Pommier : réémergence des maladies de la suie et des crottes de mouches
Luciana Parisi
C’est dans les vergers comportant de nouvelles variétés résistantes à la tavelure, donc non traités contre ce champignon dans les années 80-90, que sont réapparues les maladies des crottes de mouche et de la suie. Elles avaient été presque oubliées dans les vergers intensivement traités en France.
Le pommier est un arbre qui peut souffrir de nombreuses maladies et subir l’attaque de nombreux ravageurs. Parmi les maladies fongiques, la tavelure avec ses taches caractéristiques sur feuilles et fruits est la plus connue. On trouve aussi l’oïdium, les monilioses, le chancre à Nectria… Parmi les principaux ravageurs, le carpocapse (ver de la pomme) est le plus redouté, de même que le puceron cendré et le puceron lanigère. Ces nombreux bioagresseurs sont combattus en verger commercial avec des traitements phytosanitaires parfois intensifs. L’Indice de Fréquence de traitements (IFT*) du pommier était compris entre 35 et 43,4 traitements phytosanitaires en 2006, suivant le bassin de production, dans des vergers conventionnels (Sauphanor et al, 2009).
DES MALADIES PÉNALISANTES
Ces nombreux traitements ont contribué à éliminer des bioagresseurs qui n’étaient pas leur cible principale. Les fongicides, par exemple, ont réduit l’importance de certaines maladies dites secondaires, comme les maladies de la suie et des crottes de mouche, qu’on a pensé longtemps dues à 2 champignons : respectivement Gloeodes pomigena et Schizothyrium pomi. On sait maintenant que ces deux maladies sont dues à des complexes parasitaires fongiques (plus de 60 espèces présumées ont été identifiées), dont les espèces impliquées varient selon la situation géographique et le mode de gestion du verger (fongicides utilisés) (Gleason et al, 2011). Les symptômes sont, pour la maladie de la suie, des plages noires superficielles plus ou moins étendues, faisant vraiment penser à des tâches de suie (photo 1) ; pour la deuxième, il s’agit de petites tâches rondes, noires, souvent groupées (photo 2). Ces deux types de symptômes sont souvent associés. Les lésions dues à ces deux maladies sont superficielles et n’atteignent pas la chair. Cependant, elles constituent un défaut de présentation du fruit pénalisant pour sa commercialisation.
*IFT : indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires permettant de suivre l’évolution de la consommation de pesticides. Il comptabilise le nombre de doses homologuées utilisées sur un hectare au cours d’une campagne. Cet indicateur peut être calculé pour un ensemble de parcelles, une exploitation ou un territoire. Il peut également être décliné par grandes catégories de produits.