Jardiner « sans labour » Techniques et outils
Effet de mode, évolution des mentalités, nostalgie d’un jardinage plus proche de la nature, influence des médias et pression des réseaux sociaux, ou tout simplement contraintes économiques, écologiques, sociétales… Bref, de plus en plus de jardiniers amateurs se sentent attirés par des techniques différentes. Les rayons des librairies regorgent d’ouvrages dans ce domaine, en particulier sur le thème de « la permaculture ». Vaste sujet ! Jardiner « sans labour » constitue sans doute l’un des éléments fondateurs de ce nouvel état d’esprit.
La technique
Jardiner sans labour ne représente pas à proprement parler une technique agricole. C’est un regard contemporain inspiré des traditions maraîchères franciliennes du XIXe siècle et des anciennes façons de jardiner, regard qui tente d’intégrer un certain nombre de contraintes actuelles comme l’énergie, le manque de temps, le respect de la vie du sol…
La règle générale est de cultiver au-dessus du sol, pour ne pas épuiser ses ressources (éléments nutritifs naturels) tout en bénéficiant de l’activité des vers de terre, des bactéries et autres micro-organismes. La terre n’est donc ni retournée ni bêchée, car le retournement bouleverse les différentes couches comportant les micro-organismes vivants : les aérobies (couche supérieure) et les anaérobies (couche inférieure) qui ne trouvent plus les conditions idéales pour vivre. En revanche, elle est aérée en utilisant des outils adaptés (voir plus loin). Autres avantages, les graines des herbes indésirables ne remonteront plus à la surface comme lors d’un labour.
L’idée est donc bien de garder le sol toujours couvert. Cette couverture garde la fraîcheur, diminue les besoins en eau, limite l’apparition des adventices et régule la température du sol.
Mieux mettre en valeur les ressources du terrain
Les nombreuses possibilités de mise en place de ces principes restent au choix du jardinier : création de plates-bandes permanentes, bottes de pailles, buttes, lasagnes, tas… de 25 à 50 cm d’épaisseur. Les parcelles doivent mesurer de 1,20 à 1,50 mètre de large pour pouvoir être travaillées facilement et sans avoir à piétiner dans les planches, ceci afin d’éviter le tassement du sol. En effet, le tassement limite l’oxygène et l’efficacité de tous les organismes vivants dans le sol et les empêche de remplir correctement leurs missions de « travail du sol vivant ». Pour rendre cette mission encore plus efficace, il est indispensable de pouvoir s’assurer d’un volume suffisant de matière organique, pour l’apport initial comme pour l’entretien.
Jardiner sans labour constitue donc un moyen de mettre mieux en valeur les ressources existantes dans son propre terrain. À chacun d’imaginer ses propres solutions et de faire preuve de bon sens.
Enfin, il faut dire et redire que ce n’est pas moins de travail, que rien ne se fait tout seul, que cette technique n’est pas la solution à tout. Il faut être réaliste, s’attacher à anticiper pour prévenir, veiller à optimiser l’espace certes, mais en tenant compte des associations ou compagnonnages, des rotations, du climat ou microclimat, du sol et de son environnement.
Les outils adaptés
Bien évidemment, dans cet état d’esprit, tous les outils à moteur sont proscrits. Adieu, donc, motobineuse et motoculteur polluants, bruyants et consommateurs d’énergies fossiles. Et vive les outils qui nous font faire de l’exercice, salutaire pour notre santé physique comme mentale.
Jean-Marc Muller
Président de la section potager/fruitier de la SNHF