Les animaux utiles au jardin : guide de lutte biologique de Vincent Albouy

 

Depuis 2019, les jardiniers amateurs n’ont plus le droit, pour protéger leur jardin, de recourir aux produits chimiques de synthèse. Des solutions, plus respectueuses de l’environnement et du jardinier, existent, fondées sur une connaissance de plus en plus précise des interactions entre les plantes et leurs agresseurs, qu’ils soient insectes, champignons, bactéries ou virus.

On parle des solutions de biocontrôle que la SNHF met à disposition de tous sur son site « Jardiner autrement » ou dans les dossiers de Jardins de France (www.jardinsdefrance.org/category/les numeros/suppression-des pesticides-le-grand-virage/). Mais, pour ce qui concerne les ravageurs, c’est-à-dire les animaux qui s’attaquent aux plantes du jardin, nul mieux que Vincent Albouy ne pouvait mettre à portée de tous un guide de lutte biologique.

En 2012, lors de la parution de la première édition, il était un pionnier. En 2017, lors de la seconde édition, il était un lanceur d’alerte. Aujourd’hui, les interdictions sont là et des solutions également. C’est pourquoi, nous vous recommandons avec un réel plaisir cet ouvrage.

 

Vivant contre vivant

Vincent Albouy organise son propos autour de quatre grands chapitres. Dans le premier, il explique ce qu’est la lutte biologique. Ainsi, pour combattre un ravageur ou une maladie, on lui oppose un autre organisme vivant qui va l’affaiblir ou le tuer selon différentes stratégies (vivant contre vivant!). Il nous raconte ses succès dès la fin du XIXe siècle, ses ratés et ses erreurs. Je vous laisse découvrir, les heurs et malheurs des coccinelles et de leurs proies. Vous vous rendrez compte à travers les exemples que la lutte biologique peut être très efficace, plus parfois que la lutte chimique, mais que la mise en œuvre nécessite quelques connaissances, que vous trouverez dans la suite de l’ouvrage.

La lutte biologique passive

Dans le deuxième chapitre, l’auteur nous présente la lutte biologique passive, celle qui favorise les auxiliaires sauvages en s’appuyant sur les ressources naturelles du jardin. Il attire notre attention sur le fait que l’efficacité des auxiliaires dépend évidemment de leur présence effective, favorisée par l’existence de zones-refuges, de nourriture en période de « disette » et l’absence de produits phytosanitaires qui suppriment sans distinction
auxiliaires et ravageurs. Chaque fiche traite d’un auxiliaire, explique ce que l’on peut en attendre et comment on peut favoriser sa présence. Et ne vous y trompez pas, même si certains (perce-oreille, crapaud, couleuvre, étourneau, chauvesouris…) sont traditionnellement mal considérés, leur rôle d’auxiliaire reste majeur. La lutte biologique passive n’est pas radicale, chacun y joue son rôle. Les ravageurs ne sont pas totalement éliminés mais restent en général en dessous du seuil de nuisibilité.

La lutte biologique active

Dans le troisième chapitre, l’auteur évoque la lutte biologique active, qui se déploie grâce à des auxiliaires d’élevage. Elle doit être mise en œuvre quand le seuil de nuisibilité est dépassé et que les pullulations menacent. Vincent Albouy nous décrit les auxiliaires disponibles pour le jardinier, leur biologie, leur mode d’utilisation et surtout leurs points forts et leurs points faibles. On découvrira avec intérêt, par exemple, que les coccinelles ne peuvent pas grand-chose quand les pucerons sont « exploités » par les fourmis.

Ravageurs et auxiliaires associés

Dans la dernière partie, l’auteur rapproche, sous forme d’un tableau de synthèse, ravageurs et auxiliaires. Vous y découvrirez que les limaces et escargots ont plus de prédateurs qu’on ne l’imagine: carabes, crapauds, lézards, hérissons, musaraignes et nématodes des limaces. Je ne peux terminer ce petit texte sans attirer votre
attention sur les magnifiques photos qui illustrent ce monde minuscule mais néanmoins impitoyable.

 

Noëlle Dorion
Présidente du comité de rédaction de Jardins de France