Marcel Lecoufle, le pape des orchidées
Pierre Laurenchet
Marcel Lecoufle vient de nous quitter, il venait de fêter ses 103 ans. Celui qui est considéré comme le « pape » des orchidées a tiré sa révérence et laisse les amoureux, les passionnés de cette fleur emblématique, tristes et orphelins.
« J’ai vécu un siècle d’Orchidées, depuis l’époque de Noël Bernard lorsque mon père Maurice est sorti major en 1906 de l’École supérieure d’Horticulture de Versailles », aimait dire Marcel Lecoufle. Un siècle de passion pour l’horticulture et l’orchidée, un siècle de découvertes, de voyages.
C’est en 1948 que Marcel décide de voler de ses propres ailes. Il quitte alors l’entreprise familiale pour se lancer dans l’aventure des orchidées sa renommée dépassera largement nos frontières pour traverser les océans. Il fait construire à Boissy-Saint-Léger, 8 serres, 1 serre froide, 1 serre chaude réservée aux Phalaenopsis et 6 serres tempérées et il crée les établissements Marcel Lecoufle.
Il débute ses cultures avec une collection d’orchidées fournie par les Établissements Vacherot & Lecoufle, mais très vite il se diversifie en complétant son offre par des Caladium du Brésil à feuillage coloré puis viennent les plantes carnivores dont les Népenthès et enfin les Broméliacées. Sa production est alors commercialisée aux Halles Centrales de Paris pour la vente de fleurs coupées d’orchidées et sur le « carreau » pour les plantes en pots et des bonbonnes de verre garnies de végétaux décoratifs.
Il augmente encore son offre en cultivant des Platycerium puis des Anthurium andreanum et scherzerianum qu’il multiplie.
Dans les années 1970, la construction d’une nouvelle serre de 1000 m2 à Mandres adossée à 2 serres existantes permet la culture de Phalaenopsis et de plantes de serres de toutes sortes, commercialisées par la société Lecoufle-Bert créée avec son gendre.
Réputé pour ses orchidées
Le travail de Marcel a été récompensé par la reconnaissance de ses pairs qui lui ont attribué aux Floralies de Paris, en 1959, le 5e grand prix d’honneur et en 1964, le 1er grand prix d’honneur. Mais ce qui a fait la renommée et l’aura de Marcel Lecoufle, c’est l’orchidée. Sa connaissance et sa maitrise de la culture ont attiré dans ses serres nombre de personnalités : grands couturiers, acteurs et actrices, Présidents de la République, Reine et Princes.
Il participe à de nombreuses expositions. Il est présent avec la SFO (Société Française d’Orchidophilie) aux expositions organisées au Parc Floral de Vincennes, en Martinique et à la Réunion. A l’étranger, il est invité aux World Orchid Conférences (WOC) de Durban, Medellin, Londres, Francfort, Bangkok, Tokyo.
Pour assoir sa réputation, il présente au Comité des Orchidées de la Royal Orchid Society les nouvelles plantes issues de son travail d’hybridation. Lorsqu’il arrête cette activité en 2009, il comptait à son actif 20 500 fécondations d’orchidées, hybrides ou espèces enregistrées dans ses cahiers et plus de 200 hybrides nouveaux enregistrés dans la Sander’s liste.
Attiré par Madagascar
Marcel Lecoufle a constitué une des plus belles collections d’Angraecum et d’Aerangis. Ici, une Angraecum bosseri – © D.R.
Pour pratiquer ce travail d’hybridation et de multiplication des orchidées, Marcel avait fait construire avec sa fille Geneviève, un laboratoire qui comprenait : une pièce de préparations, 2 salles de travail sous flux laminaire, un bureau et une longue salle pour l’élevage en flacons. Il utilisait des graines qu’il récoltait après ses fécondations. Il pratiquait aussi la multiplication par bouture de tige.
En 1968, Marcel crée la Société Française d’orchidophilie (SFO) dont il assure la présidence de 1972 à 1981. Nommé Président d’honneur, il continue à œuvrer à son développement en participant activement aux conférences et utilisant souvent la photo en relief pour conforter son discours.
Il ne manquait jamais les voyages à l’étranger organisés par la SFO, occasion rêvée de découvrir in situ les orchidées exotiques. Attiré plus particulièrement par Madagascar il constitue une des plus belles collections d’Angraecum et d’Aerangis avec entre autres Angraecum sesquipedale, plante possédant un éperon nectarifère de 30 cm qui avait permis à Darwin de prédire que seul un papillon pouvait la polliniser.
Une passion jusqu’à son dernier souffle
A la fermeture des établissements Marcel Lecoufle en 2011, une partie de cette collection a été offerte au jardin botanique de Montréal. Certaines de ces plantes ont malheureusement disparu de la nature. Ainsi Marcel a permis de conserver des orchidées qui seront, nous l’espérons, réintroduites un jour sur leurs sites originels.
Marcel Lecoufle a vécu sa passion jusqu’à son dernier souffle. Jamais il n’a abdiqué devant les vicissitudes qui ont ponctué son existence et, avec sa disparition, les projets qu’il évoquait avec ses proches quelques jours avant sa disparition se sont évanouis.
A la fermeture des établissements Marcel Lecoufle en 2011, une partie de cette collection a été offerte au jardin botanique de Montréal. Certaines de ces plantes ont malheureusement disparu de la nature. Ainsi Marcel a permis de conserver des orchidées qui seront, nous l’espérons, réintroduites un jour sur leurs sites originels.
Marcel Lecoufle a vécu sa passion jusqu’à son dernier souffle. Jamais il n’a abdiqué devant les vicissitudes qui ont ponctué son existence et, avec sa disparition, les projets qu’il évoquait avec ses proches quelques jours avant sa disparition se sont évanouis.