en anglais l’année même).
Au congrès de génétique à Paris en 1911 qu’ils ont organisé, Philippe de Vilmorin et Auguste Meunissier rejettent la notion d’atavisme chère aux praticiens horticulteurs et éleveurs, tirent les enseignements pratiques de la disjonction et de la recombinaison des caractères et tentent de convaincre les réticences « lamarckiennes » par des arguments mutationnistes.
Professeur de génétique
En 1921, il devient le chef des services scientifiques de la Maison Vilmorin-Andrieux aux laboratoires de Verrières. Il participe à la réalisation de films sur la sélection des betteraves à sucre et sur la sélection des blés.
Après le congrès de génétique de 1927 à Berlin, Meunissier saisit toute l’importance de la récente théorie chromosomique de l’hérédité (Morgan 1923). Il en informe les horticulteurs dans le bulletin mensuel de la SNHF de mai 1928 tout en précisant, signe de sa rectitude et de sa culture, que déjà Rosenberg avait associé cytologie et génétique au congrès de Londres en 1906.
En 1930, il est nommé professeur de génétique et de sélection horticole à l’Ecole Nationale d’Horticulture de Versailles. C’est le premier enseignement explicite de cette matière dans les écoles d’agriculture. Il assure cet enseignement pendant une dizaine d’années.
Dévoué à l’horticulture
Ainsi se déroula la longue et brillante carrière professionnelle d’Auguste Meunissier, dans la joie de la découverte et celle du dévouement à l’horticulture et à ses camarades. Cela apparaît clairement dans les nombreuses notes descriptives d’espèces ornementales parues dans la revue Horticole ainsi que dans les analyses de la commission scientifique de la SNHF mais aussi dans les comptes rendus d’expositions et de visites de jardins.
En 1942, malade, Il rejoint ses enfants à Casablanca. Il y reste jusqu’à la mort de son frère Eugène, en février 1947. Revenu à Versailles, il y décède le 1er mai 1947. Il est enterré à Verrières-le-Buisson.
Eugène Meunissier (1884-1947)
Ingénieur Horticole, il est membre titulaire de la société d’Horticulture de France depuis octobre 1937.
Un mois après sa sortie de l’Ecole d’Horticulture de Versailles (promotion 1900), il est à Munich, employé dans les serres des jardins, de la ville où il resta six mois. Puis, il reste une année près de Vienne, à Hohewarte dans les célèbres jardins du baron de Rothschild, se déplaçant à l’occasion en Sibérie, pour l’entretien des arbres fruitiers des propriétés de Schillersdorf.
En 1903, il étudie soigneusement l’itinéraire d’un voyage de plus de six mois et parcourt les principales villes : Prague, Dresde, Erfurt, Berlin, Brème, Hambourg. Francfort, visitant les musées et les bibliothèques, etc., traversant à pied, sac au dos, la fameuse forêt au Harz, s’arrêtant au passage pour travailler dans les principaux établissements d’horticulture ; un mois à Dresde, un mois à Berlin, un mois à Hambourg ; faisant au besoin tous les métiers : professeur de français dans une école de Berlitz, ou terrassier à la construction d’un canal à Francfort !
Il revient en France en 1904, pour son service militaire et fut versé, sur sa demande, au régiment du train des équipages à Oran. Après ses classes, il fut envoyé dans le sud oranais, circonscription que commandait alors Lyautey, et créa les jardins militaires d’Aïn Sefra comme brigadier jardinier.
Son service militaire terminé, il passa en Angleterre, et séjourna 6 mois dans un établissement d’Horticulture, à Cardiff, dans le pays de Galles.
II revient en France, en 1908, à Verrières-le-Buisson où il se marie, puis, comme son frère, entre chez Vilmorin, il fit un an dans les magasins de Reuilly puis fut versé au service des cultures au quai de la Mégisserie.
Envoyé au front en 1914, puis reformé, il revient à la Maison Vilmorin
Il s’occupe alors de l’inspection des cultures de graines, dans le sud de l’Italie et dans la région de Naples.
Il est nommé par Marc d’Estienne d’Orves, en 1920, inspecteur des cultures pour le midi de la France d’abord à Saint Rémy-de-Provence puis en 1927, à Avignon.
Il revient à Verrières en 1937, où il dirige la bibliothèque la plus complète de France, en ce qui concerne l’Agriculture et la génétique.
