Le jardin éducatif et thérapeutique de Vezenne : un jardin extra-institutionnel
Le jardin de Vezenne, en Sologne, se définit comme un « jardin-outil », un « jardin-support » pour le soin des personnes, quel que soit leur âge. Il est le fruit d’échanges entre Florence Gottiniaux, paysagiste concepteur, et Emmanuelle Lutton, intervenante du jardin de soin. Il a vu le jour grâce à un financement et à des chantiers participatifs, ainsi qu’au mécénat d’entreprise. Des activités à visée thérapeutique autour des plantes y sont mises en place.
Le jardin « hors les murs » de Vezenne est né d’une rencontre avec Emmanuelle Lutton lors d’une formation à Chaumont-sur-Loire. Elle souhaite alors comprendre les fondements de la relation végétal et santé, et acquérir les connaissances nécessaires pour construire son projet. Peu de temps après, Emmanuelle me recontacte : elle aurait besoin d’aide pour articuler les espaces d’accueil du jardin. Avec ses collègues, elle souhaite créer « un lieu où la respiration est possible ; une pause dans l’univers des collectivités et des institutions. Un endroit refuge, ressource, extra-institutionnel qui permet à chacun (enfants, parents, accompagnateurs, équipe, aidants…) de s’extraire d’un quotidien. « Nous voulons créer un jardin-outil, un jardin support pour le soin des personnes » (1*), explique-t-elle.
La création du jardin, un temps d’échange essentiel entre le concepteur et le porteur de projet
Le jardin de Vezenne, du nom du ru qui le borde, va s’enraciner sur une parcelle de 4 000 m², non loin de Lailly-en-Val, en Sologne. Un étang offre à l’ouest sa surface apaisante, recouverte de lentilles d’eau. À l’arrière, de grands aulnes suivent le tracé du ruisseau qui remonte vers le nord. À l’est, une habitation et ses dépendances créent un espace tampon avant la route secondaire peu passante. Au sud, se trouvent un jardin privé puis une autre habitation. Le lieu est calme, serein. Nous posons ensemble les objectifs du jardin. Il doit accueillir des publics fragilisés venant pour des activités extra institutionnelles. Les structures accueillies iront de l’Ehpad, à la MAS*, au centre poly-addictionnel… « L’outil » doit donc être polyvalent car les spécificités et pathologies sont très variées. La vocation de la partie à aménager est d’accueillir la zone d’activités accessible à tous, où les ateliers seront mis en place. Les groupes ne dépasseront pas huit personnes, des bacs de plusieurs hauteurs devront s’adapter aux différentes postures possibles en situation de handicap (assis, en fauteuil, debout, enfant, adulte…). Une discussion croisée avec les porteurs de projet est capitale. En fonction des spécificités de l’établissement et de son fonctionnement, le concepteur peut trouver la meilleure organisation spatiale et proposer différentes ambiances qui guideront le choix de la palette végétale et des matériaux.
La conception du jardin, recherche d’équilibre entre harmonie et fonctionnalité
Je propose de positionner l’espace d’activité près de la serre, dans cet espace central proche des commodités. L’attraction des animaux, proches, constitue un point d’intérêt non négligeable. Je place un figuier pour marquer cet espace de convivialité et d’activité, avec quelques bancs. Cet espace serait délimité par des aromatiques à l’est, et par une petite haie au sud. À l’ouest, le jardin d’eau avec des graminées et des vivaces offre une vue dégagée et apaisante sur le plan d’eau, tout en le mettant à distance pour la sécurité. La pergola et toute la partie sud du jardin sont dévolues à la déambulation, à la contemplation, à la cueillette ou à la récolte de matériaux pour les ateliers ou les besoins du potager.
Le petit bois est un espace « tampon », réserve de matériaux lui aussi, qui isole la partie jardin promenade et contemplation du potager. Il sera aussi une réserve écologique pour l’avifaune. Les aromatiques et la prairie fleurie aident à la pollinisation. La saulaie et le jardin d’eau seront un refuge pour la faune des milieux aquatiques. Tout ce vivant permet d’accompagner la personne fragilisée vers un mieux-être, une restauration progressive des animaux, proches, constitue un point d’intérêt non négligeable. Je place un figuier pour marquer cet espace de convivialité et d’activité, avec quelques bancs. Cet espace serait délimité par des aromatiques à l’est, et par une petite haie au sud. À l’ouest, le jardin d’eau avec des graminées et des vivaces offre une vue dégagée et apaisante sur le plan d’eau, tout en le mettant à distance pour la sécurité. La pergola et toute la partie sud du jardin sont dévolues à la déambulation, à la contemplation, à la cueillette ou à la récolte de matériaux pour les ateliers ou les besoins du potager. Le petit bois est un espace « tampon », réserve de matériaux lui aussi, qui isole la partie jardin promenade et contemplation du potager. Il sera aussi une réserve écologique pour l’avifaune. Les aromatiques et la prairie fleurie aident à la pollinisation. La saulaie et le jardin d’eau seront un refuge pour la faune des milieux aquatiques. Tout ce vivant permet d’accompagner la personne fragilisée vers un mieux-être, une restauration progressive.
