Les plantes invasives
Josiane Le Corff
Nos lecteurs, habitants de Chailly-en-Bière, commune située à proximité de la forêt de Fontainebleau, tentent de limiter la propagation du phytolaque (raisin d'Amérique) et du cerisier tardif par l’arrachage. Quelle est la situation des plantes invasives en France ? Comment agir et à quel niveau ?
Quel impact sur les écosystèmes ?
La flore de France compte actuellement plus de 10% d’espèces exotiques envahissantes (ou invasives), c'est-à-dire introduites d'autres régions du globe et qui se sont échappées des jardins, parcs botaniques, ou zones de culture. Beaucoup de ces espèces ont été introduites pour la beauté de leurs fleurs, de leurs fruits ou de leur feuillage. Cependant, leurs caractéristiques, en tant que plantes ornementales, leur confèrent souvent des potentialités envahissantes : une croissance rapide (cas du savonnier du Japon), des fruits dispersés par le vent (comme pour le baccharis), ou par les oiseaux (cas du phytolaque et du cerisier tardif), et une reproduction importante par voie sexuée ou asexuée. Leur impact sur les écosystèmes locaux est souvent inconnu. Cependant, les espèces invasives sont soupçonnées notamment de gêner la régénération en sous-bois ou en bordures de rivières, d'entrer en compétition avec d'autres espèces végétales, ou de modifier les conditions environnementales de telle façon que leur survie soit facilitée. Ces espèces sont donc souvent considérées comme une menace pour la conservation de la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. Cependant, à l'heure actuelle, il est impossible de considérer qu'une espèce végétale exotique a entraîné la disparition d'une autre espèce.
Surveillées de « très près »
Afin de prévenir les conséquences négatives liées à la présence des plantes invasives, deux stratégies sont possibles. D’une part, pour les espèces qui sont déjà présentes, il faut éviter, autant que possible, l'introduction de nouvelles plantes dans le milieu naturel. Comme l'éradication n'est plus efficace pour beaucoup d’entre elles, la communauté scientifique européenne se mobilise afin de limiter la vente et la libre circulation d'espèces considérées comme invasives. De plus, au niveau national, la mise en application de mesures concrètes est en cours d’élaboration avec, par exemple, des propositions d’espèces dites de substitution aux espèces horticoles invasives. D’autre part, comme ces espèces bénéficient souvent pour leur installation de conditions environnementales modifiées par les activités humaines (perturbation du régime des crues, eutrophisation des rivières, etc.), il faut tenter de rétablir des conditions favorables aux espèces locales. Dans le futur, il faudra sans doute vivre avec de nombreuses espèces invasives et les accepter dans la mesure où beaucoup d'entre elles ne représentent pas une menace réelle. Mais pour d'autres, arrêter de les vendre et de les planter est du ressort de chaque jardinier.