La mélisse, d’un riche passé à un avenir prometteur
Denis Bellenot
La mélisse (Melissa officinalis L.) pousse de façon spontanée dans les haies, les buissons et les bois en Europe centrale et méridionale, en Asie occidentale et en Afrique septentrionale. Cette Lamiacée vivace de 30-80 cm, glabrescente ou velue, à feuilles grandes, ovales, pétiolées est facilement reconnaissable à son odeur citronnée.
Melisse officinale - © iteipmai
On distingue au moins deux sous-espèces de mélisses : M. officinalis subsp. officinalis et M. officinalis subsp. altissima (Sm.) Arcang. Il existe des variétés ornementales et quelques variétés pour les cultures industrielles. La tradition fait remonter son usage thérapeutique aux premiers médecins grecs. Hippocrate, puis Théophraste, la recommandaient pour améliorer la digestion et réduire les états de nervosité [thèse Pineau 2013]. Au milieu du Moyen-âge, Avicenne, médecin et philosophe perse, écrit que la mélisse est “propre à relever les forces, ranimer le courage, faire renaître la gaité, chasser les soucis et dissiper l’anxiété”. Au XVIème siècle, Paracelse la recommande encore. Les feuilles sont alors utilisées pour améliorer les fonctions digestives, et les états de nervosité. A l’abbaye de Fécamp en Normandie, les moines Bénédictins créent en 1510 un élixir qui va connaître un grand succès sous le nom de Bénédictine. La mélisse figure en bonne place parmi les plantes utilisées.
Une formule réconfortante
Vers 1600, les moines de la Chartreuse de Vauvert à Paris fabriquent un “élixir de longue vie” en mélangeant plusieurs dizaines de plantes. En 1737, le monastère de la grande Chartreuse près de Grenoble simplifie la formule et en 1838 une nouvelle formule appelée “la mélisse” est commercialisée ; elle deviendra ensuite la “chartreuse blanche”. En 1611, un médecin met au point une formule “réconfortante” à base de plantes dont il transmet la formule au couvent des Carmes à Paris. Il s’agit de l’assemblage de plusieurs alcoolats...