Plantes dans la maison UNE CURE DE BIEN-ÊTRE
Que de bienfaits sont attribués aux plantes d’intérieur ! Outre l’aspect esthétique et décoratif, elles ont une action sur notre humeur et notre santé, en nous apportant une sensation de bien-être et en nous libérant du stress.
Elles ont également une véritable action sur l’humidification de l’air. De là à affirmer qu’elles vont nous débarrasser de certains composés volatils polluants, ou supprimer les ondes néfastes de nos appareils électroniques, ce n’est pas avéré, et ces propos sont à nuancer.
A la suite du confinement, le besoin de se reconnecter à la nature a décuplé. Les jardins, parcs et forêts ont été pris d’assaut, les achats de plantes d’intérieur ont
grimpé en flèche. Ce mouvement est largement entraîné par les préoccupations environnementales et l’appel à la végétalisation des communes. Chacun veut son petit coin de verdure !
C’est sûr, les plantes d’intérieur peuvent nous aider à nous sentir mieux, même entre quatre murs, et surtout durant la période hivernale. Les bienfaits sur la santé sont évidents, mais de là à prétendre que nos ficus, kentia et chlorophytum vont dépolluer l’air ambiant, ce n’est pas certain.
Le bonheur d’un petit coin de verdure
Une plante verte, une potée fleurie, un rayonnage de plusieurs pots sont de jolis éléments décoratifs, qui ajoutent une touche de naturel à la décoration intérieure d’un séjour, d’une entrée ou d’un bureau. Avec un minimum de soins, ces plantes sont les compagnes idéales pour créer une ambiance revigorante ou zen, toujours harmonieuse et en perpétuel changement, au contraire d’un tableau accroché au mur, qui lui reste immuable et peut devenir lassant !
Cultiver des plantes d’intérieur n’est pas seulement une question d’esthétisme, c’est aussi une passion enrichissante. S’occuper d’elles est un moyen d’avoir le contrôle sur la vie, de se fixer et d’atteindre des objectifs et de se sentir utile. Prendre le temps de les admirer et de les observer est une façon de ralentir le rythme, de respirer un peu, de déstresser, de se sentir mieux. Ce n’est donc pas un hasard si les plantes d’intérieur, après le confinement, sont revenues en force dans les tendances déco. De nombreuses enquêtes sérieuses nous indiquent que les plantes d’intérieur agissent efficacement sur notre bien-être. Elles auraient même des effets positifs sur la productivité des salariés des entreprises, qui se sentiraient mieux dans leur environnement de travail. Des études montrent que les plantes et la lumière naturelle agissent comme des « tampons » contre les effets du stress et de l’anxiété générés par le travail. Ces bureaux verdoyants auraient une influence positive sur le sentiment de satisfaction, la faculté de concentration et l’engagement au tra- vail des employés. Ils se sentiraient à la fois boostés et rassurés par le côté naturel de ce deuxième lieu de vie.
Une vraie bouffée d’air frais
C’est certain, les végétaux d’intérieur apportent une bouffée d’air frais, au sens propre comme au sens figuré. L’impact de la photo- synthèse est indéniable. Lorsque nous respirons, nous inspirons de l’oxygène et expirons du dioxyde de carbone (CO2). Pendant la journée, les plantes font le contraire: elles absorbent le CO2 de l’environnement et libèrent de l’oxygène. Plus les feuilles sont grandes, plus la conversion du CO2 en oxygène sera importante. Évidemment, si la pièce ne contient qu’une seule plante verte, l’action sur la qualité de l’air intérieur sera très minime. Aérer régulièrement est plus efficace !
Les plantes contribuent également à accroître l’humidité de l’air dans les pièces d’habitation, car une grande partie de l’eau d’arrosage (près de 90 %) est rejetée dans l’atmosphère par la transpiration des feuilles. Cela est particulièrement bénéfique pendant les mois d’hiver, car le chauffage réduit fortement l’hygrométrie, à moins de 20 %, alors qu’une valeur de 40 % est recommandée. Mais l’impact est bien utile aussi durant l’été, dans les pièces trop exposées au soleil ou les intérieurs mal cli- matisés. En associant plusieurs plantes, donc en augmentant la surface des feuilles, l’effet humidificateur sera multiplié. Le milieu ambiant s’en trouve grandement amélioré: les muqueuses sont mieux hydratées, la respiration est facilitée, les épisodes de toux sèche moins fréquents, la peau du visage plus souple…
Et la nuit, quand la photosynthèse s’arrête, faute de lumière ?
Nous avons tous entendu circuler l’idée qu’il n’est pas bon de placer des plantes vertes dans les chambres, car elles stoppent leur activité de photosynthèse et pourraient donc, en respirant, pomper l’oxygène dont nous avons besoin et dégager du dioxyde de carbone nocif. En fait, les études et relevés nous montrent que le rejet de CO2 est infime, plus de quarante fois inférieur à celui d’un humain dans la même pièce.
En revanche, il existe d’autres raisons pour écarter certaines plantes des chambres. Sont déconseillés par exemple le jasmin, le gardénia, le narcisse ou les jacinthes, trop odorants. Seule la lavande serait la bienvenue. Évitons également le bégonia, l’orchidée ou l’hortensia, car ces plantes à fleurs pourraient être allergisantes et provoquer une gêne respiratoire. De plus, elles attirent les mouches et les moucherons.
Fake news sur la réduction des polluants
Pour revenir sur les bienfaits, une allégation est reprise dans la plupart des articles sur les plantes vertes d’appartement, mais elle mérite d’être nuancée: les végétaux d’intérieur auraient un pouvoir de purification de l’air, de réduction des polluants ! C’est vrai, de nombreuses études et analyses viennent justifier ce point, mais elles sont biaisées par le fait qu’elles se réfèrent généralement à des espaces bien isolés, sous des conditions de laboratoire bien encadrées, qui ne correspondent pas au milieu ambiant de nos intérieurs.
chiffres à l’appui, que les végétaux d’intérieur pouvaient avoir un effet positif sur la qualité de l’air. Le hic, c’est que pour cette expérimentation, les plantes ne se trouvaient pas dans une pièce normale, mais dans des petites boîtes en plexiglas, avec l’ajout d’un flux d’air passant au travers de leur système racinaire.
Des pouvoirs à nuancer
En conditions réelles, dans un logement, le soi-disant pouvoir purificateur des plantes d’intérieur est beaucoup moins évident, et à nuancer sérieusement. À moins d’installer une pompe aspi- rant l’air ambiant pour le faire traverser le substrat végétal… Un système bien compliqué, gourmand en énergie, et pour un résultat infime !
Pour compléter l’action sur l’air ambiant, on peut juste recon- naître que les plantes sont capables d’influencer le microbiome, soit l’agencement des micro-organismes dans l’espace intérieur. Une plus grande diversité est souvent bénéfique pour le système immunitaire.
Enfin, des recherches sont effectivement menées sur la réduc- tion des bruits ou la suppression des ondes électromagnétiques néfastes. Des végétaux d’intérieur en grand nombre pourraient peut-être amortir certaines vibrations ou limiter la portée d’un champ électromagnétique. Mais n’allez pas croire que votre
plante verte a le superpouvoir de supprimer les nuisances sonores et les mauvaises ondes !
Laure Gry
Journaliste horticole et membre du Comité de rédaction de Jardins de France