Lepage, un grand nom des vivaces…

Cristiana Oghina-PavieColette Cassin

Une vision large du végétal, qui prend en compte tant le choix des variétés que l’usage des plantes produites, est sans doute la principale caractéristique des pépinières Lepage. Connaître, tester, partager, transmettre… l’aventure des pépinières Lepage est guidée par des choix généreux, non seulement dans l’intérêt de l’entreprise, mais de toute la profession horticole…

Luc André Lepage a apporté les outils nécessaires pour assurer la stabilité financière et le développement de la pépinière. En 1985, l'ensemble des productions est regroupé sur le site actuel des Ponts de Cé © DR

La famille Lepage est un acteur incontournable du monde végétal depuis 1830. Jardinier et producteur, Jean Lepage est surtout connu pour son travail sur les roses. Son fils Emmanuel se spécialise dans les plants de vigne et fruitiers. Il devient aussi professeur de viticulture et d’arboriculture fruitière à la Société d'Horticulture d’Angers. A ce titre il écrit un livre sur le greffage de la vigne, suite à la crise du phylloxéra. Ses deux premiers fils, Henri et Marcel développent la pépinière dans la première moitié du XXe siècle, avec entre autre la découverte de l’arcure LEPAGE.

Déjà 50 ans d’existence… Le troisième fils, Emmanuel Lepage, préférera, lui, se tourner vers l’art du jardin dont il fait son métier. Par passion personnelle, il développe une collection de plantes vivaces, qu’il multiplie et intègre à ses créations paysagères. Petit à petit, en même temps que la demande croît, la production se développe. En 1971, quand il passe la main à son fils, Luc André, plus de 300 000 plantes sont vendues chaque année, principalement dans le secteur paysager.
 

Henri, Marcel et Emmanuel Lepage vers 1911 © DRLes débuts

Après avoir travaillé avec ses frères pépiniéristes et suivi des cours du soir « Jardinier 4 branches » comprenant le dessin paysager à la Société d’Horticulture d’Angers, Emmanuel Lepage complète en Belgique et en Suisse sa formation de pépiniériste et de paysagiste, rare à cette époque. Volontaire et talentueux, il débute réellement dans le métier de conception des jardins et, dès son retour à Angers, il crée sa propre entreprise de paysage. Les pépinières importantes de la région angevine avaient alors développé un petit secteur de plantes vivaces.

Exigeant, Emmanuel Lepage ne trouve cependant pas la gamme indispensable pour ses différentes utilisations ou associations. Aussi il commence une production de plantes vivaces tout d’abord pour ses besoins, puis très rapidement pour les pépiniéristes et les paysagistes locaux.

 

Et l’histoire continue…

Formé en Droit et en Sciences- Politiques, Luc André apportera les outils de formation et de commercialisation
(CD-ROM, guide…) ainsi qu’une structure financière et matérielle qui permettra le développement de l’entreprise. L’ensemble des productions sera regroupé en 1985 sur le site actuel des Ponts de Cé. Et enfin, en 2003, ce sont de nouveau des profils inhabituels qui prennent la relève. Christian Crépin et Michel Le Damany quittent leur poste d’ingénieur Télécom chez Alcatel - Lannion, pour reprendre les pépinières et vivre de leur passion de toujours : les plantes ! Ils développent un deuxième centre de production avec un jardin de démonstration à Pleumeur-Bodou, ou ils cultivent une large gamme de végétaux dont beaucoup de plantes adaptées au ‘bord de mer’.

 Vivaces des établissements Lepage © Colette Cassin

Nouvelle obtention de la maison Lepage - Mérite de Courson automne 2011 - Le Molinia "Les Ponts de Cé" est une graminée rustique et peu exigeante aux tiges pourpres - © Jean-Pierre Delagarde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La création paysagère et la production de vivaces…

Paysagiste et producteur, Emmanuel Lepage est à la fois créateur, producteur de plantes et se veut constamment pédagogue. Il garde toujours à l’esprit l’idée de le partager, de convaincre et de plaider en faveur des qualités des plantes vivaces, encore méconnues du public et des paysagistes. Selon lui, « 70% des paysagistes les ignoraient totalement et le reste, sauf d’heureuses exceptions, ne les employaient qu’exceptionnellement » [1]. Ce sont les responsables des services des espaces verts des villes, à l’instar des jardiniers anglosaxons, qui ont compris les premiers, l’intérêt d’une utilisation des plantes vivaces dans les parcs et jardins publics.
Emmanuel Lepage profite du compte rendu d’un voyage en Angleterre organisé par la Société Nationale d’Horticulture de France à la fin du mois de mai 1968, pour insister sur l’utilisation de plantes vivaces en France comme dans les « mixed-borders » anglais. Dans un article de Jardins de France, il explique la réticence avec laquelle les jardiniers français approchent les plantes vivaces, en employant, délibérément ou pas, des figures de style qui ne sont pas sans rappeler une certaine image de la société en mai 1968 : « Peut-être, craint-on, qu’opposées aux autres plantes classiques, elles ne puissent soutenir la comparaison, qu’elles ne soient pas suffisamment bien élevées pour se tenir en société, qu’elles ne respectent pas les conventions établies ; en en mot, qu’elles passent pour des révolutionnaires … » [2].


