Substrat : faire le bon choix pour son jardin

Daniel Veschambre

Le terme de « substrat », malgré sa connotation technique « horticole », ne recouvre pas un matériau bien défini. Même si la première idée qui vient à l’esprit est celle d’un produit « organique », il existe aussi des substrats entièrement minéraux. Le tout est de bien le choisir en fonction de l’emploi envisagé. Des normes officielles existent.

Le développement de pratiques comme le compostage des déchets – ménagers ou industriels – ou le broyage des déchets verts, aboutit à une diversification très large des substrats. Or la destination d’un produit organique dépend étroitement de son état physico-chimique au moment de l’emploi. C’est ainsi que le bois raméal fragmenté (BRF) convient à un emploi en couverture du sol quand il est frais et non composté, mais certainement pas comme terreau de rempotage.

Le compost réalisé dans le jardin pourra servir d’amendement dans les plates-bandes ou lors de la plantation d’arbres et arbustes mais son emploi pur comme terreau de plantation ou de rempotage aboutit le plus souvent à de sérieuses déconvenues…

Le choix du substrat dépendra donc de l’emploi envisagé et de l’objectif visé. Le jardinier, s’il achète des « substrats », recherchera la référence à l’une des trois normes (NFU) existantes en France sur les produits organiques et s’abstiendra d’acheter tout produit qui ne fait référence à aucune des trois normes.

L’engrais organique, pour enrichir le sol

Un engrais organique (norme NFU 42001) est un produit fabriqué à partir de composés végétaux et/ou animaux, destiné avant tout à enrichir le sol en éléments fertilisants d’origine organique. Il doit en contenir une teneur minimum, à savoir plus de 3 % pour au moins un des trois éléments principaux azote (N), phosphates (P2O5) et potasse (K2O). Les produits azotés de synthèse (nitrates, urée…) sont exclus de cette catégorie d’engrais. Ceci rend ces engrais compatibles avec le cahier des charges AB.

Une variante relevant de la même norme NFU 42001 est constituée par les engrais organo-minéraux. Il y a adjonction d’engrais minéraux aux produits organiques avec la même règle de teneur de 3 % au moins (ou la somme des trois supérieure à 7 %) et en plus un minimum de 1 % d’azote.

L’amendement organique : à épandre et mélanger

Un amendement organique (norme NFU 44051) est un produit destiné à être épandu et mélangé au sol en aérant sa structure et en l’enrichissant le cas échéant en éléments fertilisants organiques. Les éléments azote (N), phosphates (P2O5) et potasse (K2O) doivent être exclusivement d’origine organique avec une teneur inférieure à 3 % pour chacun, la somme des trois ne devant pas dépasser 7 %. Un amendement organique doit être issu d’un compostage suffisant, ce qui se traduit par un rapport carbone sur azote C/N supérieur à 8.

Le compost familial, à partir de déchets de jardins, de feuilles mortes, d’épluchure de fruits et légumes rentre plus ou moins dans cette catégorie. Il sera souvent très acide s’il comporte une majorité de feuilles d’arbre (pH 3 à 5). On pourra y remédier en l’additionnant de 10 % en poids de cendre de bois provenant de foyer de cheminée ou d’insert. Le produit obtenu sera proche de la neutralité et enrichi en potasse, phosphates et chaux. ( Le site du Ctifl met à disposition sa base de données AZOPRO sur les engrais et amendement organiques. Il s’agit des données du Ctifl et non des fabricants. Accès gratuit après inscription.)

Parmi les substrats, le « support de culture », comme le terreau pour rempotage, est un matériau prêt à l’emploi – © J.-F. Coffin

Le support de culture : le prêt à l’emploi

Un support de culture (norme NFU 44551) est destiné à être utilisé en l’état comme milieu de culture : rempotage, plantation en potée, jardinière, etc.

L’usage précis doit être indiqué sur l’emballage : il s’agit du meilleur repère pour le jardinier. La lecture du marquage permettra de comparer les produits. La norme distingue près de trente dénominations selon l’usage. Ils sont répartis en deux classes :

• Classe 1 : supports de culture minéraux et de synthèse minérale et organique.

• Classe 2 : supports de culture avec matières organiques végétales prépondérantes.

Ces produits peuvent être enrichis ou non en éléments fertilisants. Si c’est le cas, la teneur en azote (N), phosphates (P2O5) et potasse (K2O) doit être inférieure respectivement à 2,5 ; 2 ; 2,5 exprimée en pourcentage en masse de produit sec. De même, la somme des éléments totaux (N + P2O5 + K2O) doit être inférieure à 5 % en masse de produit sec. Ces valeurs doivent être marquées sur l’emballage.

Une 3e classe regroupe tous les supports de culture avec additifs particuliers (substance humique, préparation microbienne, stimulateur de croissance et/ou de développement des plantes), dont l’utilité reste à l’appréciation du jardinier en fonction notamment de leur surcoût.

Des composants variés

Les deux composants organiques principaux utilisés en mélange sont la tourbe blonde à sphaigne et la tourbe noire.

D’autres composants peuvent être utilisés en complément :

• Écorce de pin broyée (chimiquement inerte à condition d’être compostée pour éliminer les composés aromatiques toxiques pour les plantes).

• Broyat de feuillus compostés contenant des éléments nutritifs minéraux et organiques libérés par le compostage

• Produits minéraux naturels ou de synthèse : sable, argile expansée, pouzzolane, perlite, fibres…

Pour aller plus loin : Terreaux, des normes pour bien choisir

LE CASSE-TÊTE DU MARQUAGE…

La norme française précise les informations obligatoires à indiquer sur le marquage sur les emballages –
© J.-F. Coffin

Il existe une norme française pour le marquage sur les emballages. Il doit indiquer :

• La nature des constituants par ordre décroissant en volume

• Le pourcentage de matière sèche

• Le pourcentage de matière organique en % de matière sèche

• La conductivité

• La capacité de rétention pour l’eau

• L’acidité (pH sur extrait à l’eau)

• Le volume en litre

Pas d’harmonie européenne

La non-harmonisation européenne de la réglementation conduit à une liste impressionnante sur les emballages des produits vendus dans plusieurs pays de l’UE. À l’acheteur de s’y retrouver ! Mais avec un peu de patience, il aura de nombreuses informations. Entre le marquage minimaliste anglais (il n’y a quasiment rien sur la composition) et le marquage allemand très complet, notamment sur la composition chimique (indication de la teneur en magnésie et en sulfate), le marquage français donne le minimum.

À remarquer :

• la valeur du pH différente entre la France et l’Allemagne en raison d’une méthode de mesure différente,

• l’expression de la salinité aussi différente (plus parlante en g de sel par litre que la conductivité en mS/m).

Surveiller l’azote et les phosphates

L’azote et les phosphates sont des éléments à surveiller lors du choix d’un produit organique ! Les excès d’azote, apporté ou issu de la minéralisation de la matière organique, ne seront pas utilisés par les plantes. Cet azote non consommé sera en partie volatilisé (pollution atmosphérique sous forme d’oxydes d’azote) le reste étant lessivé vers la nappe (sous forme de nitrates). L’azote organique peut donc lui aussi polluer, ce qui est peu connu. Quel que soit le produit organique, on favorisera donc ceux riches en potasse et moins dosés en azote, qui correspondent le plus souvent aux besoins des plantes de nos jardins. Les sols horticoles ont tendance au fil des années à accumuler les phosphates qui ne sont pas lessivés. Après quelques années de culture on pourra réduire l’emploi de produits organique contenant des phosphates.