Surveillance phytosanitaire : des Avertissements agricoles aux Bulletins de santé du végétal
Jérôme Jullien
La surveillance biologique du territoire (SBT) dans le domaine végétal, au cœur des missions des services du Ministère chargé de l’Agriculture, est organisée depuis plusieurs décennies pour connaître la situation phytosanitaire, améliorer le raisonnement des méthodes de lutte contre les organismes nuisibles dit « de qualité » et détecter, à partir de plans de surveillance spécifiques, des organismes nuisibles émergents et/ou soumis à des mesures de lutte obligatoire. Plus récemment, et de façon complémentaire, la SBT s’oriente vers la détection et le suivi des effets non-intentionnels potentiellement liés aux pratiques agricoles. Ces évolutions, inscrites dans le Code rural et de la pêche maritime[1], répondent à la volonté de vérifier la pertinence, l’efficacité et l’impact des mesures de gestion des risques phytosanitaires mises en œuvre, vis-à-vis de la production végétale primaire, mais aussi de l’environnement. Elles font également écho aux attentes de la société civile.
Avant 2009 : l’épopée des Avertissements Agricoles
Durant le XXe siècle, les bulletins d’avertissements Agricoles ont accompagné plusieurs générations d’agriculteurs et de jardiniers dans la protection raisonnée des cultures. Ces publications techniques à diffusion périodique étaient acheminées par courrier postal, puis à partir des années 2000 par Internet auprès d’un lectorat abonné. Mais les Avertissements Agricoles étaient souvent repris par les conseillers agricoles et affichés dans les dépôts des coopératives agricoles. Les services régionaux de la protection des végétaux (SRPV) les ont rédigés en France de 1941 à 2008, d’abord au sein de circonscriptions phytosanitaires, puis à partir de 1985 sous l’égide des directions régionales de l’agriculture et de la forêt (DRAF). En 2009, les bulletins de santé du végétal (BSV) ont pris le relai à la suite du Grenelle de l’Environnement et de la création des services régionaux de l’alimentation (SRAL).
> Un bulletin d’Avertissements Agricoles - SDQPV (pdf)
> Un bulletin de santé du végétal - SDQPV (pdf)
Selon les instructions du Code Rural, les Avertissements Agricoles étaient également diffusés par les Groupements de défense contre les ennemis des cultures (GDEC), devenus par la suite les GDON (groupements de défense contre les organismes nuisibles), représentés au niveau départemental (FDGDON), régional (FREDON) et national (FNLON). Précisons également que le contexte politique agricole a beaucoup évolué en 70 ans, les Avertissements Agricoles s’inscrivant à partir de 1993 comme un outil de surveillance phytosanitaire à l’intérieur de l’Union européenne.
Les fléaux agricoles
Déjà au XIXe siècle, les ennemis des cultures voyageaient avec les plantes et les denrées végétales, même si l’internationalisation des marchés n’était pas aussi importante qu’aujourd’hui. Ces introductions de nouveaux parasites furent à l’origine de grandes contaminations et de pertes de récoltes considérables. Parmi les plus redoutables, citons le mildiou de la pomme de terre, cause de la terrible famine de 1840 en Irlande ; l’oïdium de la vigne en 1847 qui ne sera traité avec le soufre qu’à partir de 1850 ; le phylloxera de la vigne à partir de 1863, vaincu par une lente et coûteuse replantation du vignoble par greffage des vignes françaises sur des porte-greffes américains résistants au puceron à partir de 1880 ; le mildiou de la vigne en 1878 que l’on ne saura maîtriser qu’à partir de 1885 par les sels de cuivre (la formule et l’usage de la bouillie bordelaise sont mis au point par Alexis Millardet) et qui sera à l’origine de la première station d’Avertissements Agricoles en 1898 à Cadillac-en-Gironde. L’invasion phylloxérique fut également à l’origine de la première convention internationale pour le contrôle phytosanitaire des expéditions de végétaux, signée à Berne en 1878.