Conseiller, transmettre, partager…

Les publications et les catalogues des Etablissements horticoles Lepage sont empreints d’un souci d'information. En 1971, Luc-André Lepage reprend et développe la pépinière de plantes vivaces, tandis que son père, Emmanuel, continue à exprimer ses vues dans des fiches pratiques sur les plantes vivaces, les plantes médicinales, aromatiques et condimentaires ou les plantes aquatiques. Ces écrits ne sont jamais de simples listes de noms de plantes. Chaque brochure est, au contraire, une véritable plaidoirie qui laisse entrevoir la ferveur avec laquelle le paysagiste défend les plantes vivaces : « Bien sûr, elles passent pour être les « enfants terribles » du monde végétal, mais cela donne du charme, de la fantaisie, toutes choses que ne procure guère la vie moderne : organisée, canalisée, architecturée ! ». Éminent botaniste, Emmanuel Lepage était souvent sollicité pour identifier une plante, pour trouver le sujet idéal pour une situation donnée, faire un plan de massifs ou de rocaille… La pépinière a toujours suivi cet exemple et donné la priorité au conseil, parfois même au-delà de sa spécialité. Les nombreuses conférences et les formations auprès des utilisateurs ont permis de faire mieux connaître la vaste gamme et ses emplois.

Chrsitian Crépin et Michel Le Damany développent un deuxième centre de production à Pleumeur-Bodou. Lors de la remise des Mérites à Courson, en compagnie de gracieuse graminée Stipa calamagrostis © DR

Des projets d’intérêt commun

Dans une brochure intitulée Harmonie des couleurs, Emmanuel Lepage « plaide pour que partout, du plus grand au plus modeste jardin et dans les intérieurs, des fleurs viennent embellir et égayer notre vie ». Les remarques générales sont complétées par des propositions d’un choix d’espèces et des variétés qui, en fonction de l’époque de floraison et de leur taille, donneront, mois après mois, l’harmonie chromatique souhaitée. « En avril, le Doronicum jaune pur, le Saxifraga decipiens rouge ou rose, l’Iris lilliput ‘Brassie’ jaune chrome, le Viola cornuta bleu, le Geum rouge… ». Dans les massifs des quatre saisons, les jardins miniatures ou en rocaille, les atouts esthétiques des vivaces s’accompagnent de conseils pratiques. Chaque année, de nouvelles variétés viennent enrichir la collection existante. Seule une recherche continue permet de trouver la plante différente et adaptée à une utilisation spécifique à l’instar de Phragmites australis, introduit en 1990 et destiné aux stations d’épuration.
 

Des projets d’avenir

Depuis 2003, date de la reprise des pépinières Lepage, Christian Crépin et Michel Le Damany développent la gamme, les nouvelles techniques de production et mettent en place des outils modernes de communication : site Internet avec moteurde recherches, espace professionnel sur Internet, nouveau Guide Lepage avec de nouvelles photos, application du QR code (Flash Code) pour chaque plante, etc… Les pépinières Lepage exploitent tous les progrès technologiques au service de la connaissance et de l’utilisation des plantes. Produire proprement en préservant l’environnement est devenu aussi leur souci majeur et quotidien. À ce sujet, elles ont obtenu le label MPS (catégorie A). L’authenticité et la diversité végétales restent les valeurs essentielles des pépinières Lepage qui garantissent l’avenir d’une production… qui restera « vivace ».

Le guide des plantes vivaces pépinières Lepage

Le catalogue des plantes cultivées avec les nouveautés des  Etablissements Emmanuel Lepage est publié tous les ans. Tous les trois ans environ paraît un guide complet de la collection, avec le souci de présenter les plantes par couleurs, par usages et par époque de floraison.

Grande innovation, à partir de 1988, le premier CDROM Plantes Vivaces est proposé et également 10 000, puis 20 000 exemplaires du Guide Lepage sont vendus à chaque nouvelle édition. Il est le résultat d’une démarche toujours ouverte, toujours pédagogique, de collection et de diffusion de plantes autant que de connaissances botaniques et paysagères.

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

[1] Correspondance d’Emmanuel Lepage à M. A. Souzy, le 25 février 1980. Collection particulière de la Famille Lepage.

[2] M. Lepage, « Voyage d’études aux pépinières anglaises du 27 mai au 1er juin 1968 » dans Jardins de France nouvelle série, 1969, février N°2, p.

 

3 thoughts on “Lepage, un grand nom des vivaces…”

  1. J’ai toujours des vivaces LEPAGE (commandées il y a bien des années) Aujourd’hui que puis-je planter sous mes arbustes de haies (j’ai déjà quelques coussins de campanules) qui pourraient fleurir de mai à octobre ? L’exposition est soleil/mi-ombre, le sol plutôt calcaire. J’habite en Gironde. J’ai toujours eu satisfaction avec vos produits. A bientôt sur la toile. Mme Sahun

  2. bonjour
    Je suis à la recherche d’informations, sur les créateurs d’Arcure Lapage:
    où pourrais-je trouver leurs histoires,
    avec mes grands remerciements
    très cordiales salutations jardinières
    Martine BRIZARD

    1. Bonjour,

      Nous vous invitons à poser votre question aux experts de la SNHF sur le service de questions/réponses HortiQuid: http://www.hortiquid.org. Ils se feront un plaisir de vous répondre.

      Bien cordialement.
      L’équipe de la SNHF

Les commentaires sont fermés.