Le recépage des arbres ou des arbustes
Noëlle Dorion , Augustin Bonnardot
Le recépage est une opération que vous savez utile pour rétablir la santé d’un arbre ou harmoniser la forme de certains des sujets de votre jardin. Mais vous ne savez pas comment faire et trouvez, chaque année, une raison pour reporter ? Plus d’excuse, Jardins de France vous explique comment vous y prendre !
Le recépage consiste à couper un arbre ou un arbuste à proximité du collet. Cette action provoque, sous certaines conditions, l’apparition de rejets sur la souche et parfois de drageons sur les racines traçantes. Les rejets qui apparaissent sur la souche présentent alors les caractéristiques de croissance des individus jeunes.
Pourquoi recéper ?
Il est possible de recéper pour régénérer la partie aérienne blessée ou mal conformée d’un végétal afin de former un nouveau tronc rectiligne ou une cépée. Le recépage peut aussi être réalisé sur une tige saine pour former une cépée, c’est-à-dire plusieurs troncs se développant sur une même souche. En rajeunissant la partie aérienne, l’opération participe à la mise en valeur de l’écorce décorative de certains végétaux (érables jaspés, bouleaux, cerisiers, cornouillers, saules…) ou à l’obtention de feuilles surdimensionnées (recépage annuel des Paulownia ou des Catalpa…). Le recépage permet aussi de créer des ramifications basses (sur des arbustes à base dégarnie ou pour la formation ou le rajeunissement des haies), de maintenir le développement aérien à une hauteur donnée et de gérer des bosquets sous forme de taillis.
Pourquoi recéper ?
Deux paramètres doivent être pris en compte pour s’assurer qu’une souche va produire des rejets : son espèce et sa vigueur. En effet, d’une manière générale, les feuillus rejettent bien de souche. Les plus performantes sont celles des peupliers, des saules, des aulnes, des châtaigniers, des charmes, des tilleuls, des ormes, des érables et des mûriers. Les plus vigoureux peuvent faire, après le recépage, des pousses de plus de deux mètres de haut lors de la première saison de végétation. Les robiniers faux acacias, les sophoras du Japon, les platanes, les ailantes, les féviers d’Amérique, les copalmes d’Amérique, les catalpas, les paulownias, les micocouliers et les eucalyptus sont aussi très performants. Les chênes, les frênes, les sorbiers, les merisiers, les noyers, les bouleaux et le ginkgo rejettent aussi, mais avec moins de vigueur. Le hêtre ne rejette pas en plaine, mais il a la particularité de rejeter relativement bien en altitude lorsqu’il est jeune. Les arbres fruitiers de la famille des rosacées ne supportent pas le recépage. De même, les résineux ne rejettent pas de souche sauf les ifs, Sequoia sempervirens, Metasequoia, Taxodium, Cryptomeria et Araucaria.
La majorité des arbustes caduques ou persistants peuvent être recépés sauf le buis, les cistes, les daphnés, les genêts, le grenadier, les hamamélis, le houx, le piéris, le prunellier, le mimosa et le romarin. Le recépage des éricacées, Rhododendron et Camellia, est possible mais reste délicat. Ces arbustes recépés ne fleuriront pas l’année du recépage.
Les arbres ou les arbustes, doivent être vigoureux pour bien rejeter de souche. Il est nécessaire d’attendre deux ou trois années après la plantation avant de recéper. D’une façon générale, la faculté à rejeter de souche s’atténue avec l’âge. Les arbres âgés rejettent moins puis, pour certains, plus du tout.
Comment recéper ?
La coupe doit être réalisée de façon nette (sans déchirure), à la base du tronc, au-dessus du collet, soit environ 2-3 cm au-dessus du sol, 10-15 cm pour les arbustes et, surtout, au-dessus du point de greffe pour éviter l’affranchissement de ce dernier. Il convient de ne pas faire la coupe trop haute car le bois ancien de la souche s’altérera au cours du temps. Les rejets situés sur la partie haute de la souche risqueraient ainsi d’être mal ancrés.
Le recépage doit se faire hors période de végétation et de préférence en fin d’hiver, avant le démarrage de la végétation. La souche doit être laissée en pleine lumière. Réaliser l’opération en fin de printemps ou au début de l’été pourra s’avérer fatal pour le végétal.
La taille de sélection est réalisée en été (fin juin, début juillet) ou l’hiver suivant le recépage. Il est possible qu’un ou plusieurs troncs soient plus vigoureux que les autres. Les brins les plus vigoureux seront affaiblis en limitant leur hauteur et en éliminant les ramifications qui gênent le déploiement des brins à favoriser.
Pour former un tronc unique, le rejet situé du côté du vent dominant sera, dans la mesure du possible, conservé (c’est le plus résistant au vent). Par précaution, il est tout à fait possible de conserver deux rejets et d’éliminer le moins « bien venant » l’année suivante. Si l’on souhaite former un tronc vertical et droit, on conduira le rejet le long d’un échalas. Les années suivantes, il faudra éliminer les nouveaux rejets de l’année jusqu’à ce que l’arbre se stabilise.
À lire
Augustin Bonnardot, Le Recépage CAUE 77 (www.arbres.caue77.org)
Au printemps suivant la coupe, des rejets apparaissent sur la souche. Ceux qui se développent sous la coupe, à partir de bourgeons proventifs (A), sont mieux ancrés. Les rejets se développant sur le bourrelet de recouvrement, à partir de bourgeons adventifs (B), sont moins bien ancrés et risquent de s’arracher facilement, c’est pourquoi il vaut mieux les éliminer. Cependant, tous les rejets sont fragiles pendant leurs deux premières années. Ceux situés à la base de la souche pourront développer un nouveau système racinaire autonome qui assurera un avenir plus durable aux nouvelles tiges.
Pour former une cépée, il faut conserver un, trois, cinq rejets ou davantage (un nombre impair est généralement préféré pour des raisons esthétiques). Ce sont les rejets les plus vigoureux et les mieux implantés qui sont conservés. Ils sont sélectionnés de façon à être assez éloignés les uns des autres afin d’éviter l’apparition d’écorces incluses lorsque les tiges grossiront. Plus le diamètre de la souche est grand, plus la mise en place des inclusions sera retardée.