Édito : Potager, saveur et beauté
Daniel Veschambre
Si longtemps et encore, la motivation première de faire un potager réside dans l’économie réalisée et le plaisir de produire soi-même une large part de sa nourriture. Elle devient aujourd’hui une volonté clairement exprimée. Ceci se traduit par le souhait des français de disposer d’un jardin ou, tout au moins pour les citadins, d’un espace pour cela, comme les jardins partagés. En réaction à la « malbouffe », chacun veut « du naturel et du bon » dans son assiette : Du goût et du sain, voilà le besoin !
Le potager est aussi au cœur des projets pédagogiques chaque fois que cela est matériellement possible dans les écoles : ceci permet de renouer le lien des petits citadins avec la nature.
Et chacun de retrouver l’habitude ancestrale – et royale depuis Louis XIV – qui consistait à associer avec art espèces ornementales et espèces à consommer. D’autant que certaines ont la double destination, dans un sens comme dans l’autre : les légumes peuvent être ornementaux et certaines fleurs consommables. Voilà qui revient à la mode après des décennies où le jardin était strictement ornemental : le potager, quand il était présent, y était relégué dans un coin discret…
Maintenant, le potager non seulement se montre et s’expose, car porteur de sens : il témoigne pour son propriétaire à la fois d’un savoir-faire technique et d’une recherche esthétique et raffinée de saveurs diversifiées, d’arômes complexes. Mais, comme les légumes sont flatteurs par leurs formes et couleurs – de plus en plus variées grâce aux sélectionneurs – par leur côté rassurant et opulent, ils sont aussi inclus dans l’organisation du décor du jardin.
Le dossier de ce mois-ci a pour but de vous éclairer sur ces perspectives renouvelées.
A vos binettes !