Le canal de l’Eure : ultime tentative d’alimentation des fontaines de Versailles
Janine Christiany
« Une cruelle folie », s’est exclamé Saint-Simon au sujet du canal de l’Eure prévu pour alimenter en eau Versailles au temps de Louis XIV. Des travaux gigantesques ont été entrepris qui ont couté la vie à de nombreux ouvriers et englouti des sommes considérables pour finalement être abandonnés !
Canal à Fontaine-la-Guyon
Versailles incarnera, au fil du temps, la magnificence du règne de Louis XIV et sera le lieu d'exposition des arts et des nouvelles techniques qui seront largement diffusés dans toute l'Europe. Tout au long de son règne, ce sera une suite ininterrompue de travaux. La situation géographique est pourtant peu favorable. Saint Simon, toujours critique, écrit, à ce propos, dans ses mémoires : « (le Roi) abandonna (Saint-Germain) pour Versailles, le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre, parce que tout y est sable mouvant ou marécage, sans air par conséquent qui n'y peut être bon »[1]. Le château de Louis XIII, juché sur une légère butte, dominait une vallée étroite, marécageuse, encadrée par les plateaux boisés de Rocquencourt et de Satory. De faibles sources jaillissent du sol, quelques rus rassemblent les eaux de pluie, de bien maigres dispositions pour créer un jardin digne d'un Roi, tel que l'époque le conçoit, animé de fontaines, de nappes, de cascades et de jets, de théâtres et de montagnes d'eau. Pourtant Versailles formera peu à peu un ensemble réparti sur plusieurs kilomètres, avec son château, son parc et sa ville nouvelle. Il faudra niveler les buttes pour créer les perspectives, assainir le terrain et, pour cela, creuser bassins, pièces d'eau et canal, agrandir le domaine et détruire villages et bourgs. Et pour donner aux jardins toute leur splendeur, entreprendre des travaux colossaux pour amener l'eau si précieuse, les plateaux, de part et d'autre de la vallée, seront drainés et les eaux conduites jusqu'aux réservoirs du château, les eaux de la Seine élevées à plus de 162 m. L'eau demeurait insuffisante pour alimenter en permanence tous les effets d'eau des jardins de Versailles, Trianon et Marly. "L'eau manquoit quoi qu'on pût faire, et ces merveilles de l'art en fontaines tarissoient, comme elles font encore à tous moments, malgré la prévoyance de ces mers de réservoirs qui avoient coûté tant de millions à établir et à conduire sur le sable mouvant et sur la fange. Qui l'auroit cru ? Ce défaut devint la ruine de l'infanterie. Madame de Maintenon régnoit, on parlera d'elle à son tour. M. de Louvois alors étoit bien avec elle, on jouissait de la paix. Il imagina de détourner la rivière Eure, entre Chartres et Maintenon, et de la faire venir tout entière à Versailles"[2].
C'est au fil du temps, que l'ensemble du projet de Versailles se met en place. En 1661, le roi a 23 ans, il désire transformer le château de son père en un lieu de divertissement pour la cour et rien ne laisse à penser alors, que Versailles sera considéré par toute l'Europe comme le lieu représentatif de la magnificence du règne de Louis XIV. Le site est peu prometteur pour l'avenir prestigieux qui va lui être réservé. Quels sont les acteurs intervenant dans la conception des nouveaux jardins ? Les équipes qui travaillent sur le site de Versailles sont coordonnées par Colbert puis par Louvois. Elles sont composées de Le Vau [3], architecte du Roi, remplacé à sa mort par Hardouin Mansart [4], Premier architecte du Roi, Le Brun [5], Premier peintre du Roi, et Le Nôtre [6], Jardinier et Contrôleur général des jardins de sa majesté. Le Vau et Hardouin Mansart agrandissent, construisent les bâtiments, Le Brun dessine les décors peints et sculptés. Le Nôtre structure le parc, règle les perspectives. Ils seront assistés des frères Francine [7], hydrauliciens italiens, l’un était intendant général des eaux et fontaines de France, l’autre ingénieur du mouvement des eaux, de Jolly, ingénieur et commandant en chef des fontaines du Roi à Versailles. Les grands travaux ne se feront pas sans l’intervention de membres de l’Académie Royale, comme l'abbé Picard, Roemer [8], citoyen danois, Huygens citoyen hollandais et La Hire, tous astronomes, de Vauban, architecte-ingénieur, et aussi de Gobert, architecte-ingénieur, d’ingénieurs civils et militaires et d'un certain nombre de personnalités étrangères.
