Marie-Hélène Leduc : une histoire d’amour avec la SNHF

Jean-François Coffin

« Je suis issue d’une famille où l’on aimait les plantes », explique Marie-Hélène Leduc avec l’élégance qui lui est naturelle. « Il doit y avoir un gène artistique dans la famille. Ma grand’mère était aquarelliste, mon frère est poète, ma sœur est diplômée des Beaux-arts et nous étions tous musiciens ».

Décorations de prestige

Marie-Hélène a un long parcours dans l’art floral, « cette haute couture de la botanique » et joué un rôle important dans le monde de l’horticulture, notamment au sein de la SNHF. « Grâce à mon mari, je suis tombée dans le chaudron de l’art floral ». Il découvre dans « Connaissance des arts » une publicité pour l’École française de décoration florale. Elle s’y inscrit et en suit tous les cours. Et là commence à se révéler sa passion pour créer de jolis bouquets qui la décide d’être décoratrice florale. S’apercevant de son manque de pratique lors de ses essais, elle peaufine alors ses connaissances en devenant stagiaire chez un célèbre fleuriste de la Madeleine, ce qui lui vaut de participer à la décoration de lieux prestigieux. Cela avec les techniques de l’époque où la mousse synthétique n’existait pas. « Le fait ne n’avoir que du grillage pour placer les fleurs m’a appris à gérer l’équilibre d’un bouquet ».

Par ses relations, elle eut de nombreuses occasions de fleurir des réceptions importantes, aussi bien chez des particuliers que pour des institutions officielles. Elle en vient à s’occuper de la décoration florale à Matignon pour les réceptions privées de Georges Pompidou, alors Premier ministre, qui appréciait la touche très personnelle de ses créations.

Un sublime bouquet

Son expérience et son talent font qu’elle a été sollicitée plusieurs fois pour transmettre son art, devenir professeur. « Je n’avais pas les qualités pédagogiques pour enseigner aux adultes » mais ne refusait pas de pratiquer des démonstrations.

Elle évoque ses entreprises les plus folles et inédites pour l’époque comme des lustres en fleurs ou des rideaux tout en végétal. Ce fut une période très riche pendant huit années.

Elle poursuit sa voie en participant à des démonstrations et des concours, spécialement ceux organisés chaque année au château de Versailles. « J’y ai réalisé l’un de mes plus beaux bouquets ». Il s’agissait d’un très grand bouquet classique à base de fruits, de légumes et de feuillages, tous laqués, dans un dégradé de bleus, sublimé par de magnifiques delphiniums. « Une première ! » Marie-Hélène évoque aussi une belle démonstration à San-Francisco sur le thème « Paris en bouquets ».

Succès à Bagatelle

Une étape dans son parcours est la participation à la création de la Wafa « Word Association of Flower Arrangers », au début des années 80, association mondiale de prestige qui organise tous les trois ans son festival dans un pays différent. Quand ce fut le tour de la France de 1987 à 1990, Marie-Hélène en assura la présidence. Grâce à une équipe efficace, son déroulement à Bagatelle remporta un plein succès dont l’art floral français fut fier. « Nous avons aussi organisé à cette occasion plusieurs évènements dont un diner de 1 000 couverts à l’hôtel Intercontinental et une démonstration au Palais des congrès dont les 4 000 places furent remplies ! »

Un enseignement reconnu

Marie-Hélène Leduc est une bénévole active à la SNHF. « Je l’ai découverte à vingt trois ans lors des cours d’art floral qui s’y déroulaient ». Elle participe alors, avec un cercle d’amis expérimentés, à la création d’une section « Art floral » dont elle en assurera, plus tard, la présidence. « En raison du succès de notre section au niveau national, nous avons même créé des délégations régionales dans toute la France. »

Après les turbulences provoquées par le départ de la présidence de Jacqueline Beaugrand, Marie-Hélène et quelques fidèles reprennent en main la section. En vue de faire reconnaître la qualité de l’enseignement dispensé à la SNHF, il a été décidé la création, en 1976, du DAFA (2), Diplôme d’Animation Floral Artistique. « Ce diplôme est, d’ailleurs, reconnu par le ministère de l’Agriculture et sa réputation va jusqu’au « pays du Soleil-Levant » puisque de nombreuses Japonaises en sont titulaires ! »

La SNHF dans le cœur

Sous la présidence de la SNHF par Michel Cointat, ancien ministre de l’Agriculture, Marie-Hélène a été membre du CA, puis nommée au bureau. Elle succéda à André de Vilmorin à la vice-présidence. « Quel honneur mais quelle responsabilité », reconnaît-elle.

Participer à une association si variée en activités et personnes est une école de diplomatie. Marie-Hélène sait se faire apprécier tant des personnels permanents que des sociétaires mais elle ne veut pas que l’on oublie tous ceux qui agissent dans l’ombre et contribuent à la réputation de l’association.

Marie-Hélène est Chevalier de la Légion d’honneur et Commandeur du Mérite agricole. Elle est aussi vice-présidente d’honneur de la SNHF, présidente d’honneur de la section Art floral à laquelle elle participe toujours, heureuse que son champ de notoriété soit de dimension internationale.

Enfin, autre trait qui la caractérise : son énergie. Et attention : elle n’aime pas que l’on traine en palabres au cours des réunions mais que l’on en vienne vite au but !

Après tout ce parcours, Marie-Hélène Leduc garde la SNHF dans son cœur : « j’y suis bien. C’est comme une deuxième famille ! »

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