Les arbres pleureurs : Ces mal-aimés
Le jardin est une affaire de mode et force est de constater que les arbres pleureurs n’ont plus la cote.
Pourquoi ce ressenti ? Quels usages, quel sens un arbre pleureur peut-il offrir dans votre jardin ? Quelles sont les contraintes ou les avantages de ces arbres ? Nous vous livrons quelques conseils pour apprécier leurs atouts et pourquoi pas sauter le pas et vous en procurer un.
Pourquoi recommander les arbres pleureurs ?
Dans l’inconscient collectif, l’arbre pleureur symbolise le romantisme et la mélancolie par la forme de ses branches retombant comme des larmes. Il apporte élégance et grâce au jardin et suspend le temps pour inciter à la flânerie ainsi qu’à la tranquillité. D’un point de vue paysager, le port pleureur crée un point d’appel au jardin. Quelle que soit sa taille, il en constitue une pièce maîtresse. Il apporte de l’originalité et de l’intérêt même à de petits espaces. C’est le cas notamment du Sophora japonica ‘Pendula’, du Morus alba ‘Pendula’ ou du Betula pendula ‘Youngii.’ Ce port pleureur entraîne généralement une taille plus petite que l’espèce à port érigé, restant ainsi sous une hauteur de 10 mètres, exception faite du hêtre pleureur, du saule pleureur ou de l’Acer saccharinum Wieri qui restent des arbres de grand développement. L’arbre pleureur présente un port étalé, à l’image d’un parapluie ou d’une tonnelle, propice à l’installation d’un banc ou d’une balancelle par exemple. Il est conseillé de le mettre en valeur, isolé sur une pelouse, au bord d’une jolie pièce d’eau ou en massif, en composition avec des plantes de petite taille.
Pourquoi un arbre est-il pleureur ?
Le port pleureur est naturel, il résulte de mutations génétiques spontanées induisant le développement de rameaux plagiotropes, c’est-à-dire poussant à l’horizontal. Ces mutations sont apparues chez de nombreuses espèces et ont perduré pour s’adapter à des contextes particuliers, à l’image des ports rampants résultant de l’adaptation à des espaces naturels très ventés. Ces mutations pouvant évoluer et perdre leur caractère rampant ou pleureur, les pépiniéristes ont recours à des techniques de multiplication végétative, bouturage ou greffage, afin de conserver la forme pleureuse souhaitée. La plupart des arbres pleureurs commercialisés sont greffés afin d’intensifier le port pleureur. Les greffons pleureurs ou rampants sont greffés sur un porte-greffe type conduit généralement en tige. Le phénomène de gravité et la souplesse des rameaux viennent renforcer le port pleureur. Il faut compter a minima cinq à six ans pour obtenir un arbre tige pleureur. Dans le cas du saule pleureur, le cycle de culture est composé d’une action de bouturage suivie d’une année de croissance, puis d’une transplantation et de deux années de conduite en tige afin d’obtenir un houppier débutant à 1,8 mètre de hauteur, et enfin d’au minimum deux années de croissance pour développer le houppier pleureur. Pour le cas des arbres greffés, le porte-greffe est conduit pendant quatre ans puis une greffe de tête est effectuée avec le greffon pleureur ou rampant. La commercialisation de l’arbre tige pleureur est possible à partir de deux années de culture. Les greffages associent le porte-greffe type et le greffon pleureur ; le pommier pleureur est ainsi greffé sur le pommier commun, Malus domestica. Cette particularité se remarque par une trace de point de greffe à la naissance du houppier. La silhouette de l’arbre pleureur peut être assez variée : en forme de dôme (sophora, frêne ou mûrier blanc) ou plus éclatée, liée aux jeunes rameaux ayant dans un premier temps une orientation plus orthotrope que plagiotrope (bouleau, cerisier
ou pommier pleureurs).
Comment entretenir votre arbre pleureur ?
L’entretien des arbres pleureurs est très accessible, car ils nécessitent peu ou pas de taille. Quelques rameaux peuvent être taillés afin d’apporter une certaine transparence au sujet ou de supprimer les branches mortes. Le sophora pleureur est particulièrement sujet à un élagage naturel de ses branches, nécessitant ainsi quelques tailles d’entretien. Concernant les arbres greffés, il faut veiller à retirer les jeunes pousses situées sous le point de greffe à mesure qu’elles apparaissent, afin d’éviter que le type du porte-greffe ne prenne le dessus sur le sujet pleureur.
Laurent Chatelain et Charlotte Meyrueis
Pépinières Chatelain