Édito : Le retour d’Élisabeth et de sa famille à la SNHF
Jean-Pierre d’Estienne d’Orves
Il est heureux que le maire de cette commune de l’Essonne ait pris l’initiative d’organiser, tout au long de 2015, une série de manifestations marquant ce bicentenaire. En effet, Verrières fut, jusqu’à la fin des années soixante, une référence mondiale en sélection végétale et en production de semences. À cette occasion, la Société Nationale d’Horticulture de France, en partenariat avec l’Académie d’Agriculture de France, a tenu à donner un retentissement national à la contribution apportée par Philippe-Victoire de Vilmorin et sa descendance à l’amélioration des végétaux en organisant ensemble le 10 décembre prochain à la SNHF un colloque scientifique au titre évocateur : « Les Vilmorin, des graines et des hommes ».
En prologue à cette initiative, une exposition accueillera à la SNHF, début décembre, des objets et documents rares ou inédits concernant la famille Vilmorin.
Mais, entre moissons et vendanges, voici ce numéro spécial de Jardins de France, qui est aussi un hommage rendu aux nombreuses contributions signées Vilmorin parues dans diverses publications françaises et internationales entre 1780 et 1998. Anciens de chez Vilmorin, chercheurs ou enseignants, jeunes généticiens ou universitaires à la fibre végétale, tous se retrouveront dans cette édition qui pourrait bien devenir un collector pour tout ami des plantes et de la biodiversité.
Biodiversité, ce mot aujourd’hui banal, était inconnu il y a un siècle. Pourtant, il suffisait, dès les années 1860, de regarder dans les Album Vilmorin, les planches d’Élisa Champin ou d’ouvrir un catalogue de la Maison Vilmorin-Andrieux et Cie, pour la découvrir, que l’on fût cultivateur, arboriculteur, horticulteur ou sylviculteur. Ce fut le sillon tracé par sept générations. L’attention fut même portée aux abeilles, comme en témoigne le rucher créé au domaine des Barres par Philippe-André, dans les années 1830, pour améliorer la fécondation des plantes fourragères.
Dès 1812, la sélection végétale accompagnera l’industrie agricole et alimentaire, contribuant ainsi à ce que la France en devienne le leader européen.
Ceci mérite d’être rappelé lorsqu’aujourd’hui, dans notre pays, certaines biotechnologies végétales sont parfois contestées, des parcelles d’essais sont détruites, contraignant des entreprises à la délocalisation de stations expérimentales.
Depuis les années soixante, la prééminence de Vilmorin, le monde, l’agriculture et le secteur des semences ont bien changé. Deux guerres mondiales ont fait émerger d’autres puissances agricoles et de nouveaux semenciers. Vilmorin Andrieux et Cie, alors véritable multinationale française, n’est plus une affaire familiale. Le décès prématuré des chefs de file de trois générations, Louis, Henry et Philippe de Vilmorin, puis Marc d’Estienne d’Orves, furent autant d’épreuves pour la société. Mais le nom, aujourd’hui le drapeau du 4ème semencier mondial, reste présent.
Après la vente de l’entreprise, certains creusèrent un autre sillon : formée au moule familial, la dernière génération, en quittant la grande maison de graines, apportera une contribution décisive à des domaines nouveaux comme la végétalisation des autoroutes, le développement des parcs nationaux ou l’éducation à l’environnement.
Ainsi, le décor végétal de l’Autoroute de l’Arbre, entre Seine-et-Marne et Nièvre, a été réalisé par Edmond de Vilmorin, en collaboration avec Les Barres. Son cousin Jean-Baptiste, l’un des créateurs de la Fondation pour l’éducation à l’environnement, est le père du premier écolabel mondial, le Pavillon Bleu, adopté par 40 pays, présent sur 4 000 plages et ports de plaisance.
Ce contexte familial m’a amené à m’intéresser à la protection de la nature, à l’agriculture et à l’alimentation, la faim des uns et l’obésité des autres restant deux défis de notre époque. J’ai découvert l’écologie des plantes, entre Digne et Serre-Ponçon, avec la Société Botanique de France ou en Corse, en accompagnant Roger de Vilmorin, sur le Monte d’Oro cet été 1969, au moment même où, loin au-dessus de ce beau sommet encore enneigé, l’homme se posait sur la Lune. « Tu portes le sac et moi la bonne parole » m’avait dit mon oncle avec son humour bien connu, après notre bivouac à deux dans une cabane de berger.
Facteur déclenchant de ces initiatives de la SNHF, la mémoire d’une certaine Élisabeth de Vilmorin, épouse de mon grand-père, Marc d’Estienne d’Orves, et le legs à la SNHF de son portrait par ma cousine. Élisabeth a retrouvé une demeure très naturelle à la Société qui la reçut Dame patronnesse en 1906.
J’adresse, à la SNHF, au nom de ma famille et en mon nom propre, mes plus chaleureux et horticoles remerciements pour cet hommage multiforme à l’horticulture française.
Bonjour Jardins de France,
Comment acheter le n° 637 (non trouvé en librairie) ?
cordialement
C.ROHMAN
Bonjour Monsieur RHOMAN,
Le numéro 637 de Jardins de France fait l’objet d’une impression sur papier : Hors-série Jardins de France « Autour des Vilmorin » intégralement dédié à cette famille incontournable de l’histoire horticole française. La revue est disponible sur la boutique en ligne de la SNHF : http://www.snhf.org/component/virtuemart/?page=shop.product_details&flypage=flypage.tpl&product_id=251&category_id=20
Cordialement,
Chantal