Les plantes bulbeuses et rhizomateuses, des valeurs sûres pour le fleurissement des villes et des villages

Gilles Carcassès

Parce qu’elles portent en elles les réserves importantes accumulées dans leur année de végétation chez leur producteur, l’emploi des plantes bulbeuses pour la décoration des massifs fleuris est des plus faciles à réussir. Il convient cependant de respecter quelques règles: ne pas planter trop tard, enterrer chaque espèce à la profondeur qui lui convient, et dans un sol pas trop riche.

Collection de tulipes - © G. Carcassès

Planter à bonne époque

Les bulbes printaniers doivent être mis en place suffisamment tôt à l’automne, pour permettre un bon enracinement et, par l'exposition au froid sur une assez longue durée, l'acquisition de l'aptitude à la croissance et à l'épanouissement. Souvent les jardiniers des collectivités ont quelques problèmes d’agenda pour réaliser cette plantation. Si l’automne est clément, on tarde à arracher des massifs estivaux encore superbes ; s’il est pourri, on attend que le temps s’arrange pour pouvoir rentrer dans les massifs. Et l’hiver arrive sans crier gare ! Des tulipes plantées trop tard auront bien du mal à monter au printemps une tige de hauteur convenable, si elles ne pourrissent pas avant. Une autre difficulté d’agenda se manifeste au printemps pour l’emploi des bulbes estivaux. Il faudrait, pour bien faire, mettre en terre les tubercules de dahlias début avril alors que les massifs printaniers sont à leur optimum et ne seront arrachés qu’un mois plus tard. Deux solutions sont possibles : démarrer les tubercules dans des pots en tunnels et les planter en végétation, ou bien les installer non démarrés en mai en même temps que les estivales. La première technique permet de profiter tôt en saison des floraisons de ces végétaux magnifiques, mais le risque d’atteinte par l’oïdium est accru. L’autre technique décale la floraison sur la fin de l’été, ce qui peut être intéressant pour une bonne succession des floraisons pendant la saison. On produit maintenant certains cultivars de dahlias bien adaptés pour le semis annuel, ce qui permet de s’affranchir de cette difficulté.

Ce joli dahlia coccinea a été produit en serre par semis au printemps et installé en mai dans les jardins d’essai de l’école Du Breuil à Paris. Il s’épanouit en fin d’été - © G. CarcassèsAbeille sauvage sur tulipe botanique, 25 mars 2011, au parc floral de Paris - © G. Carcassès


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Une palette gigantesque

Le jardiner talentueux sait réaliser des compositions végétales aux harmonies séduisantes. Il est attentif aux effets colorés, aux rapports de formes, de textures et de volumes. Pour cela, il utilise une large gamme de végétaux, parmi lesquels de nombreuses plantes bulbeuses et rhizomateuses. Les citer toutes reviendrait à rédiger une encyclopédie tant les genres, espèces et cultivars sont nombreux. Au fil des pages d’un catalogue professionnel, le jardinier des villes fait son choix parmi au moins 40 variétés de jacinthes, 110 narcisses, 330 tulipes, sans compter les mélanges préparés… A côté de ces leaders incontestés du fleurissement citadin, bien d’autres genres sont employés : muscaris, fritillaires, Allium, Galtonia, Canna, anémones, cyclamens, iris de Hollande…


 Dans cette rocaille, les crocus sont mis en valeur par un paillage en morceaux de craie - © G. Carcassès  Cette troupe de tulipes ‘Lilac Wonder’ s’est naturalisée dans le jardin japonais du parc de l’amitié à Rueil-Malmaison - © G. Carcassès

 

Des bulbes pour toutes les situations

Certaines plantes bulbeuses sont par leur période de floraison, leurs exigences ou leur morphologie plus adaptées à des emplois particuliers. Cultivées en pot et rentrées l’hiver en véranda, les agapanthes sont des plantes sensationnelles pour le décor estival d’une terrasse. En climat pas trop rude, les variétés à feuillage caduc peuvent tenir en pleine terre.
En rocaille, se plaisent bien les iris et tulipes botaniques, les Ipheion, les nivéoles, les Bulbocodium… Pour garnir un sous-bois, rien de tel que les scilles, les perce-neige, les Erythronium, les cyclamens à feuilles de lierre, les Eranthis, l’ail des ours. Les crocus, les Puschkinia, certains narcisses de petite végétation peuvent être naturalisés dans les pelouses. On peut aussi installer d’autres bulbes de façon plus ou moins durable, notamment des tulipes et des narcisses. Dans les toitures et terrasses végétalisées, au pied des arbres, la ciboulette, les muscaris, les asphodélines ont fait leur preuve. Feront merveille en massifs de plantes vivaces les spectaculaires Crinum, les Eremurus, les Amaryllis belladona, les glaïeuls de Byzance, les Camassia, les Crocosmia, les Alstromeria

 

 Un tapis de lierre au pied de ces bouleaux au parc floral de Paris ? Perdu : il s’agit de cyclamens ! -  © G. Carcassès L’ail des ours ici en mélange avec l’anémone des bois peut former des tapis denses dans les sous-bois frais - © G. Carcassès   La jacinthe des bois se plait sous les charmes et les chênes - © G. Carcassès

Au parc de Bagatelle à Paris, ces tulipes blanches forment un décor printanier étonnant - © G. Carcassès Les pieds d’arbres sont souvent difficiles à végétaliser. Ici les muscaris tiennent leur place - © G. Carcassès      Ces Alstromeria rouges qui voisinent ici avec des zinnias, des iris et des rosiers fleurissent tout l’été - © G. CarcassèsAu Jardin des plantes de Paris, cette énorme touffe de Crinum powellii impressionne les visiteurs par son opulence et sa floraison spectaculaire - © G. Carcassès

novembre-décembre 2012