Pépinière Marionnet, une entreprise de bons goûts
Jean-François Coffin
Il s’appelle Alexandre Marionnet. Il est à l’origine de l’entreprise du même nom, qu’il a fondée en 1891 à Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher). Dans cette région, réputée pour ses asperges, c’est tout naturellement qu’il pratique d’abord cette culture de manière intensive mais aussi, plus tard, dans les années 1920, celle des fraises, également spécialité du coin. Son fils André passe ensuite à la vitesse supérieure en fondant une pépinière qui prend progressivement de l’ampleur. Passionné d’hybridation, c’est lui qui est à l’origine de la fameuse ‘Mara des bois’, fraise si goûteuse que l’on s’arrache aujourd’hui sur les marchés.
Le premier laboratoire in vitro
L’année 1972 représente une étape importante. C’est celle de la création du premier laboratoire in vitro privé de France, sous la responsabilité de Jacques, fils d’André, le père de Pascal, l’actuel dirigeant (47 ans) de cette entreprise toujours familiale. « Cette technique de multiplication a permis d’obtenir des plantes saines et résistantes dont la vigueur retrouvée les rend moins sensibles aux maladies, explique Pascal. C’était une révolution à l’époque. »
La pépinière Marionnet a su anticiper l’avenir et faire les bons choix, dont celui de la création variétale, notamment en fraises, framboises et autres fruits rouges.
L’expérience du terrain
Avant d’arriver à la tête de l’entreprise, il y a quinze ans, Pascal Marionnet a suivi un parcours de formation et de pratique. « Si j’ai un BTS en poche, j’ai surtout une formation intense sur le terrain, en laquelle nous croyons beaucoup dans l’entreprise. J’ai effectué de nombreux stages, notamment à l’étranger. Mon père me poussait à sortir de nos frontières pour aussi apprendre l’anglais », explique-t-il. Il lui en est reconnaissant au vu de l’importance que l’entreprise a prise au niveau international.
Le retour du goût
Pascal n’a de cesse d’intensifier la recherche pour la création de nouvelles variétés, activité phare de l’entreprise. Pour cela, il collabore avec les organismes de recherche (Inra, CTIFL…). Pour connaître les goûts et les réactions des consommateurs, il se tourne vers son entourage, famille ou collaborateurs.
« Les dernières décennies, la recherche s’était focalisée sur la mise au point de variétés résistantes et de bonne conservation pour ces fruits si fragiles mais en oubliant le goût. »
Si les principales productions sont les fraises, puis les framboises, l’entreprise cultive également les autres petits fruits comme les mûres, les groseilles, les cassis et les myrtilles. Elle n’a pas abandonné les asperges « mais nous avons mis davantage d’énergie dans les fruits rouges ». Il ne faut pas oublier la production de plants de palmiers, développée dans le nouveau laboratoire in vitro (cf. encadré).
Recherche prioritaire
Le secret de la réussite de l’entreprise est de ne pas s’endormir sur ses lauriers, si l’on peut dire : « Il faut toujours être en avance sur la concurrence. » La Mara des bois représente aujourd’hui quinze millions de plants vendus annuellement et Marionnet estime le volume de production à 10 000 tonnes. Mais elle est aujourd’hui tombée dans le domaine public, car chaque variété bénéficie d’une protection de vingt-cinq ans (voir notre article p. 62). D’où l’importance que l’entreprise accorde à la recherche et au développement de nouvelles variétés à succès comme les fraises Mariguette et Magnum, mises sur le marché en 2013, ou, plus récemment, les framboises Versailles et Paris.
Le message du goût
Les ventes de nouvelles variétés se développent tant en France qu’à l’étranger et s’adressent aussi bien aux professionnels qu’aux jardiniers amateurs. « En jardineries, il est rare qu’il n’y ait pas de fraisiers car ils font partie des premiers produits achetés, au même titre que les tomates et les radis. » Le dirigeant veut s’adresser aux consommateurs avec le message suivant : « Goûtez aux nouvelles variétés à cultiver dans votre jardin. Celles du temps de nos grands-mères n’étaient pas mieux. Au contraire, elles pourrissaient souvent avant d’être mûres, ne se conservaient pas et n’étaient pas aussi goûteuses que celles d’aujourd’hui ! »
Pascal Marionnet est très confiant quant à l’avenir de son entreprise : « La création variétale ne s’arrêtera pas car existera toujours la possibilité de trouver encore mieux », assure-t-il. Et d’insister à nouveau sur la signature de la maison : « Goûtez la différence ! »