Les plantes, éléments essentiels d’un jardin thérapeutique
Le végétal est un élément très important du jardin de soin, puisque tout le caractère thérapeutique s’appuie sur la relation avec le vivant. Dans la conception du jardin, nous avons le choix vers trois types de végétaux.
• Des plantes structurantes vont créer les différents espaces et leurs ambiances : la saulaie, le verger et sa prairie fleurie, le petit bois…
• Des plantes ressources vont servir de matières premières pour les activités : saule, noisetier, bambous, graines…
• Et des plantes à fort caractère sensoriel. Les plantes dont le toucher est particulier restent privilégiées : feuilles ou tiges piquantes (bourrache) ou duveteuses (oreille d’ours), fruits ou graines fines et translucides (monnaies-du-pape), piquantes ou duveteuses (queue-de-lièvre)… Du côté olfactif, entre l’Akebia à odeur de chocolat, la sauge-cassis, toutes les menthes, l’herbe au bitume, la plante à curry… le choix est large pour surprendre les narines ! L’ouïe est un sens plus délicat à travailler mais le jardin en lui-même apportera déjà son concert d’oiseaux et d’insectes. Cependant, on peut aussi « jouer » avec certains végétaux : les belles graines de la nigelle de Damas sont de véritables hochets miniatures. Il est également possible de créer des instruments à base de végétaux ou des mobiles qui s’agiteront et chanteront dans le vent… Bien entendu, le goût est un sens qu’il est facile de développer au jardin: tous les fruits acides, sucrés, juteux sont autant de découvertes pour les papilles. Le regard sera également attiré par la variété des couleurs, des formes, de la taille et la silhouette des végétaux. Progressivement, le jardin s’enrichit. Emmanuelle est toujours à la recherche de nouvelles espèces intéressantes pour ses ateliers.
La réalisation, un budget serré mais un temps de partage fondateur pour le jardin
Le jardin de Vezenne voit le jour par le biais d’une association. Son budget est très restreint : 6 000 euros ont été récoltés en financement participatif et en mécénat d’entreprises locales. Sa réalisation se fait donc par le biais de chantiers participatifs, ce qui permet d’allouer à la fourniture des matériaux et au mobilier une grande majorité de l’enveloppe. En 2020, la terrasse sur pilotis a été réalisée « au-dessus » de la mare. Cet investissement a été financé grâce à un appel à projets de l’AG2R LM. Cela reste un des seuls moyens d’obtenir des budgets en vue de développer les ressources techniques pour ce type de jardin.
Les activités créées en fonction des objectifs thérapeutiques
Chaque atelier est conçu en fonction des objectifs éducatifs et/ou thérapeutiques préalablement définis avec l’équipe accompagnatrice. Quand Emmanuelle accueille ses « invités », elle est tout axée sur la prise en charge, la mise en œuvre de ce qu’elle a prévu, l’adaptant toutefois à l’état du moment de la personne accueillie, pour permettre une progression dans l’objectif thérapeutique recherché. Après deux ans, le planning est complet sur plusieurs mois, il a été un peu interrompu durant le premier confinement. La situation sanitaire a mis en lumière la nécessité du contact et de l’immersion dans la nature. Ce jardin « hors les murs » offre une vraie pause biophilique en dehors de l’institution.
Florence Gottiniaux
Paysagiste-concepteur
(1*) Extrait de l’article Le jardin de Vezenne: un jardin éducatif et thérapeutique « hors les murs » – 1er juillet 2019. Blog d’Isabelle Boucq, Le bonheur est dans le jardin. https://lebonheurestdanslejardin.org/
(2*) La FFJNS, Fédération française jardins nature et santé, fait un pas de plus chaque jour pour rapprocher l’humain de la nature. Elle a pour vocation de fédérer les acteurs des domaines du prendre soin par la relation à la nature, de promouvoir le développement des jardins thérapeutiques, des différentes pratiques mais aussi de soutenir les professionnels de ces domaines.