La Roseraie de Provins : chronique d’une résurrection
La Roseraie de Provins, dont l’histoire remonte au Moyen Âge, n’était plus qu’une friche à la fin du XXe siècle. Bruno Clergeot a redonné vie à ce jardin labellisé « Jardin remarquable » qui abrite la Rose de Provins, ramenée de croisade par Thibaud, comte de Champagne.
La Roseraie de Provins (Seine-et-Marne) se situe sur un terrain dans le fond de la vallée du Durteint, l’une des deux rivières arrosant la ville, la seconde étant la Voulzie. Toutes deux prennent leur source à trois ou quatre kilomètres de là, par des résurgences dans le calcaire de Champigny.
La Roseraie se trouve dans Provins, où elle constitue le quartier de la Nozaie (Noyée en vieux français). Avant la régulation des cours d’eau, c’était un marais devenu, après drainage, un pré puis une pépinière jusqu’à la fin du XXe siècle. Au cours du XXe siècle, jusqu’au début des années 1990, deux familles ont orienté la pépinière : la famille Bréhier et la famille Vizier.
À la fin de l’exploitation, le terrain ainsi que les bâtiments sont restés en l’état, se dégradant au fil des intempéries. Le terrain est retourné naturellement à l’état de friche tandis que les bâtiments ont été occupés par des sans-logis.
La Rose de Provins, emblème de la cité médiévale
Né à Provins, agriculteur de formation, j’ai décidé d’acquérir ce terrain pour y faire revivre la Rose de Provins, Gallica
gallica officinalis, emblème de la ville, qui a marqué le Moyen Âge, et dont la cité s’enorgueillit au travers de ses monuments classés au patrimoine mondial de l’Unesco. La légende raconte que Thibaud, le chansonnier, comte de Champagne, ramena de la dernière croisade, en 1240, un rosier dont les vertus médicinales, gustatives et olfactives participèrent à la prospérité et à la renommée de la ville.
La renaissance de la Roseraie
Le 7 mai 2007, au premier regard, c’était l’enfer vert (ronces, orties, lianes…), le terrain était déstructuré par l’abandon, voire le pillage à la sauvette et à la bêche, de ce qui pouvait se prélever. Dès les premiers jours, j’ai choisi de défricher à la main afin d’examiner et de choisir les végétaux que je laisserais en place. Après avoir visité les roseraies d’Île-de-France (L’Haÿ-les-Roses, Bagatelle) très structurées, à la française, j’ai pris le parti d’utiliser la totalité de la surface (trois hectares), pour implanter une roseraie qui retrace l’histoire de la rose à travers les différentes époques : familles de Galliques, Alba, Centifolia, Rose de Chine, Bourbon, Portland, Noisette, Rugosa, Mousseux, Hybride de Thé, roses Modernes. La plantation de nouvelles variétés est conditionnée par leur rusticité et l’expression de leur parfum. J’ai souhaité conserver le caractère de l’endroit et son histoire.
Pour cette raison, la Roseraie se compose de chambres de verdure successives où sont installés des arbres isolés en alignement ou en alternance et qui proviennent de la pépinière. L’implantation des rosiers se fait dans des puits de lumière en respectant les nuances de couleurs. L’ensemble doit s’adresser aux amateurs de roses et aux visiteurs de la cité médiévale qui arpentent les monuments de la cité et apprécient de se reposer quelques instants dans ce théâtre de verdure. Le jardin se compare, en effet, à une scène de théâtre : le gazon, les arbres et les buissons font le décor, les roses sont « les acteurs » et interpellent les visiteurs.
Un jardin où règnent harmonie et passion
Le jardin est une alternance d’endroits structurés et naturels qui permettent à une faune et à une flore très diversifiée de vivre en parfaite harmonie. Aucun insecticide n’a été employé depuis sa création en 2007, ni aucun désherbant dans les massifs de rosiers.
Le Ru Lambert, qui traverse le jardin de part en part, est bordé de plantes de milieux humides, livrées à elle-même (salicaire, épilobe, Reine-des-Prés…). Le labyrinthe est réalisé grâce à une haie de charmille. Le jardin des simples rappelle que les jardins médiévaux produisaient dans leurs carrés de la consoude, de l’aneth, de la menthe, de l’oseille, du houblon, de la rue… Ce jardin témoigne de ma passion pour les roses dans un cadre bucolique et enchanteur. Il n’y a pas d’interdit, mais le respect des végétaux et des animaux qui l’habitent est primordial. Ma présence y est quasi quotidienne, pour entretenir tout cet espace. Elle permet un dialogue avec les visiteurs. Je les conseille dans l’usage et la mise en place des rosiers dans leur propre jardin. Se ressourcer, apprendre les rudiments du jardinage, la taille, l’entretien et les petits trucs qui font que jardiner est un plaisir et non une contrainte, voilà aussi ce que je veux partager avec les visiteurs.
Bruno Clergeot
Directeur de la Roseraie
La Roseraie de Provins
11 rue des Prés – 77160 PROVINS
Tél. : 01 60 58 05 78
laroseraiedeprovins@gmail.fr
www.laroseraiedeprovins.com