La modernisation de l’agriculture
Les Avertissements Agricoles ont accompagné l’agronomie moderne en organisant l’observation phytosanitaire et la protection des plantes. Les producteurs professionnels et les jardiniers sont ainsi progressivement passés d’une approche empirique, très localisée au niveau d’une parcelle ou d’une exploitation, à une information partagée, objective, généralisée à l’ensemble d’une petite région agricole ou d’un bassin de production, publiée sous le contrôle des services officiels de l’Etat. La diffusion de ces données phytosanitaires a également accompagné le développement des traitements chimiques de synthèse après la seconde guerre mondiale. Car jusqu’alors, la lutte contre les organismes nuisibles s’appuyait principalement sur des méthodes génétiques, culturales et mécaniques. Les variétés étaient le résultat d’une longue sélection locale issue des observations cumulées de générations successives d’agriculteurs, fondée sur leur adaptation aux conditions pédoclimatiques, ainsi que leur possibilité de résistance naturelle aux attaques parasitaires. Cette résistance s’exerçait plus ou moins selon les années, dans le cadre d’un écosystème en équilibre, parfois perturbé par des évènements météorologiques ou des variations de cycles climatiques.
La modernisation de l’agriculture d’après-guerre destinée à favoriser l’autosuffisance alimentaire, puis l’exportation des récoltes vers d’autres pays à partir des années 1970, ont utilisé des variétés plus productives, mais souvent plus sensibles aux aléas climatiques et aux bioagresseurs. En outre, la recherche génétique a permis de combattre efficacement certaines pathologies incurables comme des maladies à virus. Le manque de rusticité perceptible sur des lignées à haut rendement, allié à la fertilisation minérale, à l’irrigation, à la mécanisation, et à l’adoption de systèmes de culture plus productifs, notamment pour rembourser l’investissement en matériels, a certainement contribué à l’augmentation des risques phytosanitaires. Mais dans le même temps, l’organisation de l’épidémiosurveillance des cultures, le développement de la météorologie agricole et l’amélioration de la pulvérisation ont permis de mieux anticiper les risques phytosanitaires et d’améliorer l’efficience des traitements, avant d’évoluer à partir de 1990 vers la protection intégrée, valorisant les moyens de biocontrôle.
[1] Textes de loi :
• Epidémiosurveillance : art. L 201-1 du Code rural et de la pêche maritime, relatif à l’épidémiologie.
• Biovigilance : art. L251-1 et L251-2 du Code rural et de la pêche maritime, relatifs à l’organisation de la surveillance biologique du territoire
Le suivi malherbologique
Le seul domaine phytosanitaire qui ait peu bénéficié des Avertissements Agricoles fut la malherbologie et le désherbage. Cette maîtrise des adventices relevait davantage de stratégies basées sur l’expérimentation phytosanitaire que sur des observations biologiques réalisées au fil des semaines dans des parcelles de référence. Dans le cadre des bulletins de santé du végétal, une étude a débuté en 2012 sur la pertinence du suivi malherbologique pour le déclenchement des opérations de désherbage, notamment les méthodes alternatives aux traitements chimiques (désherbage mécanique ou thermique). Précisons que les molécules herbicides sont, depuis plus de 20 ans, les pesticides les plus impactants pour la qualité des masses d’eau, souterraines et superficielles. Les produits utilisés en grandes cultures sont majoritairement retrouvés, mais certaines substances utilisées en viticulture ou en zones non agricoles sont également préoccupantes. Cette surveillance de la flore indésirable concerne déjà des plantes envahissantes d’origine exotique (jussie, ambroisie à feuilles d’armoise, renouée du Japon, raisin d’Amérique…), dont certaines sont en voie de naturalisation.
