Sélection des nouveautés pour nos jardins : Le point de vue de Sapho
Depuis bientôt cinquante ans, Sapho est au cœur de la filière végétale, en tant qu’éditeur d’innovations variétales. Son catalogue comprend aujourd’hui près de 300 variétés d’arbres, arbustes, grimpantes, vivaces. Autant de ressources supplémentaires pour les palettes végétales des jardiniers. Et le travail de sélection continue ! L’équipe Sapho aime à dire que ce sont des « plantes de bonne nature » mais concrètement, quels sont les objectifs et les critères qui entrent dans le processus de sélection de ces nouveautés ?
En préambule, rappelons que le rythme du végétal est maître du jeu. Sélection, constitution d’un stock de pieds mères, multiplication, croissance… chaque étape prend des années. Il est donc inutile et risqué de chercher l’effet de mode ! Une vision stratégique est indispensable.
Une autre règle fondamentale est que, même lorsqu’un axe de recherche prioritaire est choisi, la grille de sélection reste toujours multicritère. Ainsi, une plante superbement florifère mais sujette aux maladies ou trop difficile à cultiver ne peut être retenue.
La notion de « plantes de bonne nature » se traduit par des plantes aux qualités ornementales et esthétiques indéniables, attrayantes, généreuses, qui apportent une originalité par rapport aux gammes existantes, mais aussi des plantes résistantes, faciles de culture et d’entretien, adaptées aux exigences agronomiques et aux nouveaux usages.
Un besoin de nouveautés
Sélectionner de nouvelles variétés ornementales permet d’élargir la palette végétale. Dans les gammes des pépiniéristes, les rayons de jardinerie, le jardin individuel ou le paysage collectif, nous avons tous besoin de nouveauté, de diversité. Le végétal c’est la vie ! Non à la monotonie !
Étonner, émerveiller, renouveler l’intérêt au fil des saisons reste un objectif fondamental et un plaisir, tant pour le jardinier que pour le paysagiste ou le créateur de variétés. Les critères peuvent être l’originalité de la floraison, du feuillage, de la couleur, de la forme, avec l’idée de nouveaux usages.
Une plante saine, peu sensible aux maladies, est évidemment un critère permanent de sélection. Lorsque l’enjeu est important, qu’une maladie est critique pour la pérennité du genre, un programme spécifique de recherche peut être mis en œuvre.
Cela a été le cas pour la gamme des Pyracantha Saphyr® résistant au feu bactérien. De même, grâce aux sélections résistantes à la graphiose (trente ans de recherche Inrae Nancy, Ulmus Lutece® ‘Nanguen’ et Ulmus minor Vada® ‘Wanoux’), les ormes reviennent dans les paysages.
Dans l’attente de variétés résistantes, il est également intéressant de travailler sur des espèces de substitution dans l’usage. Ainsi, dans les climats tempérés, les sélections de Pittosporum tenuifolium (‘Irish Luck’, ‘Golf Ball’, ‘Golden Ball’) peuvent remplacer le buis. La nouvelle gamme des Lonicera Garden Clouds est également promise à un grand avenir pour les bordures, topiaires et petites haies.
Des jardins plus petits
En cinquante ans, nous avons vu les jardins des particuliers devenir toujours plus petits, jusqu’à se restreindre, parfois, à un espace balcon-terrasse.
Inversement, les villes vertes « cultivent les interstices ». Le végétal sort des grands parcs et jardins pour s’installer dans chaque passage ou coin de rue.
La compacité des plantes est donc un critère majeur, tout comme leur capacité à supporter une culture en pot ou en bac.
Parallèlement à cette évolution urbaine, les nouveaux jardiniers ont perdu les connaissances des générations passées. Ils ont envie de profiter de leur jardin mais pas toujours d’y travailler. Les services espaces verts des collectivités ont des surfaces plus grandes et des équipes restreintes. En production, les coûts doivent être limités pour être compétitifs.
Voici autant d’arguments en faveur de plantes faciles de culture et d’entretien. Mais il faut aller jusqu’au meilleur, c’est-à-dire des plantes idéales à la fois faciles, conciliantes, adaptables et généreuses : par exemple des variétés à la floraison particulièrement abondante, de longue durée, ne demandant pas de soins importants, des plantes qui s’adaptent à des sols, à des climats différents et qui supportent d’être un peu oubliées.
Les clématites Saphyra® ont typiquement été sélectionnées dans cet objectif: développement très compact (1,5 à 2 mètres), pour un usage en potée balcon-terrasse ou en couvre-sol, sans entretien, extrêmement florifères, résistant à la pollution, au froid, à la pluie, au sec, aux maladies.
Un nouveau défi: le changement climatique
Souvent associé au besoin de résistance à la chaleur et à la sécheresse, il ne faut pas oublier les autres risques qu’apporte le changement climatique : vagues de froid, gel de printemps, inondations. Ainsi, la nouvelle gamme de lavandes Magica Posy a été sélectionnée pour ses qualités : compacte, très florifère, très remontante et aussi résistante à un excès d’eau momentané. Pour certaines espèces, la recherche s’oriente vers des variétés moins précoces ou des variétés remontantes, capables de faire des fleurs sur le bois de l’année, même si le bourgeon à fleurs a subi le gel de printemps. Enfin, le champ de l’horticulture ornementale s’élargit. Peut-être parlerons-nous bientôt d’horticulture environnementale, comme suggéré lors d’échanges à l’IHC2022 (International Horticultural Congress). En effet, depuis quelques années, de nouvelles « compétences » sont reconnues au végétal: îlots de fraîcheur, accueil de biodiversité, plantes de services, etc. Ces services écosystémiques deviennent potentiellement de nouveaux critères de sélection. Se pose alors la question de leur évaluation. Les collaborations avec la recherche seront aussi, dans ce domaine, particulièrement utiles.
Valérie Lebourgeois
Chargée de communication Sapho