Quiers-sur-Bezonde : au pays des rosiers
Agnès Guillaumin
Pour l’amateur de roses, le nom de Quiers-sur-Bezonde est sans doute moins connu que celui de Bellegarde, sa voisine. Cette commune du Gâtinais compte pourtant une plus grande surface de culture de rosiers et affiche avec fierté les « 4 fleurs », gagnées en 2001 au concours national de fleurissement, une récompense bien méritée. Visite avec Patrice Pilté, petit-fils de rosiéristes, rosiériste lui-même et adjoint au maire de Quiers…
Nichée entre Beauce et Sologne, au cœur du Gâtinais, la petite commune de Quiers-sur-Bezonde a su préserver une vie de village : la rivière, l’école, la mairie et l’église font partie du cadre de vie, agréable, vert et fleuri. Dès le printemps, Quiers constitue aussi un lieu de villégiature pour les pêcheurs, les visiteurs d’un jour et les amateurs de plantes. Pourtant, rien n’était écrit au départ.
Fleurissement, de nouvelles inspirations
Pour Jacques Pavard, qui a consacré une grande partie de sa carrière aux espaces verts de Quiers, « le plus formidable était de partir de rien pour arriver aux 4 fleurs ». Sa recette se résume à trois ingrédients principaux que sont la volonté des élus, le financement et la motivation des personnels. « Il y a trente ans, raconte Patrice Pilté, le fleurissement consistait à planter en alternance des prunus et des cerisiers à fleurs et à planter à leur pied, des œillets d’Inde et des sauges ». « Il n’y avait que du jaune et du rouge dans les massifs », confirme Jacques Pavard. Ensuite ont été créés des massifs avec une profusion de fleurs plantées à touche-touche. « On s’est mis à donner du volume aux massifs. Je me souviens par exemple que j’ai été un grand initiateur des gauras », raconte Jacques Pavard. « Aujourd’hui, les gens veulent aussi autre chose », ajoute Patrice Pilté. « Il y a des modes. Les arbres, les arbustes, les vivaces sont mieux valorisés. Nous avons d’ailleurs planté plus de 3000 rosiers sur la commune dont le rosier ‘Prestige de Bellegarde’, une création d’André Eve, un rosier à fleurs rouges, résistant et très remontant ».
Fleurir et soigner
Au cours des années, les techniques d’entretien ont évolué. « Nous n’utilisons plus de traitements, ni sur les rosiers, ni sur le gazon », explique P. Pilté. « Nous pratiquons des arrosages mesurés, souvent en goutte à goutte et nous avons adopté le paillage. Le seul problème pour lequel nous n’avons pas trouvé d’alternative satisfaisante est le désherbage des cimetières ». Pour le fleurissement, la commune ne produit plus elle-même ses plants mais se fournit auprès des entreprises locales. Chaque année, des variétés récentes et nouvelles sont testées dans les massifs du village et des alentours.
Des animations fédératrices
À Quiers-sur-Bezonde, commune de 1 150 habitants, l’environnement et le fleurissement sont aussi le prétexte à de nombreuses animations. Outre sa participation au concours national de fleurissement, la commune organise le concours des maisons fleuries et, depuis 2001, un rallye botanique pédestre sur 7 km. Il se tient cette année le 13 mai. Un autre temps fort est le salon Nature et Cité, organisé en partenariat avec la commune et des sponsors. Ce salon professionnel dédié aux petites communes et aux petites entreprises de paysage a lieu désormais tous les deux ans.
Les aménagements et les projets
Près de l’ancienne gare, Quiers s’est dotée d’un parcours de bi-cross végétalisé ouvert aux adhérents. Cette année aussi, l’aménagement de la Bezonde au centre du village est entré dans sa phase finale. Ce projet a consisté à retrouver les méandres de la rivière, à végétaliser les berges et à recréer une zone humide plantée et aménagée d’un cheminement sur pilotis. Des plantes aquatiques (hydrophytes) et semi-aquatiques (hélophytes) sont installées par piquetage sur les chenaux et les mares. Les « terrasses » de la zone humide sont ensemencées avec des espèces de prairies humides. Le lavoir a été refait et un hôtel à insectes a été aménagé. Des panneaux pédagogiques réalisés par les enfants de l’école vont être installés. Enfin, la commune vient d’acquérir 1,6 km de l’ancienne voie ferrée et souhaite aménager ce cheminement en coulée verte avec piste cyclable et promenade…
« Tout est parti de mon grand-père, explique Patrice Pilté. Il récoltait des pieds d’églantiers alors très abondants dans la nature environnante et il les expédiait à Orléans où ils étaient greffés pour donner des rosiers tiges. Il s’est bien vite aperçu qu’il était possible de greffer lui-même et de cultiver les rosiers à Quiers ». Dans les années 50, plus de 50 000 rosiers tiges sont alors produits ici chaque année. Dans les années 60, avec la mode des résidences secondaires et l’arrivée des « parisiens », un nouveau marché s’ouvre et les rosiéristes se diversifient en pépiniéristes. Aujourd’hui, la communauté de communes regroupe toujours une dizaine d’entreprises horticoles. Beaucoup d’entre elles, comme l’entreprise France Pilté se sont recentrées sur la production de rosiers et sont regroupées au sein du Groupement des Rosiers de Bellegarde.