Un canal qui prendrait l'eau de l’Eure
Le projet de construction du canal de l'Eure devait être l'aboutissement de projets antérieurs avortés : le détournement d'une partie des eaux de la Loire, mais aussi de celles de la Juine, Louvois fait procéder à des relevés préliminaires en 1684 par La Hire, Picard étant mort en 1682 et soumet au Roi le projet de construction d'un canal qui prendrait l'eau de l'Eure en amont de Chartres et rejoindrait le système de drainage du plateau de Trappes à l'étang de la Tour. Son débit serait calculé sur la possibilité d'écoulement des rigoles déjà en place. Il est estimé à 100 000 mètres cubes par jour, ce qui aurait enfin permis d'alimenter les fontaines et les bassins du parc de Versailles. La durée des travaux est estimée à cinq ans. Au printemps 1685, La Hire vérifie ses nivellements, aidé des meilleurs ingénieurs-géomètres et arpenteurs. Il suit le cours de l'Eure et détermine le point de départ du canal en amont de Pontgouin à la cote 182 (40 mètres au-dessus du niveau de la terrasse du château. On établit le tracé précis du canal). Le tracé du canal s'écarte du cours de l'Eure qui forme une grande boucle avant la ville de Chartres. Le cours du canal plus rectiligne et sa pente plus faible lui permettent de gagner de la hauteur. Il suit les flancs du coteau jusqu'à Berchères-la-Mangot, se cale sur les courbes de niveau situées entre les cotes 182 et 172, 5. Le canal de pente régulière, 14 à l7 centimètres par kilomètre, devait être sans ressaut, sans écluse, depuis son origine jusqu'à Trappes. On envisageait de le laisser à découvert, ainsi il serait navigable sur plus de 100 kilomètres et on caressait le vieux rêve de voir les voiliers descendre la colline de Satory, emprunter le grand canal de Versailles, le ru de Gally et rejoindre la Seine.
[1] Mémoires du duc de Saint Simon, sur le siècle de louis XIV et la Régence, collationnés sur le manuscrit original par M. Chéruel et précédé d'une notice par M. Sainte Beuve de l'Académie Française, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1878.
[2] Mémoires du duc de Saint Simon
[3] Louis Le Vau 1612-1670
[4] Jules Hardouin Mansart 1646-1708
[5] Charles Lebrun 1619-1690
[6] André Le Nôtre 1613-1700
[7] La famille Francini arrive en France en 1593. Ils travaillent à Fontainebleau et à Saint Germain-en-Laye
[8] Olaus Roemer 1644-1710 astronome amené en France par Picard, entre en 1674 à l’Académie des Sciences, part de France comme Huyhena à la Révocation de l’édit de Nantes
Terrasse de Berchère
Un profil établi par Vauban
Le cours du canal entre Pongouin et Berchères ne posait aucune difficulté d'implantation : le canal affleure le terrain ou s'élève en léger surplomb, les passages les plus élevés ne dépassent jamais 10 mètres. Les difficultés commencent à partir de Berchères, il doit alors franchir la vallée des Larris à 32,5 mètres au-dessus du niveau du sol et continuer son cours à plus de 20 mètres jusqu'à la vallée de l'Eure qu'il doit franchir à plus de 70 mètres pour conserver sa pente régulière. Une fois passée la vallée de l'Eure, la suite des travaux ne pose plus de difficulté. C'est Vauban, ingénieur militaire, qui établit les profils du canal et conçoit les ouvrages d'art. Un certain nombre de dessins permettent de reconstituer le projet initial. Les talus destinés à recevoir le lit du canal sont plus ou moins hauts et plus ou moins larges selon le relief, les terres de remblai étant prises de part et d'autre du canal. Un relevé du XVIIIe siècle nous montre l'ensemble des terres remuées et les fossés créés en rive de l'ouvrage: trente ponts et tunnels maçonnés préservent le passage des chemins, des rivières et des eaux de ruissellement. Une fois le profil en long du canal déterminé, un ensemble d'ouvrages d'art fut nécessaire pour amener les eaux de l'Eure à l'étang de la Tour, point ultime où le canal rejoint le réseau d'irrigation des étangs supérieurs. Un ouvrage de 210 mètres de long et de 12 à 15 mètres de haut au Moulin de Boisard retient le cours de la rivière et deux vannes assurent la régularité du débit de la rivière. Les eaux retenues devaient remplir le fond de la vallée jusqu'au château de Vaux à 5 kilomètres en amont. Après la digue de Boisard, la rivière canalisée traverse le château de la rivière et se divise à Pontgouin pour donner naissance au canal.
