La conservation des fuchsias durant l’hiver

Claude Ferry

La plupart des fuchsias sont sensibles au froid et doivent être protégés l’hiver. Il arrive que certains hivers, comme celui de 2013, soient particulièrement doux avec des avantages et des inconvénients. De nombreux fuchsias ont conservé leurs tiges et leur feuillage et ont fleuri très tôt dans la saison. Ce manque de repos hivernal peut entraîner, en cours de saison, un ralentissement de la végétation et de la floraison.

Restons prudents et considérons que nous avons eu un hiver exceptionnel mais que cela peut changer.

Distinguer rustiques et non rustiques

Les fuchsias sont à classer dans deux catégories au regard de la protection hivernale, leurs origines étant pour beaucoup l’Amérique occidentale mais aussi la Terre de feu, le Mexique, Haïti et la Nouvelle-Zélande, à des altitudes variées.

Quelle que soit la variété, le bouturage est la méthode la plus utilisée. Le greffage n’est pratiquement plus utilisé et la multiplication se fait par semis surtout utilisé pour de l’obtention de nouvelles variétés.

La première catégorie concerne les fuchsias rustiques capables de résister au froid hivernal quand ils sont en pleine terre. Il s’agit de :

– Fuchsia magellanica et de ses variétés (‘Alba’, ‘Gracilis’, ‘Gracilis tricolor’, ‘Gracilis variegata’) ;

– Fuchsia regia, de ses variétés à grand développement (‘Reitzii’) et d’autres telles que ‘Whitenight’s pearl’, ‘Hawkshead’, ‘Emilien Merceron’, ‘Brutus’, ‘Source du Loiret’etc.

La seconde catégorie concerne les fuchsias non rustiques cultivés en pots ou en grands contenants. C’est dans cette catégorie que l’on trouve les fuchsias sur tige^[1]. La réalisation d’une tige nécessite plusieurs années de culture à partir d’une bouture vigoureuse et non pincée. La tige doit être tuteurée au fur et à mesure de sa croissance. Elle sera étêtée lorsque la hauteur de tige désirée est atteinte. On utilise dans cet objectif des variétés vigoureuses telles que ‘Checkerboard’, ‘Lye’s unique’, ‘Chang’, ‘Mélanie’, ‘Lord Lonsdale’. Ces fuchsias peuvent aussi être plantés au printemps en pleine terre mais uniquement pour une décoration estivale.

En pleine terre, protéger la souche

Pour les fuchsias rustiques plantés en pleine terre, il convient à l’automne de butter les touffes, de façon à protéger la souche. La partie aérienne ne sera pas rabattue avant la fin de l’hiver. La protection peut aussi être faite à l’aide de frondes de fougères, isolantes mais aérées, ce qui évite le risque de fermentation et de pourriture, surtout en sol mal drainé. En avril, Il suffit de dégager la base de la plante et de supprimer les parties aériennes détériorées.

Rentrer les pots

Pour les fuchsias non rustiques ou rustiques cultivés en pot toute l’année, il est nécessaire de placer les plantes à l’abri du froid pendant l’hiver. On préférera un local clair si possible et à une température de 5 à 8 degrés.

Ces fuchsias devront subir avant l’hivernage une taille qui consiste à supprimer environ 1/3 de la longueur des tiges, à enlever les fleurs, les boutons et le maximum de feuilles afin d’éliminer les insectes, les maladies éventuelles et éviter la décomposition des feuilles dans le lieu de stockage.

Les plantes sont rentrées dans leur pot ou dépotées puis placées à touche-touche dans des caisses en plastique, dont le fond est garni d’une couche de tourbe dans le but de maintenir une certaine humidité mais sans excès. On peut aussi placer la motte dans un sac en plastique. Dans tous les cas, il est important de retirer la terre du dessus de la motte ainsi que le feutrage qui se fait autour de celle-ci. Il faudra aussi penser à l’étiquetage des plantes ce qui facilite leur mise en place au printemps suivant les besoins de la variété.

Le cas des non rustiques en pleine terre

Les fuchsias non rustiques, plantés en pleine terre pour l’été, sont arrachés, taillés et les mottes sont traitées de la même façon que les précédentes.

Cependant, les Fuchsias hybrides de F. triphylla doivent être hivernés à une température supérieure, 8 à 12 degrés sont nécessaires.

L’hivernage peut également se pratiquer en « tombe », pratique peu courante en France. Ce procédé consiste à creuser une fosse dans le jardin. Le fond est garni de tourbe, les plantes taillées sont placées en lit, chacun séparé par une couche de tourbe. L’ensemble est mis à l’abri du froid et de l’eau de pluie par une couverture isolante et une tente pour éviter que l’eau ne pénètre dans la fosse.

Attention aux attaques sous abris

Pour l’hivernage en serre, vérandas ou autre local, il convient de surveiller les attaques des maladies (rouille) et d’insectes (pucerons, aleurodes) en espaçant les plantes et en aérant dès que la température le permet. Cela devrait éviter au maximum l’emploi de fongicides ou insecticides. On peut observer aussi, mais plus rarement, un grand nombre des moucherons noirs de 2 mm (sciarides). Il faut éviter l’excès d’eau et éliminer toutes les parties mortes de la plante. Ces insectes sont attirés par les feuilles jaunes sur lesquelles elles viennent se coller.

> Télécharger le PDF