Multiplication, conservation et plantation des iris

En ce qui concerne la multiplication, la conservation et la plantation des iris, nous n’évoquerons ici que les iris rhizomateux, de loin les plus variés et les plus intéressants pour le jardin. Il faut cependant distinguer iris dits barbus (Pogoniris) des iris non barbus (Apogons), auxquels nous ne consacrerons que quelques lignes (voir encadré).

Photo n°1 © Richard Cayeux
Photo n°1 © Richard Cayeux
Photo n°2 © Richard Cayeux
Photo n°2 © Richard Cayeux

La multiplication des iris barbus

Que ce soient des iris nains, dits miniatures, des iris nains standard, dits lilliputs, des iris intermédiaires ou de grands iris, la multiplication est dite végétative et se fait par division des touffes tous les trois à quatre ans. Dès que l’on constate que les fleurs sont moins nombreuses ou plus modestes, il y a lieu de procéder à la division.

Voici comment :

• On arrache toute la touffe à l’aide d’une bêche ou d’une fourche-bêche (photo n° 1);
• Puis, l’on sépare les rhizomes les uns des autres en conservant ceux de la périphérie car ce sont les plus forts (ceux du centre sans feuillage ne présentent pas d’intérêt). Il est préférable de séparer les rhizomes avec une serpette pour avoir une surface nette au bout des rhizomes et ainsi limiter les risques de maladies (photo n° 2);
• Ensuite, l’on raccourcit les racines ainsi que le feuillage (à environ 15 centimètres) pour limiter l’évaporation (photos n° 3 et n° 4).

Il est possible de multiplier les iris avant la troisième année mais, à notre avis, c’est se priver de la plus belle floraison. En effet, un rhizome est capable, au bout de trois années, de produire 15 à 16 rhizomes et donc 15 à 16 hampes florales, soit pour 3 rhizomes d’une même variété, un bouquet de 45 à 48 hampes porteuses de 7 à 10 fleurs en moyenne selon les cultivars (photo n° 5)!

Sous nos climats tempérés, la multiplication (ou division) doit se faire durant l’été, environ quatre semaines après la fin de la floraison et avant les premières gelées afin que de nouvelles racines soient émises par les rhizomes. Dans les régions méridionales, il convient de procéder à la division plutôt en septembre ou octobre, voire début novembre.

Photo n°3 © Richard Cayeux
Photo n°3 © Richard Cayeux
Photo n°4 © Richard Cayeux
Photo n°4 © Richard Cayeux

Comment conserver les rhizomes ?

Les rhizomes d’iris ne sont ni des bulbes ni des tubercules comme les dahlias et ne peuvent rester trop longtemps hors du sol. Cependant, l’on peut les conserver près de deux semaines sans que cela n’affecte leur reprise.

Il suffit de les installer dans un coin sec et pas trop chaud (nous avons même l’expérience de rhizomes restés deux mois hors sol ayant parfaitement survécu) (photo n° 6). Si nécessaire, c’est-à-dire dans le cas où l’endroit destiné à leur plantation n’est pas prêt, les mettre en jauge est une bonne solution (un arrosage une fois par semaine suffira).

Photo n°5 © Richard Cayeux
Photo n°5 © Richard Cayeux
Photo n°6 © Richard Cayeux
Photo n°6 © Richard Cayeux

La plantation

Une plantation effectuée durant l’été assure normalement une floraison dès le printemps d’après. Il convient ensuite de respecter les points suivants :

Photo n°7 © Richard Cayeux

• Planter les iris en plein soleil ou a minima dans un endroit où ils bénéficieront du soleil durant les deux tiers de la journée. En effet, si les iris poussent à l’ombre, ils ne fleurissent cependant pas ;