Une organisation en réseau
Sur le plan technique, le point fort des Avertissements Agricoles était la contribution régulière d’observateurs très bien formés, appuyés en permanence par les SRPV. On trouvait déjà, comme actuellement dans le cadre des bulletins de santé du végétal, des conseillers de FREDON, chambres d’agriculture, coopératives et négociants agricoles, instituts techniques, mais également un nombre important d’agriculteurs, gestionnaires d’espaces verts et jardiniers, particulièrement dynamique et motivés. On pourrait même dire « passionnés » par la protection des cultures ! S’ajoutaient à ce réseau, les suivis biologiques effectués par les SRPV en station. Par exemple, l’émergence de la mouche du chou ou de la pyrale du maïs en cage d’élevage, la sporulation du piétin-verse du blé, du phoma du colza, du phomopsis du tournesol, de la tavelure du pommier ou du mildiou de la vigne sous microscope, l’arrivée des pucerons ailés à l’aide d’une tour à succion, le pouvoir virulifère des pucerons de l’orge ou des cicadelles du blé à l’appui d’analyses virologiques effectuées en laboratoire. Enfin, point très important, précisons que les SRPV bénéficiaient à cette époque d’unités de diagnostic phytosanitaire particulièrement bien connectées au terrain. Ces laboratoires permettaient d’approfondir les observations visuelles, détecter des parasites (y compris des émergents et des réglementés), définir le potentiel infectieux des maladies ou le risque de dissémination des ravageurs et valider la dynamique théorique des populations de bioagresseurs exprimée par les modèles épidémiologiques (il existe 26 modèles informatiques créés par le service de la protection des végétaux, transférés depuis 2010, sous convention avec le Ministère de l’agriculture, aux partenaires du nouveau réseau d’épidémiosurveillance dans le cadre du bulletin de santé du végétal). La structuration des réseaux de surveillance et de leur gouvernance (voir encadré) est mise en œuvre de façon progressive depuis 2009 dans le cadre de l’axe 5 du plan Ecophyto 2018[2]. Cette organisation permet d’obtenir des références harmonisées et coordonnées sur l’ensemble du territoire, en zones agricoles comme en zones non-agricoles (parcs, jardins, espaces verts, voies de communication). Elle vise à agréger ces références dans une base de données nationale disponible pour les administrations publiques gestionnaires des risques (risques phytosanitaires et risques liés à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques). Cette base de données reçoit dans un premier temps des données épidémiologiques saisies par les différents observateurs, issues de parcelles fixes pour les agriculteurs et jardiniers ou de parcelles flottantes pour les observateurs itinérants, comme les techniciens et conseillers agricoles.
L’organisation partenariale associe les différents acteurs et permet la mutualisation des données recueillies sur tout le territoire national. Le schéma d’organisation simplifié est le suivant :
- Le C.N.E., Comité national d’épidémiosurveillance, présidé par la Directrice Générale de l’Alimentation est constitué entre les représentants de l’Etat, des organisations professionnelles et de développement agricole, des représentants nationaux des opérateurs parties prenantes de la surveillance. Il définit la stratégie globale à mettre en œuvre, valide les schémas régionaux d’organisation du réseau, ainsi que les modalités d’accès aux données nationales concernant l’état sanitaire des végétaux. Il valide les besoins financiers exprimés par les régions.
- Le C.R.E., Comité régional d’épidémiosurveillance, est présidé par le Président de la Chambre régionale d'agriculture, associe les acteurs de la veille sanitaire (professionnels, Chambres départementales, instituts techniques, organismes de la distribution, groupement de défense contre les organismes nuisibles…). Il élabore le schéma régional, anime les réseaux, établit les conventions avec les contractants, choisit les animateurs des filières végétales de la région.
- Une charte de l’observation biologique dans le domaine végétal précise les aspects fonctionnels : archivage, accès aux données, besoins de formation des acteurs, documentation…
- Un animateur-filière, interlocuteur du comité régional dans le suivi des conventions et des partenariats, assure la responsabilité de la programmation, de la collecte et de la mise en forme des informations. Il est « chef de file » dans la rédaction du « bulletin de santé du végétal » dans son domaine de compétences (par exemple, animateur-filière en Productions horticoles).
