Quand l’arbre devient une composante de l’urbanisme
Frédéric Segur
La France est un des pays au monde où la tradition des plantations d’ornement et la plus ancienne et où l’art du jardin a été le plus théorisé et codifié. Pourtant, l’urbanisme de la seconde moitié du XXème siècle n’a attribué qu’un rôle secondaire et accessoire aux questions de paysage et d’environnement dans le développement des villes. Or, depuis quelques années, la redécouverte des fonctions, des services et même des bénéfices que l’on peut attendre du végétal dans la cité permet d’espérer une réconciliation historique entre ville et nature.
Berges du Rhône à Lyon : nouvelle promenade urbaine - © F. Segur
L’arbre, figure symbolique et emblématique du retour de la nature dans l’environnement urbain, est-il en passe de redevenir une composante à part entière de l’urbanisme ? Les villes, où vivent aujourd’hui près de 80 % des français, seront-elles demain plus vivables et durables grâce à la présence accrue de la nature ?
L’arbre prend place dans le développement des villes
A partir de la renaissance, et surtout dès le début du XVIIème siècle, l’arbre devient à la fois un élément stratégique des politiques publiques dans un pays fortement défriché mais également un objet d’agrément. Les ordonnances de Sully sont ainsi à l’origine de la tradition de planter des arbres le long des routes et des chemins de France, pour augmenter la production de bois d’œuvre mais également pour ombrager les voyageurs. Alors que la ville médiévale est concentrée sur de faibles surfaces derrière ses remparts, laissant peu de place à la nature, l’extension des villes de la Renaissance au-delà des fortifications se fait autour de ces chemins arborés et l’arbre d’alignement rentre ainsi progressivement dans la culture urbaine. Néanmoins, l’essentiel des plantations d’ornement concerne à cette époque l’embellissement des propriétés aristocratiques, reste en majorité réservé à l’élite et est généralement localisé en dehors des villes.