• Planter dans un sol bien drainé et de préférence neutre à calcaire. Si le terrain est lourd, argileux, un apport de chaux agricole (environ 100 grammes par mètre carré) puis un apport de matière organique (trois semaines après) permettront d’améliorer la structure du sol et de le rendre plus drainant et d’éviter d’avoir à lutter contre la pourriture des rhizomes. Ainsi si le sol est perméable, l’on pourra planter les rhizomes sur un terrain plat. En revanche, dans le cas d’une terre lourde, il est fortement conseillé de planter en butte afin que l’eau ne stagne pas au niveau des rhizomes (ne jamais planter les iris barbus dans une cuvette);

 

• Ne pas enfoncer les rhizomes : il faut que le dessus soit au niveau du sol (photo n° 7), d’ailleurs l’on peut constater que sur des touffes âgées, ils sont tous apparents ;

• Arroser dès après plantation pour que le sol adhère aux racines. Ensuite, durant le premier mois, un arrosage tous les huit jours suffira. Après cette période, les iris pourront se passer d’arrosage : issus d’espèces pour la plupart méditerranéennes, ils sont économiques en eau et résistent bien à la sécheresse, ce qui est un point positif face au changement climatique ;

• Respecter une distance de 25 à 40 cm entre chaque rhizome même si cela semble beaucoup au début. En effet, les iris barbus sont pour la plupart bien prolifiques. Planter plus serré serait une erreur car il faudra alors diviser les touffes plus précocement et les risques de variétés étouffant leurs voisines seront plus importants. Ce point est essentiel: très souvent les amateurs d’iris constatent que « [leurs] iris ont changé de couleurs » ou bien « qu’ils ont planté des bleus, des blancs et des jaunes, et maintenant [qu’ils n’ont] plus que des bleus ». Cela provient du fait que certaines variétés plus fortes ont, par leur développement plus rapide, étouffé les plus faibles.

L’entretien des massifs, les soins et précautions

• Les iris n’appréciant que modérément la concurrence, il est nécessaire de biner régulièrement pour supprimer les adventices, mais pas trop profondément, pour ne pas abîmer les racines ou les rhizomes ;
• Après floraison, il est bon de couper les hampes florales au ras du sol ou à quelques centimètres, cela peut éviter le développement de fruits si des bourdons ont pollinisé les fleurs, puis l’apparition de « variétés » non désirées suite à la germination des graines tombées au sol;
• Le feuillage n’a pas besoin d’être rabattu s’il reste sain et vert. L’on peut couper les parties les plus atteintes par l’hétérosporiose en cas de forte attaque de cette maladie fréquente chez les iris de jardin. Ainsi réduire le feuillage des iris en été ou au début de l’automne n’est pas du tout indispensable et cela n’apporte rien à la plante ;
• Quel type d’engrais utiliser ? Les iris apprécient des engrais faibles en azote et riches en potasse et phosphate. Les engrais organiques ou organo-minéraux sont à privilégier car leur action est longue. Autrement, une adjonction de vieux fumier ou de compost parfaitement décomposé est vivement conseillée, la matière organique aidant les plantes à lutter contre les maladies.

LES IRIS NON BARBUS: ILS NE SONT PAS RASOIR!

Les iris de Sibérie, les iris du Japon, les iris d’eau et les iris spuria sont également particulièrement intéressants pour embellir les jardins et permettent aussi, dans le cas des spuria et des iris du Japon, d’étendre la durée de floraison des iris. Leur division est identique à celle des iris barbus si ce n’est que les rhizomes sont moins charnus et se conservent nettement moins longtemps en dehors du sol. Autre différence, leur plantation se fait soit en mars-avril, soit en septembre-octobre car ils craignent la sécheresse estivale (les spuria préfèrent être plantés à partir de fin août). Leurs rhizomes doivent aussi être enfoncés un peu plus profondément. Moins connus que leurs cousins barbus, ils mériteraient un développement plus consistant et une place plus significative dans les jardins car ils sont devenus bien variés et sont d’excellentes plantes à intégrer dans les massifs de vivaces.

L’iris de Sibérie craint la sécheresse estivale © CC0 1.0

Richard Cayeux
Président de l’entreprise Cayeux SA