- L’engagement des parties-prenantes dans le dispositif est formalisé par des conventions précisant l’organisation du dispositif et les obligations des partenaires (respect de protocoles d’observation harmonisés, implémentation de la base de données). Chaque partenaire dans chaque région s’engage par convention.
Les Directions régionales de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF)-SRAL supervisent les dispositifs régionaux par des missions de contrôle de second niveau. Dans son rôle de Commissaire du gouvernement auprès du comité régional, chaque DRAAF-SRAL veille à :
- l’adéquation du dispositif aux objectifs des politiques publiques ;
- la cohérence des décisions avec celles prises par le comité régional de suivi (CROS) du plan Ecophyto 2018 ;
- au respect des conventions et de la charte de l’observation biologique, au processus d’élaboration du Bulletin de santé du végétal, à la qualité des observations recueillies et des messages délivrés.
Une couverture des filières végétales toujours actuelle
On retrouve dans les éditions des bulletins de santé du végétal, la même diversité de filières végétales qui existait dans les Avertissements Agricoles, selon les spécificités régionales : grandes cultures, viticulture, arboriculture fruitière, cultures légumières, cultures ornementales (pépinières ligneuses, horticulture florale, plantes vertes, fleurs et feuillages coupés), productions spécialisées (riz, houblon, noix, plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires), zones non agricoles (jardins et espaces verts). Certains SRPV proposaient des éditions particulières en agriculture biologique (par exemple, les cultures légumières en région Centre) ou pour les jardins d’amateurs. Lors d’une campagne de promotion des Avertissements Agricoles au début des années 1990, on pouvait lire des slogans du type : « Un agriculteur averti en vaut deux », « Il vaut mieux prévenir que guérir », « Nous n’aimons pas les ravageurs… Les insectes utiles, eux, en raffolent » ou encore « Changer nos habitudes, c’est vaincre des résistances » (au regard de l’accoutumance de certains bioagresseurs à des molécules ou familles de produits et à l’érosion d’efficacité de certains traitements phytosanitaires). Après plus de 20 ans, ces petites phrases restent toujours d’actualité ! La préconisation de traitement : une différence entre les Avertissements Agricoles et les Bulletins de santé du végétal. La mission principale des Avertissements Agricoles était résumée en 1991 par la formule suivante : « Donner le bon conseil au bon moment », avec l’objectif de protéger les cultures aussi efficacement qu’économiquement, tout en assurant le maximum d’innocuité pour les végétaux cultivés et les espèces non cibles, notamment les animaux auxiliaires. Les informations épidémiologiques diffusées dans les Avertissements Agricoles étaient assorties de préconisation de lutte raisonnée d’après l’évaluation des risques parasitaires. Cette mission de vulgarisation et de conseil technique a été associée à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et à leur évolution au cours de la seconde moitié du XXe siècle : substances d’origine minérales ou végétales, produits chimiques simples, puis essor des produits chimiques de synthèse, molécules spécifiques ou peu polyvalentes, préparations biologiques, médiateurs chimiques (phéromones), auxiliaires (prédateurs, parasitoïdes, entomopathogènes, antagonistes de pathogènes), stimulateurs de défense naturelle (SDN). Les traitements raisonnés reposent encore de nos jours sur la connaissance des ennemis des cultures, dont l’observation et le suivi du développement orientent la protection selon des seuils d’intervention. En revanche, les Bulletins de santé du végétal ne préconisent aucun traitement. Ils indiquent régulièrement les niveaux de risque phytosanitaire et recommandent, le cas échéant, des mesures prophylactiques, culturales ou encore génétiques. D’ailleurs, à partir de 2013, des notes nationales BSV seront publiées sur les méthodes alternatives aux traitements, de façon à contrôler en amont le développement des bioagresseurs sans recourir aux pesticides. Selon la réglementation en vigueur, la recommandation écrite de traiter est réservée aux prescripteurs détenteurs d’un Certiphyto ou certificat individuel. Il existe donc désormais une séparation claire entre l’évaluation et la gestion des risques phytosanitaires à l’échelle individuelle, comme cela est déjà le cas au niveau national en France depuis 1998.
