Le forçage pour des rameaux fleuris en hiver
Jean-François Coffin
Un petit air de printemps chez vous pendant l’hiver, c’est possible ! Alors que vos arbustes à fleurs dorment dans votre jardin, vous pouvez les réveiller et faire fleurir leurs rameaux dans votre salon. L’arbuste type pour le forçage est le Forsythia mais d’autres espèces peuvent s’y prêter comme les prunus, voire des arbres ou arbustes intéressants pour leur feuillage.
Pas besoin d’attendre le printemps pour avoir de beaux rameaux fleuris de Forsythia grâce au forçage - © J.-F. Coffin
Le forçage, comme son nom l’indique, est la technique qui consiste à forcer un végétal à épanouir ses boutons floraux ou ses bourgeons à feuilles alors qu’ils sont encore au repos, l’hiver, dans le jardin. Il concerne les espèces qui ont formé leurs bourgeons floraux avant l’hiver.
Un certain nombre de conditions sont à respecter pour la réussite de l’opération. A commencer par attendre que le végétal ait subi une période de froid qui lève la dormance avant de prélever les rameaux à forcer. La nature a tout prévu pour que les plantes restent endormies pendant l’hiver afin que les bourgeons n’éclosent pas avant le printemps. C’est le phénomène de dormance (cf. encadré).
On estime qu’il faut que la plante ait subi pendant plusieurs jours voire plusieurs semaine selon les espèces une température inférieure à environ 5°C. Et si l’on est pressé de forcer les rameaux, on peut remplacer l’hiver en les mettant en chambre froide.
Soignez les rameaux coupés
Vous pouvez alors prélever vos rameaux. Choisissez ceux qui ont des bourgeons les plus « gonflés » possible, ce qui présage des fleurs plus volumineuses. Plus vous prélèverez le rameau à une date proche de sa floraison naturelle, plus elle sera rapide en forçage.
La longueur du rameau coupé doit se situer entre 50 cm et 1 mètre maximum. Avant de mettre en vase, pour favoriser l’absorption de l’eau des tiges ligneuses, couper la branche en biseau sous l’eau pour éviter qu’une bulle ne se forme et obstrue les vaisseaux au moment de la mise à l’eau. Certains préconisent de fendre leur base avec un couteau.
Mais il faut aussi veiller à ce que les vaisseaux ne soient pas obstrués par les bactéries pullulant dans de l’eau croupie. Une petite goutte de javel ou un morceau de charbon limiteront ce phénomène, que l’on complètera par un morceau de sucre pour « nourrir » les bourgeons. Une solution spéciale, fleurs coupées, fera aussi l’affaire.
Jardins de France 633. janvier-février 2015