Les bandes fleuries : Des alliées contre les ravageurs des jardins
Les bandes fleuries présentent des avantages dans les jardins. Elles favorisent notamment les auxiliaires qui luttent contre les ravageurs. Nous allons voir qu’il est important de bien les choisir et de bien les implanter.
Les bandes fleuries sources de pollen, de nectar et… de pucerons !
Des fleurs sources de pollen et de nectar, utiles aux auxiliaires et pollinisateurs du jardin.
Les fleurs qui composent les bandes fleuries sont des sources de pollen et de nectar essentielles à de nombreux auxiliaires des cultures. En effet, ces insectes (syrphes, chrysopes, hyménoptères parasitoïdes) ont besoin, au stade adulte, de pollen et de nectar pour leur développement alors que leurs stades larvaires consomment les ravageurs de culture (pucerons, cochenilles, acariens, aleurodes, thrips). En leur offrant les ressources nutritives dont ils ont besoin, ils permettent de lutter efficacement et naturellement contre les insectes nuisibles des jardins.
Des fleurs pour héberger des proies alternatives
Les espèces composant les bandes fleuries peuvent également attirer les ravageurs et éviter ainsi leur installation sur la culture. On parle alors de plantes pièges. Par exemple, le projet IMPULse, a mis en évidence que l’implantation de colza dans des parcelles de choux permettait de piéger les punaises du chou, Eurydema sp (1*). Les dégâts alors observés sur cette culture sont fortement réduits.
Les plantes présentes dans les bandes fleuries peuvent également héberger des pucerons, qui vont attirer précocement les auxiliaires (syrphes) lesquels, par la suite, iront pondre dans les foyers de pucerons des cultures. Les légumineuses (lotier corniculé, trèfle, vesce) sont intéressantes pour cet usage. En effet, elles attirent des pucerons qui leur sont spécifiques, sans danger pour les cultures du jardin. Ces pucerons constituent une ressource de nourriture pour les auxiliaires lors des périodes de disette ! De même, les soucis (Calendula sp) permettent d’attirer précocement des punaises prédatrices (Macrolophus sp) qui vont consommer thrips, araignées rouges, Tuta absoluta… C’est une technique couramment utilisée par les maraîchers sous serre (Encadré n° 1).
Bien choisir son mélange et son implantation !
Importance de la richesse spécifique des bandes fleuries
Afin d’attirer une plus grande diversité d’auxiliaires et ainsi de minimiser les dégâts occasionnés par certains insectes, il est essentiel d’avoir une richesse spécifique importante dans les bandes fleuries. Une grande diversité d’espèces florales peut fournir du pollen et du nectar à une plus grande diversité d’auxiliaires. En effet, l’exploitation des ressources florales par les insectes dépend de l’adéquation entre la morphologie des corolles des fleurs et des pièces buccales de l’insecte. Les syrphes sont notamment favorisés par la présence de la grande mauve (Malva sylvestris), d’achillées (Achillea sp), de matricaires (Matricaria sp) ou de phacélies (Phacelia sp). Les hyménoptères parasitoïdes de nombreux pucerons sont plutôt attirés par l’égopode (Aegopodium podagraria), la potentille rampante (Potentilla reptans) et l’achillée millefeuille (Achillea millefolium). Le bleuet (Centaurea cyanus), quant à lui, produit du nectar extra-floral, dont l’exploitation ne nécessite pas de morphologie spécifique des pièces buccales et peut donc être consommé par une large diversité d’insectes : coccinelles, syrphes, punaises… La période de floraison est également importante. Pour attirer de nombreux insectes dès le début du printemps, avant l’installation des ravageurs sur les plantes, il peut être utile d’avoir des essences à floraison précoce telles que le silène enflé (Silene vulgaris), le coquelicot (Papaver rhoeas) ou les matricaires (Matricaria sp). Le mélange doit donc associer des espèces florales complémentaires afin d’attirer une grande diversité d’arthropodes sur une longue période.
Des bandes fleuries au plus proche des plantes du jardin
La localisation des bandes fleuries est importante pour une bonne efficacité. Pour les insectes dont l’adulte a besoin de pollen et de nectar mais dont la larve consomme des ravageurs (chrysopes, syrphes, hyménoptères parasitoïdes), plus la ressource de pollen et de nectar sera proche de la zone de ponte des œufs c’est-à-dire du ravageur, plus la quantité d’œufs pondus sera importante (Encadré n° 2).
Des bandes fleuries qui perdurent dans le temps pour une plus grande efficacité
Enfin, il est important de réfléchir également à la façon dont la bande fleurie va être gérée au jardin. Mieux vaut choisir des espèces capables de se ressemer d’une année sur l’autre. Dans l’idéal, il faudrait également ne pas couper ou arracher les fleurs en cours de saison car cela priverait de façon brutale les insectes de leur source de nourriture. De plus, les bandes fleuries qui restent en place toute l’année peuvent constituer des zones d’hivernation pour de nombreux auxiliaires (carabes, punaises…).
Ainsi, lorsque la saison redémarre, les auxiliaires sont déjà sur place, ce qui constitue un gain de temps et d’énergie pour tout le monde !
Les bandes fleuries peuvent remplir de nombreux rôles au sein des jardins : attirer des auxiliaires, accroître le nombre de pollinisateurs, offrir des zones refuges pour l’hiver tout en apportant une touche très colorée. Mais il ne faut pas oublier que de nombreuses fleurs naturellement présentes dans les jardins (pâquerette, pissenlit, véronique) permettent aussi d’attirer des auxiliaires et des pollinisateurs utiles aux plantes des jardins. Pour améliorer la biodiversité de son jardin et améliorer sa récolte, il suffit parfois de laisser la nature faire.
Laurence Albert
Animatrice Écophyto, chambres d’agriculture de Bretagne
RÉFÉRENCES
(1*) Gard et al. La gestion des punaises phytophages en cultures maraîchères – le projet impulse à l’heure du bilan. Infos CTIFL. Janvier/février 2021 ; 368 : p19-28.
(2*) Résultats du projet Verger cidricoles de demain, IFPC http://www.ifpc.eu/programmes-de-recherche/verger/verger-cidricolede-demain.html
(3*) Albert L. Régulation naturelle du puceron cendré et aménagements agro-écologiques : l’exemple des vergers cidricoles du nord-ouest de la France. Sciences agricoles. Agrocampus Ouest. 2017. Français.