Lors du Phylloxera de 1883 : la camomille, une voie de repli pour les vignerons du Layon
Paul Gicquiaud
La camomille romaine est la plante médicinale emblématique de la région de Chemillé, située entre Angers et Cholet. Nombreuses sont encore les personnes qui ici se souviennent, enfants, avoir participé durant des après-midi ensoleillés de juillet et août, à la cueillette des capitules blancs.
Camomille romaine, emblématique de la région de Chemillé - © P. Gicquiaud
Si de nombreuses plantes médicinales provenaient de cueillette dans la nature, ce n’était pas le cas de la camomille romaine. En effet, bien que l’espèce soit commune en France, c’est la variété à fleurs doubles qui est prisée en herboristerie. Stérile, elle assure sa pérennité par des marcottes en fin de saison qui sont prélevées d’octobre à mars et remises en terre pour une nouvelle culture. Les capitules de camomille romaine, utilisés dans l’herboristerie, proviennent ainsi uniquement de cultures, ce qui explique que la région de Chemillé soit devenue la capitale des plantes médicinales. Un savoir-faire a été acquis par les agriculteurs locaux, permettant au gré des besoins du commerce, d’introduire de nouvelles cultures telles la menthe, l’hysope, la mélisse, la belladone, la rose de Provins,… On retrouve ce phénomène avec la menthe poivrée ‘Mitcham’ cultivée à Milly-la-Forêt dans l’Essonne, autre grand pôle historique de production des plantes médicinales.
La camomille romaine, une histoire de familles
L’introduction de la camomille romaine coïncide à la fois au développement, durant le 19ème siècle, de l’horticulture en Maine-et-Loire et de l’herboristerie. La tradition raconte qu’en 1832, le Comte Théodore de Quatrebarbes a ramené d’Italie, au château de Chanzeaux des plants de camomille romaine pour y faire fleurir les plates-bandes. Parallèlement, à Saint Lambert-du-Lattay, un village voisin, la famille Godillon se distingue dans la culture et la commercialisation de la camomille et autres plantes médicinales. Julien Godillon s’installe à Paris, rue du Faubourg Saint-Martin, dans le Marais comme pharmacien. Son frère Aimé le rejoindra et ouvrira plus tard une droguerie-herboristerie florissante. A partir de 1853, Émile Godillon, son fils, donne une plus grande extension à la culture des plantes médicinales avec l’introduction de la rose de Provins, la menthe poivrée du Maine et Loire, l’hysope, le datura stramoine, la belladone,…