[2] Plan national de réduction d'utilisation des pesticides).
Des exigences au niveau européen
En application du Règlement (CE) n°1107/2009 relatif à la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, l’utilisation appropriée des produits phytopharmaceutiques inclut l’application des principes de bonnes pratiques phytosanitaires[3]. Il renvoie aux dispositions de la directive 2009/128/CE, et en particulier aux principes généraux de lutte intégrée contre les ennemis des cultures et à l’obligation, pour les Etats membres, de s’assurer notamment que les utilisateurs professionnels disposent de l’information et des outils de surveillance des ennemis des cultures et de prise de décision, ainsi que des services de conseil sur la lutte intégrée contre les organismes nuisibles.
Les Bulletins de Santé du Végétal
Les bulletins de santé du végétal (BSV) décrivent l’état sanitaire des cultures à travers une synthèse d’observations biologiques (comptages, notations, évolution des bioagresseurs et des auxiliaires) et à l’appui d’illustrations pour faciliter le diagnostic visuel sur le terrain. Quand les outils d’évaluation du risque existent (par exemple, modèles épidémiologiques, résultats de piégeage), des graphiques représentent les dynamiques observées. Les données épidémiologiques sont collectées et évaluées de façon collégiale entre les acteurs (comité de rédaction), puis synthétisées par un animateur-filière, tenant compte des stades phénologiques, des conditions météorologiques et des seuils de nuisibilité (quand ils existent). Elles sont ensuite diffusées sous la forme d’un bulletin de santé du végétal (BSV). Cette publication doit permettre aux producteurs, jardiniers et prescripteurs de prendre une décision appropriée aux principaux risques phytosanitaires. Elle donne une tendance à l’échelle d’une zone de production ou d’une culture de référence, qui fait ensuite l’objet d’une étude plus spécifique et localisée par chaque professionnel ou amateur au sein de son exploitation, parc ou jardin. Les informations phytosanitaires transmises dans les BSV sont régulières et objectives. Elles permettent de limiter les traitements aux parcelles réellement menacées par les maladies, ravageurs et plantes adventices, selon les moyens de régulation naturels observés ou ceux mis en œuvre par les cultivateurs. Les interventions préventives systématiques peuvent ainsi être évitées. Le BSV constituera l’un des piliers de la certification du Conseil agricole. Les grands principes du BSV sont : la mise à disposition gratuite de la publication sur les sites Internet des DRAAF*, ainsi que sur les sites Internet des structures partenaires (Chambres régionales d’agriculture, FREDON, Instituts techniques…), l’absence de préconisation de traitement, la mention de notes à caractère réglementaire ou relevant des bonnes pratiques phytosanitaires dans la version émise par l’administration centrale.
*Pour consulter le BSV, affichez la page d’accueil du site DRAAF de votre région, puis recherchez le numéro dans la filière qui vous intéresse, soit dans un encadré « Actualité », soit dans la rubrique « Santé végétale », sous-rubrique « Surveillance biologique du territoire ».
Des protocoles d’observation harmonisés au niveau national
Pour conduire l’épidémiosurveillance des cultures selon des modes opératoires harmonisés au niveau national, des protocoles d’observation, parfois compilés dans un guide méthodologique, sont remis aux animateurs-filières et aux observateurs. Ils permettent de détecter et de suivre les organismes nuisibles, ainsi que les auxiliaires biologiques, selon les critères présentés dans le tableau suivant. Pour tenir compte de la disponibilité et/ou de la technicité de chaque observateur, professionnel ou amateur, certaines lignes de protocole proposent un suivi de niveau d’observation simple (ou standard) et un second niveau d’observation approfondi (ou expert).