Soldats, ouvriers et paysans mobilisés
Le franchissement de la vallée des Larris près de Berchères devait se faire par un aqueduc gigantesque de 16 kilomètres qui aurait franchi également la vallée de l'Eure et abouti à Houdreville. Cet aqueduc de 71 mètres dans sa partie la plus élevée était divisé en trois étages. Vauban tenait beaucoup à cet aqueduc plus haut que le pont du Gard. Le projet trop onéreux dut être rectifié et une terrasse fut construite dans les parties dont la cote avoisinait 66 pieds soit 21,4 mètres. La longueur de l'aqueduc fut ainsi réduite à 4 kilomètres et demi. On projette un autre aqueduc pour la vallée des Larris. À l'exception des franchissements à Berchères et à Maintenon, les travaux ne présentent pas de grosses difficultés. Louvois, instigateur du projet, surveille leur organisation et leur exécution, contrôle les finances. Les travaux devant s'échelonner sur une période de 5 ans, il faut une main-d'œuvre nombreuse. Les travaux sont faits par des entreprises privées encadrant des ouvriers et des paysans réquisitionnés et par l'armée. Sur 30.000 hommes, il y a 20 à 22.000 soldats, le plus gros des troupes sont terrassiers ou goujats (valets d'armée). Les travaux les plus pénibles sont dévolus aux bataillons composés en majorité de protestants, en particulier la construction des fondations du grand aqueduc. Les outils sont rudimentaires, des pics, des louchets (pelles de terrassement), des escoupes (pelles de chaufourniers), des brouettes, quelques pompes actionnées par les chevaux pour assécher les terrains.
Nombreuses pertes humaines
Avant de commencer les ouvrages d'art, il faut chercher les carrières exploitables avoisinantes, établir les fours à chaux et rendre les rivières navigables pour amener les matériaux à pied d'œuvre. On régularise le cours de l'Eure par cinq écluses entre Nogent et Maintenon, ses affluents, la Voise et la Drouette, sont canalisés. Le cours de la Voise n'ayant pas assez de débit, on pratique une prise d'eau sur l'Eure entre Saint-Priest et Jouy et un canal accroît son débit en aval de Gallardon. On creuse également deux canaux parallèles au futur aqueduc de Maintenon pour amener les matériaux sur place. Il faut faire vite. Les transports des matériaux sont lents, les ouvriers civils et militaires travaillent dans des conditions très pénibles, il y aura de nombreux malades et morts par accidents et par l'effet de malaria. Beaucoup d'ouvriers quittent le chantier, des soldats désertent, les répressions sont sévères. Les devis sont largement dépassés, le projet est modifié. L'aqueduc de Berchères est abandonné et remplacé par un siphon. Les remblais de part et d'autre de la vallée sont terminés par une culée de maçonnerie dans laquelle on construit un puits relié à une galerie horizontale. D'autre part, I'aqueduc de Maintenon perd ses deux rangées d'arcades supérieures. L'eau franchira la vallée à une hauteur de 30 mètres. Avec la construction de ces deux gigantesques siphons, l'un permettant de passer la vallée des Larris et l'autre la vallée de l'Eure, le Roi renonçait au canal navigable. "Qui pourra dire l'or et les hommes que la tentative obstinée en coûta pendant plusieurs années, jusque-là qu'il fut défendu, sous les plus grandes peines, dans le camp qu'on y avoit établi et qu'on y tint très-longtemps, d'y parler des malades, surtout des morts, que le rude travail et plus encore l'exhalaison de tant de terres remuées tuoient ? Combien d'autres furent des années à se rétablir de cette contagion ! Combien n'en ont pu reprendre leur santé pendant le reste de leur vie ! Et toutefois non seulement les officiers particuliers, mais les colonels, les brigadiers, et ce qu'on y employa d'officiers généraux, n'avoient pas, quels qu'ils fussent, la liberté de s'en absenter un quart d'heure, ni de manquer eux-mêmes un quart d'heure de service sur les travaux. La guerre les interrompit en 1688 sans qu'il aient été repris depuis; il n'en est resté que d'informes monuments qui éterniseront cette cruelle folie".[9]
Des travaux jamais terminés
La conjoncture politique fit stopper définitivement les travaux. Louvois estimait avoir encore besoin de deux années pour terminer les travaux, comme cela avait été prévu. La ligue d'Augsbourg va soutenir contre Louis XIV une guerre de neuf ans qui se terminera en 1697. Les soldats encore valides, (on estime les morts à 10.000 sur l'ensemble des hommes civils et militaires ayant travaillé à la construction du canal de l'Eure) rejoindront les frontières de l'Est de la France. Les travaux ne seront jamais terminés. Il faudra, alors, donner l'illusion, le temps d'une promenade, qu'elle coule en abondance. Le roi écrira plusieurs scénarios sur la « Manière de montrer les jardins de Versailles » et en 1705, l'itinéraire de la visite sera définitivement fixé. La promenade, suite de pauses et de points de vue orchestrés par le Roi, permet d'apprécier, successivement, grâce à la complicité des fontainiers, la beauté des lieux animés par les multiples effets d'eau à son passage et à celui de ses invités. Beauté éphémère qui permet d'oublier tous les efforts déployés, l'argent englouti, le travail des hommes et le fonctionnement des machines. Le roi rédigera, entre 1689 et 1705 six versions manuscrites : six parcours qui se sont modifiés en fonction des aménagements à la fin de son règne. Ces manuscrits qui ne furent jamais publiés, étaient sans doute destinés au service des jardins et des fontaines[10] . Il y eut plusieurs tentatives de reprise de l'ouvrage sous le règne de Louis XV et de Louis XVI. C'est seulement après plusieurs enquêtes qu'au début du XIXe siècle, on a définitivement renoncé à détourner les eaux de l'Eure.
