Le cas du plant de fraisier
Le fraisier présente la particularité d’émettre des stolons en plus ou moins grande quantité. Excepté pour la fraise des bois (Fragaria vesca), le plus souvent multipliée par semis, les fraisiers à gros fruits (Fragaria x ananassa) sont reproduits facilement en utilisant les jeunes plants qui apparaissent sur les « filets », ou stolons, et s’enracinent aisément. Il suffit de laisser croître les stolons sur un sol maintenu humide et les rosettes émettent immédiatement des racines.
La plantation se fait à l’automne à racines nues. On peut aussi récolter ces jeunes plants portant deux ou trois feuilles et les repiquer en godets maintenus humides et ombrés pendant quelques jours. Le plant en motte ainsi formé est mis en place après cinq à six semaines en été.
Attention aux risques sanitaires
Soulignons les dangers liés à l’autoproduction de plants par le jardinier. Ce mode de multiplication est la voie de transmission de différentes maladies, notamment plusieurs viroses graves transmises par les pucerons, provoquant le plus souvent un nanisme des plantes et leur stérilité complète, plusieurs champignons (Phytophthora fragariae et P. cactorum, anthracnose due à Collectotrichum accutatum) et une bactérie due à Xanthomonas fragariae.
Ce sont tous des « organismes réglementés » qui, en France, font l’objet de mesures strictes et contrôlées par le SOC (Service officiel de contrôle (1) ), dans les champs des professionnels producteurs de plants de fraisier. Le SOC délivre la certification dont l’étiquette accompagne chaque lot de plants commercialisé, garantissant l’état sanitaire et l’authenticité variétale. On trouve aussi dans le commerce des plants provenant d’autres pays de l’Union européenne, qui portent seulement l’étiquette « PP » et dont les garanties peuvent être moindres.
Des précautions à prendre
Le jardinier peut-il multiplier lui-même ses plants ? Rien ne l’en empêche sur le plan réglementaire. Les risques de voir apparaître les dangers évoqués précédemment sont faibles à condition de prendre quelques précautions :
• Choisir les stolons provenant de pieds-mère sains et vigoureux, que ce soit dans son propre jardin ou dans celui d’un ami ;
• Préférer prélever les stolons à l’époque de la production des fruits plutôt qu’en fin de production ;
• Pour les variétés remontantes produisant moins de stolons, utiliser les premiers stolons ;
• Éliminer les plants douteux (feuillage anormal, racines noires) et peu vigoureux ; au besoin couper quelques « cœurs » (appelés faussement « rhizomes ») pour vérifier l’absence de nécroses brunes ;
• Revenir tous les deux ou trois ans à une plantation avec des plants certifiés SOC.
Et bien sûr, respecter une rotation de plusieurs années entre deux cultures de fraisier sur le même sol !
De gauche à droite : Rosette issue de stolon, racinée en terre et plantée en godet – Jeune rosette encore rattachée au piedmère par le filet et mise à raciner dans un godet – Microbouturage in vitro – Coupe de cœur de fraisier dépérissant à la reprise : brunissement dû à P. cactorum © D. Veschambre
D. Veschambre
(1) Règlement technique de la production et du contrôle des plants certifiés de fraisiers (Arrêté daté du 28 mai 2020, publié le 30 mai 2020 au JO).