Le jardin de l’Abbaye : prix d’excellence Bonpland
Éliane de Bourmont , Frédéric Pernel , Nicole Boschung
Un jardin exceptionnel a reçu en 2014 le prix d’excellence parmi les lauréats Bonpland. Sa perfection tient à la fois de sa conception, de la diversité de ses ambiances, de la beauté des végétaux et de leurs associations, de l’entretien, de sa superficie, des collections. Ce n’est pas encore assez. Il la doit aussi à la richesse des symboles, à la créativité, au respect de l’histoire des lieux et à la technicité des espaces paysagers…
Le jardin de l’Abbaye a investi une ancienne abbaye cistercienne de femmes fondée en 1224 par Isabelle, comtesse de Chartres. Ce lieu conserve les éléments d’un cloître à doubles colonnes et portail fortifié inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Un parcours étonnant
Le long parcours en 18 thèmes permet de profiter de très belles vues sur la vallée de l’Eure et sur une végétation choisie.
Des allées transversales suivent une longue pièce d’eau traversant la propriété. Ce long parcours est ponctué de bancs, de quatre ponts d’inspirations japonaise et anglaise et d’une série de six statues modernes du sculpteur sur bronze anglais Philip Jackson. Elles évoquent la méditation et la sérénité : Guided Missal, Reading Chaucer, Chanting Cimarosa, Sarabande, Exultate Jubilate, Mr Bennett’s Daughter.
Quelques-unes des ambiances offertes
Le jardin d’eau a trouvé sa place au coeur des extensions foncières et des nouveaux aménagements du jardin de l’Abbaye.
En contrepoint se trouve un jardin sec appelé jardin blanc du cloître, en adéquation avec la minéralité du bâtiment et avec la virginité des moniales. Suivant l’exemple de la nature humaine, l’idée spirituelle est venue d’y juxtaposer un petit jardin du Diable, aux floraisons noir et feu, lieu confiné et inquiétant.
Le spectacle des saisons
Le printemps est haut en couleur avec les Cornus florida ‘Cherokee Chief ’ et les Prunus matsumae. L’été est glorieux. Les Acer (34 variétés, tableau en bas d’article), se remarquent par leur élégance et leur diversité.
Les effets automnaux sont donnés par : Parrotia persica, Nyssa sylvatica et N. sinensis, Cornus, etc. dont les couleurs vives entrent alors en accord avec les Aster et Miscanthus.
L’hiver permet d’admirer les écorces de Betula nigra, de B. costata, de B. albosinensis, de Prunus serrula et d’Acer griseum, A. pensylvaticum, A. tegmentosum, etc.
La lumineuse roseraie de la fontaine
Morceau de choix, rarement égalé, la roseraie assemble de tendres nuances de fleurs, agrémentées de nuages de Geranium, de Crambe et de Lunaria, animées des flèches d’Eremurus, de Delphinium, et de Digitalis. Partout de nombreux topiaires, lesquels permettent une conversion hivernale différemment garnie et ornée.
Quand l’expérience mène aux projets
Sous une voûte de grands arbres a été dessiné un jardin de sous-bois. La strate arborée et arbustive est enrichie d’érables du Japon, de Rhododendron, Cornus, Stewartia, Daphne, Sarcococca, etc. Selon la lumière disponible sont disposés des massifs de plantes couvre-sol aux besoins et aux effets divers. Rodgersia, Helleborus, Erythronium, Thalictrum, Hosta, fougères, Iris sibirica, etc. Notons au passage que Epimedium acuminatum, E. perralderianum et E. pinnatum poussent naturellement sous les chênes et sous les conifères. Epimedium donne des tapis homogènes d’un feuillage parfois persistant.