Les oiseaux en ville : une menace pour notre santé?
Frédéric Malher
Il y a de plus en plus d’espèces d’oiseaux qui s’adaptent à la ville : plus de 60 espèces nichent ainsi dans Paris intra-muros, là où il n’y en avait sans doute que la moitié au début du 20ème siècle. Ce qui réjouit les ornithologues urbains inquiète d’autres personnes, ambivalence habituelle de nos sentiments vis-à-vis des animaux sauvages : sympathie et peur… Faut-il craindre pour notre santé ou du moins pour notre qualité de vie en voyant des oiseaux s’installer en ville ?
Pigeons de ville (Columba livia var. domestica) - © F. Malher
En 2006, lors de l’épidémie de grippe aviaire, la paranoïa a été telle qu’on a été jusqu’ à interdire les sorties scolaires dans la nature et que certains ont détruit des nids d’hirondelles (ce qui est rigoureusement interdit !) car « on ne sait jamais… » . Risquait-on quelque chose à côtoyer les oiseaux urbains ? Le virus H5N1 pouvait passer à l’Homme avec des conséquences très graves. Mais il ne le faisait qu’en cas de forte promiscuité entre l’homme et les oiseaux (en général de basse-cour). Même si les canards sauvages ont été soupçonnés de pouvoir le véhiculer, les chemins de la contamination ont surtout suivi les circuits commerciaux des élevages intensifs : le virus a voyagé par le Transsibérien plus sûrement que par les canards migrateurs ! Même s’il faut toujours éviter de manipuler des animaux morts, on ne risque rien à être entouré d’oiseaux sauvages, du moins à la distance qu’ils respectent naturellement dans nos parcs et jardins… En dehors de ce péril mortel supposé, y a-t-il des problèmes provoqués par les oiseaux urbains ?
Un pigeonnier parisien - © F. Malher
Le Pigeon de ville le mal-aimé
La première espèce qui vient à l’esprit est évidemment « le » pigeon…. Le Pigeon de ville (qui n’est ni le Pigeon ramier ni le colombin) est la version ensauvagée du pigeon d’élevage, lui-même descendant du Pigeon biset encore présent dans certaines falaises. Il s’est multiplié à Paris depuis le début du 20ème siècle, grâce à l’abondance de nourriture qu’il peut y trouver et que certains mettent un point d’honneur à leur fournir. Les problèmes posés par cette espèce sont essentiellement la quantité de fientes produite et le dérangement visuel et sonore. On a beaucoup décrié l’état sanitaire des pigeons urbains mais souvent à tort : par exemple, les pigeons sont très peu porteurs de la grippe aviaire et leurs fréquentes mutilations ne sont pas dues à un mauvais état de santé mais à leur fâcheuse habitude de transporter divers fils pour « décorer » leurs nids. Ces fils s’entortillent autour de leurs pattes, provoquant ainsi des nécroses aboutissant à des amputations. Il ne faut cependant pas se cacher que leur grégarisme facilite la transmission des maladies d’un oiseau à l’autre : ils transportent d’assez nombreux parasites mais leur risque de transmission à l’Homme est très faible.