Petits fruits : Une multiplication plutôt simple
Les petits fruits issus de petits arbustes au développement végétatif limité se révèlent tout à fait adaptés à nos jardins car ils demeurent faciles à implanter, nécessitent peu de place, un minimum d’entretien et leurs goûts et couleurs diversifiés permettent des usages aussi bien en frais qu’en fruits transformés. Leur multiplication reste simple. Tour d’horizon.
Sous le vocable de petits fruits, on inclut de grandes familles bien connues des amateurs comme des spécialistes : framboises non remontantes et remontantes, groseilles et cassis, groseilles à maquereau, myrtilles cultivées, mais aussi des espèces moins connues comme des hybrides de mûres tels la muroise, les amélanchiers et quelques autres encore.
Certaines espèces sont peu exigeantes, tels les groseilles et cassis poussant dans tous les sols et sous (presque) tous les climats de l’Hexagone. D’autres requièrent des conditions de culture plus précises, comme les framboises qui aiment les terres bien drainantes mais souffrent de la sécheresse, ou les myrtilles qui demandent un sol acide, léger et humifère. Même pour ces espèces plus exigeantes, il est le plus souvent possible de les faire pousser au jardin avec succès, grâce à un minimum d’aménagement. Il n’est pas toujours facile de trouver toutes les variétés que l’on souhaite, notamment les variétés anciennes, généralement plus rustiques. Alors se pose la question de leur multiplication. C’est également le cas lorsque l’on conserve une variété au nom inconnu, provenant d’un échange.
Les petits fruits rouges sont aussi un groupe d’espèces dont la multiplication, par des techniques variées mais le plus souvent simples, nécessite peu ou pas de matériel. Il existe toutefois quelques cas plus rebelles (comme les myrtilles) qui demandent plus de soins et d’attention.
Framboise (Rubus idaeus) et mûres (Rubus fruticosus)
La framboise est souvent considérée comme la reine des petits fruits en raison de sa saveur et de ses multiples usages. Sa multiplication se fait le plus souvent par séparation de drageon :
• S’assurer que le drageon a suffisamment de racines en dégageant la terre qui l’entoure ;
• Séparer le drageon du pied-mère à l’aide d’une bêche ou d’un sécateur ;
• Replanter immédiatement le drageon à sa place dans le jardin ;
• Tasser bien la terre autour du drageon avec le talon de la chaussure et arroser copieusement ;
• La période idéale dépend de la région :
– dans l’ouest de la France on peut le faire dès la chute des feuilles et au plus tard en mars ;
– dans les régions aux hivers froids, on peut planter après les fortes gelées, soit à la fin de l’hiver (mars – avril). Il faut alors bien veiller à ce que les plants ne souffrent pas de manque d’eau.
Le bouturage du framboisier est possible mais plus délicat. Il se fait au printemps avec de nouvelles pousses qui seront rempotées dans un mélange très filtrant à base de sable puis mis sous abri en surveillant l’eau et les températures.
Cassis et groseille, groseille à maquereau
Les cassis, groseille et groseille à maquereau sont sûrement les plantes les plus faciles à multiplier. La technique employée reste le bouturage de bois sec en pleine terre ou en godets :
• Prélever des rameaux d’un an après la chute des feuilles à l’automne : le bouturage est soit immédiat (régions à hiver doux), soit différé après les gelées, avec, dans ce cas, enfouissement des rameaux aux deux tiers dans un tas de sable à l’abri du soleil ;
• Bouturage :
– Couper des boutures de 25 cm ;
– Les enfoncer de moitié dans le sol qui aura été préalablement préparé ;
– Si le sol est léger, bien le tasser autour de la bouture.
Sinon, se contenter d’arroser copieusement afin de faire descendre les éléments fins au contact de la bouture. Toutefois, en sol lourd ou très mouillé, éviter de « bétonner » le sol autour de la bouture ;
– En région à hiver très froid et/ou long, il peut être intéressant de pratiquer le bouturage dans des pots d’un litre en choisissant une terre légère et en tassant délicatement à la main le terreau autour de la bouture ;
– Dans tous les cas, veiller à ce que la terre ne manque pas d’eau.