Tableau de bord d’un protocole d’observation phytosanitaire
Quoi observer ? | Organismes et stades de développement, symptômes, dégâts |
Quand observer ? | Périodes d’observation (mois de l’année, stade phénologique à adapter selon les régions...), fréquences d’observation (à moduler selon les saisons et la disponibilité des observateurs) |
Où observer ? | Objet à observer (plante entière, organe..); échantillonnage (à moduler…) |
Comment observer ? | Type d’observation (visuel, piégeage, élevage…), notation en mode présence/absence, mode opératoire, petit matériel nécessaire, type de données à collecter et à saisir (fréquence d’attaque en % de plantes atteintes dans une culture, gravité d’attaque en nombre moyen d’insecte par organe infesté par un ravageur, pourcentage moyen de surface foliaire infecté par une maladie ou taux d’enherbement pour évaluer l’abondance d’une plante adventice dans une culture), seuil de nuisibilité (esthétique, parasitaire…). |
Une meilleure couverture du territoire avec les BSV
Le dispositif actuel montre un changement d’échelle dans la surveillance biologique du territoire opérée en France, passant d’une situation régionale complétée par des préconisations précises, mais souvent non partagées entre les acteurs du conseil, à une situation toujours régionale mais organisée au niveau national, dont le but est la transparence et la véracité des informations recueillies, la détection et l’évaluation des risques ou des bénéfices respectivement liées à des organismes nuisibles ou utiles. Grâce à cette nouvelle organisation structurée et mutualisée, la publication des BSV est devenue un moyen de créer une émulation entre les différents acteurs des filières concernées. Les agriculteurs, les gestionnaires d’espaces verts et les jardiniers expriment d’ailleurs souvent la nécessité d’appréhender les risques phytosanitaires par une information régulière, les appelant à une veille ou à plus de vigilance sur tel ou tel organisme nuisible en progression sur le territoire. Le BSV remplit cette mission d’intérêt général. Les BSV s’attachent à donner des informations phytosanitaires précises et régulières sur des cultures et des lieux d’observation représentatifs des territoires. Ainsi, bien informés, les lecteurs ne sont pas tentés d’appliquer des traitements systématiques qui résultent souvent d’une logique d’assurance, lorsque le potentiel de développement parasitaire est mal connu.
- 185 éditions de bulletins de santé du végétal
- 13 320 parcelles d’observation
- 1 671 structures partenaires (1 612 en épidémiosurveillance + 59 en suivi des ENI[5])
- 3 920 observateurs (3 711 en épidémiosurveillance + 209 en suivi des ENI)
- 389 animateurs filières
Enfin, il n’est pas illusoire de penser que ce modèle d’épidémiosurveillance dans le domaine végétal, proposé à la réflexion de pays voisins ou de pays confrontés aux mêmes préoccupations phytosanitaires, puisse créer au niveau européen les conditions d’un partage de données en temps réel et contribuer à l’amélioration des conditions d’échanges de végétaux ou produits végétaux.
Bibliographie
Bain. C, Bernard J.-L., Fougeroux A., 2010. Histoire de la protection des cultures de 1850 à nos jours, éditions Champs Libre, 255 p.
Phytoma-La Défense des végétaux, numéro spécial cinquantenaire de la protection des végétaux, septembre 1991.
Avertissements Agricoles des services régionaux de la protection des végétaux, archives de 1985 à 2008.
Bulletins de santé du végétal régionaux, archives de 2009 à 2012.
[3] Pour être applicables par les professionnels, les bonnes pratiques phytosanitaires doivent être viables, au plan technico-économique, mais respectueuses de la santé publique et de l’environnement.
[4] Données DGAl-SDQPV 2012.
[5] Effets non intentionnels des pratiques phytosanitaires.
Retrouvez les guides phytosanitaires de Jérôme Jullien chez les éditeurs suivants :
www.eyrolles.com - www.sangdelaterre.fr - www.editions-ulmer.fr
janvier-février 2013