[9] Mémoires du duc de Saint Simon, sur le siècle de louis XIV et la Régence,
[10] Manière de montrer Versailles par Louis XIV, introduction et commentaires par Simone Hoog, Réunion des Musées nationaux, Paris, 1992, p 9-16
Carte des vestiges du canal de l'Eure
Des empreintes encore visibles
Le "remuement" de tant de terre avait perturbé la vie rurale, bouleversé les limites des tenures, anéanti le travail des fermiers partout où les troupes s'étaient installées, transformé les paysages du plateau. Trois cents ans plus tard, que reste-il de ces travaux, quels sont les témoins de cette histoire inachevée ?
Les paysages traversés par le canal sont des paysages de plateaux aux larges ondulations. Ce plateau compris entre la vallée de la Loire et la vallée de la Seine, est creusé par les vallées de l'Eure et de ses affluents. Situé en Beauce, il est aujourd'hui peu boisé et planté de blé. En amont du canal, 53 la digue de Boisard a été restaurée, les vannes réglant le débit de l'Eure ont été enlevées au XVIIIe siècle, les deux passages ont été conservés. La rivière suit normalement son cours et la dérivation servant à réguler son débit est restée dans son ancien tracé pendant une centaine de mètres et est utilisée pour l'élevage des truites avant de se jeter dans l'Eure.
Pour le promeneur qui repère la cote de niveau de l'ancien canal, il est possible, sur une quarantaine de kilomètres, de suivre un long ruban boisé souvent interrompu qui suit toujours l'ancien tracé. Cette ligne de boisement est très visible dans le paysage de terre agricole sans clôture et sans garenne. Le canal se repère aussi entre Pontgouin et Berchères par un léger surhaussement, par un bosquet isolé qui permet de mesurer exactement la largeur de son lit, par une faible dépression visible dans un champ de tournesols et alignée avec le bosquet précédent, par une rangée d'arbres isolée dans un champ de blé. Dans le bourg de Fontaine-La-Guyon, le lit du canal court toujours sur une centaine de mètres.
Les aqueducs de terre, longues barrières boisées, ferment l'horizon et constituent une frontière entre deux parties d'un même terroir. Passé Berchères, au milieu des bois on découvre, pratiquement intacts, les puits et les galeries flanquées dans chaque versant de la vallée. Près de Maintenon le lieu-dit "Les Terrasses" est une bande boisée longue de plus de cinq kilomètres. Cette propriété privée est maintenant une réserve de chasse, le lit du canal défriché constitue une longue promenade ombragée qui domine la plaine. Les anciens passages qui le traversaient existent toujours.
Dernier témoin: L'aqueduc de Maintenon
l'aqueduc de Maintenon
Aux XVIIIe et XIXe siècles, des peintres, des graveurs ont représenté cette colossale ruine pittoresque qu’est l’aqueduc de Maintenon. Aujourd'hui intégré dans un golf, il sert toujours de cadre au château. Cet ancien ouvrage, pourtant amputé, conserve son caractère monumental et amplifie la rupture d'échelle entre le château et le paysage environnant. Envahi par le lierre et les plantations poussant à son sommet, il reste le témoin d'une œuvre inachevée qui donne encore la mesure de la distance entre les deux versants des coteaux. Madame de Maintenon démolit le mur qui clôturait la cour de son château pour l'ouvrir sur la nouvelle construction royale et demande à Le Nôtre de poursuivre la perspective en créant des parterres et un plan d'eau. Les vestiges de ces anciens travaux, témoins d'une "cruelle folie" pour reprendre les termes de Saint-Simon, font maintenant partie intégrante de ce paysage de plaine et contribuent à lui donner un caractère particulier. La continuité du tracé du canal est encore repérable par les boisements spontanés poussés dans son ancien lit, des parties de son cours encore en eau et les principaux ouvrages d'art. Cependant, certaines traces souvent peu perceptibles tendent à disparaître et en feront à terme perdre la lisibilité.
Voir également l’article du dossier « A Versailles, Louis XIV voulait toujours plus d’eau »
Nulle part vous ne faites allusion à la machine de Marly et à l’intervention capitale des ingénieurs et ouvriers liégeois, les meilleurs spécialistes de l’hydraulique à l’époque.