Préparer le jardin à la lutte biologique « Mieux vaut prévenir que guérir »
Alice Piacibello , Jean-Marc Muller
La lutte biologique est définie comme l’ensemble des méthodes de protection des végétaux par l’utilisation de mécanismes naturels. Dès janvier 2019, seuls les produits utilisables en Agriculture Biologique, les substances de base et les produits de biocontrôle resteront autorisés dans les jardins amateurs.
Le principe de cette lutte est fondé sur la gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que sur leur éradication.
Le biocontrôle est l’une de ces approches. Il repose sur la gestion des organismes nuisibles par les macro-organismes, les micro-organismes, les substances naturelles et les médiateurs chimiques. La préparation de son jardin à la lutte biologique repose sur la mise en place de bonnes pratiques culturales. Les produits autorisés seront d’autant plus efficaces que ces pratiques auront été mises en application.
Un sol à gérer
Préparer soigneusement son sol est l’opération de jardinage la plus importante de toute, surtout au potager. La réussite des semis et des plantations en découlera. Pratiquer une aération profonde du sol (20-30 cm) sans retournement. Cette aération va relancer l’activité des micro-organismes, rendant assimilables par les plantes les éléments nutritifs du sol.
L’amendement de la terre est aussi capital car la vie microbienne, diminuée ou réduite, rend le sol pauvre en humus et en minéraux, ce qui fragilise les végétaux qui risquent d’être carencés, ou de perdre partiellement leurs capacités de défenses.
Travailler la terre en fonction de sa structure
Les plantes et les éléments vivants du sol ont besoin d’une terre bien travaillée pour favoriser l’échange air/eau. Il est indispensable de bien connaître la nature de son terrain pour réagir au bon moment. Un sol lourd se compacte facilement (il colle en cas de pluie), léger il se délite. Intervenir en début de printemps pour un sol léger. Une terre argileuse peut se travailler l’hiver. Ne pas intervenir un sol trop sec ou trop mouillé. Dans tous les cas, améliorer la texture en y apportant des matiéres organiques.
Un sol couvert
Le paillage a de nombreux intérêts dont celui de limiter l’évaporation. Le sol restera frais en été et en hiver et sera protégé des pluies battantes et du vent. Il permet une meilleure régulation de la température du sol en atténuant les écarts jour/nuit. Il constitue un abri pour les auxiliaires et favorise la vie du sol. Il limite le développement des herbes indésirables et réduit donc le désherbage manuel. Il améliore la structure du sol en se décomposant et favorise un meilleur enracinement des plantes. Il est préférable de faire des apports de paillage au fur et à mesure du développement de la végétation afin de ne pas étouffer les jeunes plants. Le sol doit être désherbé, réchauffé et avoir fait son stock d’eau.
Arroser avec précaution
L’arrosage doit se faire doucement et au pied des plantes car l’humidité sur le feuillage est un facteur de maladies comme l’oïdium ou le mildiou. En plein soleil, il y a un risque de brûlure (les fines gouttelettes sur les feuilles font loupe). Ne pas diriger le jet vers la base de la plante, au risque de « décaper » le sol sans que l’eau pénètre.
Semer au bon moment
Lorsque les jours s’allongent, rester prudent avant d’intervenir pour les travaux de préparation du sol. Pour lui permettre de se réchauffer, commencez par ôter les protections (carton, paillage divers, tapis, feuilles…) que vous aviez disposées en couverture pendant l’hiver.
Quel que soit votre type de sol, ne jamais intervenir en période de dégel. Piétiner ou travailler un sol trop humide occasionnera des tassements, les outils laisseront des agglomérations de mottes de terre qui ne se résorberont plus de la saison. Assurez-vous de l’absence de trace d’eau en superficie.
Si la terre colle aux outils, encore un peu de patience. Aucune germination n’est possible à moins de 6°c (température du sol).
Bien choisir les plantes
Les plantes, au jardin ornemental ou au potager, seront choisies en fonction des goûts mais aussi selon les caractéristiques du milieu. En choisissant des plantes bien adaptées à la région et aux conditions climatiques, le développement sera favorisé.
Certaines plantes et semences présentent des résistances aux pathogènes ou au climat. Il est nécessaire d’observer et de connaître les maladies ou ravageurs fréquents dans sa région pour pouvoir bien choisir. Le bon choix variétal et une plante placée au bon endroit seront synonymes d’un végétal en bonne santé.
Le choix de la variété du gazon se fera aussi en fonction de l’utilisation future de la pelouse.
La biodiversité au jardin
Utiliser des espèces végétales très diverses sera d’une grande aide pour le jardinier. Il est important de le prendre en compte lors de l’achat de nouvelles plantes, pour favoriser les insectes utiles. Certains auxiliaires se développeront mieux sur certains végétaux. De plus, en cas d’attaque d’une plante, la présence d’autres espèces végétales à proximité constituera une « barrière » face au pathogène. Cette diversité permettra d’empêcher la propagation des organismes nuisibles. Lors de la plantation d’une haie, il est important de tenir compte de ce besoin au sein des espèces qui la constitueront.
Lutter avec les auxiliaires
De nombreux prédateurs se nourrissent ou parasitent les ennemis du potager ou des végétaux d’ornements. Les oiseaux, reptiles, petits mammifères mais surtout les insectes sont nos meilleurs alliés contre les ravageurs. Penser à planter des espèces mellifères pour les auxiliaires dont le stade adulte se nourrit de nectar. Un hôtel à insecte peut aussi être installé mais s’il procure le gîte, il ne faut pas oublier de fournir le couvert à proximité. Une petite zone pourra être laissée à cet effet à l’état sauvage. Cette biodiversité animale est indispensable pour créer un environnement permettant un équilibre entre un nombre varié d’espèces animales et végétales, contribuant ainsi à développer un jardin vivant, favorisant la lutte contre les organismes nuisibles.
Ne pas oublier que les barrières physiques comme les voiles et filets sont des moyens de protection efficaces contre de nombreux ravageurs.
Appliquer la lutte biologique au jardin c’est aussi accepter les petits dégâts sur les plantes et ne pas avoir comme seule vision un jardin sans défaut. Il faut tolérer la présence de quelques ravageurs pour que les auxiliaires puissent se maintenir naturellement dans le jardin et se multiplier en cas d’attaque plus sévère.
Un jardin sur mon balcon
Les balcons et les terrasses des citadins sont aussi des lieux où ces pratiques peuvent être appliquées. Une attention particulière sera apportée à la terre utilisée. Le substrat des plantes en pot peut recevoir des apports de compost ou d’engrais organiques. Les plantations au balcon sont globalement moins attaquées mais, comme au jardin, les plantes doivent être choisies en fonction du climat et de l’exposition. En associant ces choix à une plantation aérée, les maladies seront moins fréquentes. Il est aussi important d’amener de la diversité parmi les végétaux cultivés.
Il ne faut pas non plus négliger l’attraction que peuvent apporter les plantes mellifères.