Pour les groseilles à maquereau, il est préférable de pratiquer un bouturage au printemps avec des pousses de l’année juste lignifiées (le bois a pris une couleur marron indiquant un durcissement des tiges). Dans tous les cas, le bouturage est réalisé en pot et sous abri, à l’étouffée.
À noter: l’éclatement de souche ou le marcottage par couchage de branche sont des techniques plus lourdes, plus longues mais très efficaces en cas d’échec du bouturage.
Myrtille
Toutes les myrtilles sont du genre Vaccinium, famille des Ericaceae, réputée de multiplication difficile.
La technique la plus simple demeure le bouturage ligneux :
• Prélever des rameaux d’un an sains, de la taille d’un crayon pendant le repos végétatif (janvier) ;
• Enfouir les rameaux aux deux tiers dans du sable à l’abri du soleil ;
• En avril, planter les boutures de 10 à 15 cm de long dans un mélange composé de 50 % de sable et de 50 % de tourbe blonde acide (on peut également planter dans de la tourbe blonde pure) ;
• Couvrir avec une bâche plastique transparente posée sur des arceaux, ou mieux, dans un abri plastique ;
• Maintenir le terreau moyennement humide. En pressant une poignée de terreau, l’eau doit s’écouler goutte à goutte. Si l’eau s’écoule en filet, le mélange est alors trop humide.
L’enracinement est long, le taux de réussite demeure faible et dépend des variétés.
Quelques cas particuliers
• Arbustes à baies : nombreux, nous pouvons citer l’haskap (baie de mai ou camerise), l’amélanchier ou le sureau. Généralement, la multiplication se fait par bouturage ou marcottage de branche.
• Airelles : le plus facile est l’éclatement de touffe.
• Canneberge : le bouturage est la méthode la plus simple. Facile à multiplier.
• Cassis sur tige :
– Prélever une bouture longue (70 cm minimum) en novembre ;
– Supprimer à la main tous les bourgeons latéraux en commençant par le bas et en laissant les bourgeons sur les 10 cm de la pointe du rameau ;
– Effectuer la plantation comme une bouture classique (voir précédemment) ;
– La conduite se fera à l’aide d’un tuteurage individuel pour soutenir la plante.
– Avantage : les fruits sont plus faciles à récolter
Comment choisir ses plants chez les professionnels ?
On recherchera des plants de qualité satisfaisante, car cela conditionne la réussite de la plantation :
• Framboises, mûres…
– Acheter de préférence des cannes d’un an, en racine nue ;
– À défaut, pour des plants en godet de 0,5 ou 1 litre, vérifier la qualité du système racinaire dans le pot. Les racines doivent être bien blanches. Écraser la motte à la plantation pour favoriser le départ de nouvelles racines.
• Cassis et groseille :
– Plantes rustiques. Il n’est pas nécessaire de choisir de gros sujets car la croissance est rapide.
• Myrtille :
– Plantation en pot. Les gros conteneurs permettent d’installer plus rapidement la plante. Mais il faut aussi vérifier la qualité du système racinaire ;
– Éliminer les fruits la première année. Limiter les fruits la seconde année.
Cas des plants en conteneur
• Le système racinaire doit être développé de façon homogène sur toute la hauteur du pot ;
• Les racines doivent être bien vivantes (en général de couleur blanche) ;
• Dans la partie aérienne, il doit y avoir de jeunes pousses de l’année bien vigoureuses. Leur nombre et leur longueur dépendront de l’âge de la plante et de la variété ;
• À la plantation, faire des entailles à l’aide d’un sécateur sur les côtés de la motte afin de provoquer l’émission de nouvelles racines sur les coupures ;
• Tremper le plant dans un seau d’eau quelques minutes pour bien humidifier la motte ;
• Bien tasser le sol autour de la plante après plantation et arroser ;
• Attention ! Quand le temps est froid et sec, le sol sèche. Bien surveiller l’état d’humidité de la motte et de la terre autour de la plante.
Bruno Billotte
Ingénieur des techniques horticoles – Angers