Parlant couramment cinq langues étrangères, il possédait en outre parfaitement le Provençal pour lire et aimer l’œuvre de Mistral.
Il venait de finir la correction du dictionnaire Vilmorin « plantes potagères», qui a eu tant de succès et avait collaboré au livre du Bon jardinier, avec son frère Auguste.
Il décède en 1947, dans le train qui l’amenait de Versailles à Massy-Palaiseau
La 75ème promotion, de 1949, de l’Ecole Nationale d’Horticulture de Versailles porte les noms des deux frères Auguste et Eugène MEUNISSIER.
Eugène Louis Meunissier (1884-1947)
Aperçu de ces publications :
La Revue Horticole :
Le Pois Chiche, novembre 1941, n° 2083
Les légumes dans l’Histoire, février 1942, n° 2086
Les Plantes dans la littérature , janvier 1943, n° 2095
Les Basilics, mars 1943, n° 2097
Les légumes dans le Folklore, juin 1943, n° 2100
Une plante oléifère peu connue chez Nous, septembre 1943, n° 2102
Les Piments, septembre 1943, n° 2102
Doit-on dire « Le » ou « La » ?, novembre 1943, n° 2104
Documentation sur le Gui, février 1944, n° 2107
Le Gombo, juillet 1946, n° 2131
Les Tomates, août 1946, n° 2132
Les plantes Condimentaires : L’estragon, octobre 1946, n° 2134
Les plantes dans le Folklore, octobre 1946, n° 2134
Nécrologie d’Eugène Meunissier, avril 1947, n° 2140
La revue La Nature :
Une herborisation dans Mireille, février 1933, n° 2898
Des noms Vernaculaires des Plantes, juin 1940, n° 3031
Fleurs Alimentaires, novembre 1946, n° 3124
Autres Publications :
Le Cantaloup de Vaucluse. De quelques idées sur la sélection des légumes. Des variations, juin 1920
Une Culture née de la guerre : L’Ognon de Charleval, le Petit Journal Agricole, juillet 1923, n° 1409
Jardins de France, janvier 1947, n° 1, p 24
Auguste-Alexandre Meunissier (1876-1947)
Chevalier de la Légion d’Honneur
Commandeur du Mérite Agricole
Le père des Blés en France
Chef du service des cultures expérimentales de la maison Vilmorin en 1921
Directeur Adjoint des Etablissements Vilmorin en 1939
Membre titulaire de la société d’Horticulture de France
Auguste a créé la Rose Noire
Aperçu de ces publications :
La Loi de Mendel et ses applications. 1910
Vie à la Campagne n° 208 du 1er octobre 1920. Jacques de Vilmorin et A. Meunissier
Les différentes variétés de Topinambour. 1922
Boutures de racines et chimères. Mai 1922. Journal de la Société Nationale d’Horticulture
Études sur l’origine des Plantes cultivées. D’après N. I. Vavilov. 1926
La Conférence Internationale du Blé. 1927
Un numéro « Cytologique » du Bulletin de Botanique appliquée de Leningrad. 1928
Le Congrès international d’Horticulture de Paris. 1932
Les Ancêtres sauvages des arbres fruitiers du Turkestan et du Caucase et le problème de L’origine des arbres fruitiers. 1932
Cours de génétique, professé par A. Meunissier à l’École nationale d’horticulture de Versailles, 1935-1936
La Revue Horticole :
La technique de l’Hybridation, juin 1946 n° 2130
Philatélie et Botanique, décembre 1946 n° 2136
Nécrologie d’Auguste Meunissier, mai 1947, n° 2141
Auguste DRUELLE (1843-1916) directeur établissements VILMORIN 1901 1910? ,je possède une photo réunion du personnel VILMORIN-ANDRIEUX 20 JUIN 1901 .
Le 01 fevrier 1910 était célébré le mariage de sa fille marie jeanne elisabeth DRUELLE (ma grand-mère) au château en présence de louise de VILMORIN.
Je n’ai pas de précision sur les dates ni sur sa fonction exacte …
Je n’ai rien trouvé sur Auguste DRUELLE à Verrières le Buisson chez les Vilmorin Andrieux
Date lieu de décès nous serait utile
La photo de juin 1901 nous intéresse.
Le mariage civil en 1910 a t’il eu lieu à la mairie de Verrières. Je vais faire des recherches.
Christian GAUTIER
Historique de Verrières