Semences : Les jardiniers sont responsables
Choisir ses semences, c’est prendre une option importante pour la récolte à venir. Quelle espèce vais-je placer à cet endroit de mon jardin ? Quelle variété choisir en fonction de mes goûts, des maladies, de l’époque à laquelle je vais récolter ? Et surtout, quelle confiance puis-je avoir dans la qualité de ces semences ? Faisons le point.
Pour les semences et plants achetés, que demander ?
Sur un sachet de graines potagères acheté, on trouve des indications obligatoires et réglementaires :
• La marque (qui est celle du responsable de la qualité) ;
• Le nom de l’espèce et de la variété ;
• Le numéro du lot de semences, avec la mention « Règles et normes CE, semences standard ». Cela signifie que la germination est contrôlée périodiquement au laboratoire sur un échantillon de référence du lot jusqu’à la date limite de vente ;
• Le poids net.
On y trouve aussi des conseils de culture, de récolte et toute indication susceptible d’aider le jardinier dans ses choix.
Un conseil : bien noter l’emplacement de semis et garder le sachet jusqu’à la récolte. Cela aidera dans le suivi du jardin.
Comment ces graines sont-elles produites ? De la graine à la semence
Les graines, selon les espèces, présentent des caractéristiques différentes de longueur, largeur, épaisseur, poids, volume, rugosité… C’est la connaissance de ces différences que le responsable d’une station de semences utilise pour produire des semences de qualité.
Ces graines sont tout d’abord produites dans le champ d’un agriculteur-multiplicateur spécialisé qui a vérifié les distances d’isolement (pour éviter les pollinisations inopportunes) et protégé sa culture porte-graines. Il obtient une récolte brute.
Dans la station, la récolte brute de l’agriculteur passe successivement dans les différents appareils de triage : pré-nettoyeur, nettoyeur-séparateur, trieur alvéolaire et calibreur. Cela permet d’éliminer quasiment tous les déchets, impuretés, graines d’adventices et graines étrangères. La table densimétrique et le trieur optique finalisent le triage du lot et éliminent les graines malades.
Après les différentes opérations de triage, le laboratoire qualité de la station de semences réalise différentes analyses pour s’assurer que les semences répondent aux exigences européennes. Le laboratoire vérifie ainsi que le lot de semences répond aux normes officielles de germination pour garantir aux jardiniers des semences de qualité.
Enfin, la semence (devenue « semence standard-règles et norme CE ») est conditionnée dans un sachet protecteur et porteur de toutes les mentions utiles. À tous les niveaux, on trouve des hommes et des femmes spécialistes. C’est tout ce travail passionné qui permet la qualité des sachets de semences qu’achète le jardinier.
Et pour les semences et plants échangés ?
Pour les semences et plants échangés, la loi a récemment changé. Depuis le 10 juin 2020, l’échange de semences et de plants de variétés du domaine public est possible entre jardiniers, même à titre onéreux (voir encadré Nouvelle Loi). Cet échange concerne uniquement des variétés non protégées. La multiplication de variétés protégées est interdite. Le fournisseur est toujours responsable du respect des règles sanitaires.
Dans ces conditions, que peut attendre de son fournisseur
le jardinier en tant « qu’utilisateur final non professionnel » comme dit la loi (voir encadré Nouvelle Loi) ? Comme pour les semences achetées, le jardinier peut demander toutes les caractéristiques souhaitées : mode d’obtention des semences, espèce, variété ou type variétal, mode de culture… et, bien entendu, poids et prix.
Le fournisseur apportera toutes les précisions qu’il pourra donner, à une condition, mais qui est essentielle : ces précisions doivent être exactes, sinon, il encourt le risque d’être accusé de tromperie. Et cela peut très mal se terminer pour lui, s’il est poursuivi devant un tribunal (voir encadré La Tromperie). Celui qui, en tant que fournisseur, souhaite faire profiter un voisin ou un ami des semences de sa propre production, reste donc totalement responsable de la bonne qualité de ce produit. Il lui revient d’être très soigneux dans la récolte et le séchage, d’éliminer les graines malades et de transmettre les bonnes informations.
Depuis 10 000 ans, les hommes choisissent des plantes faciles à cultiver et à récolter, mais aussi des fruits et légumes beaux et sains. Progressivement, des espèces intéressantes ont été adaptées à nos climats. On oublie souvent que le melon est originaire d’Afrique, le concombre et l’aubergine d’Inde ou encore la tomate et le haricot du continent américain, sans oublier la pomme de terre, consommée depuis 8 000 ans en Amérique du Sud, mais autorisée seulement en France… en 1772 par l’Académie de Médecine ! Toutes ces espèces et variétés ont fait l’objet de sélection – n’oublions pas que les anciennes variétés furent un jour « nouvelles » – et elles continuent d’être améliorées sans cesse.
Les potagers bénéficient de cette longue histoire d’amélioration qui a enrichi la biodiversité des plantes cultivées. Allier anciennes et nouvelles variétés constitue donc un atout pour le jardinier. Les nouvelles dispositions législatives devraient augmenter encore la biodiversité dans les jardins.
Jean Wohrer
Ingénieur agronome, ex-Interprofession semences