Herbier de Joséphine de Catherine de Bourgoing

Adjointe honoraire au Musée de la vie romantique (Paris), Catherine de Bourgoing a l’habitude de nous promener dans les jardins romantiques français. Dans ce livre, elle nous entraîne sur d’autres continents, avec cet herbier imaginaire de l’impératrice. Après l’herbier de Marie-Antoinette et celui de Marcel Proust, la maison Flammarion poursuit ses publications avec l’herbier imaginaire de Joséphine.

De son enfance à La Pagerie, en Martinique, l’impératrice Joséphine Bonaparte a gardé un goût certain pour la végétation luxuriante et les plantes exotiques. Cette passion pour les végétaux s’illustre à La Malmaison et dans sa collection de « plantes sèches ». Ce sont ces herbiers dont la classification fut confiée à Ventenat. Certains exemplaires étaient offerts par Joséphine à des hôtes illustres, comme Banks. À sa mort, ces livres sont légués au banquier Delessert, puis au Conservatoire et Jardin botanique de Genève.

Le sommaire de ce catalogue des plantes acclimatées à La Malmaison retrace les voyages de ces explorateurs découvreurs de plantes sur tous les continents. Chaque plante répertoriée est illustrée par une aquarelle de Redouté qui dédicacera ces planches à l’impératrice. Plusieurs graveurs en assureront l’impression car ces livres seront les cadeaux diplomatiques de l’Empereur.

Remarquable travail d’investigation: dans l’herbier imaginaire chaque plante est répertoriée avec sa description, l’origine du nom, souvent l’historique de sa découverte et l’histoire de sa diffusion.

 

Une période féconde de la botanique

Joséphine Bonaparte, lorsqu’elle acquiert La Malmaison, près de Bougival, est l’amie d’André Thouin, le frère du pape des jardins anglais en France. Elle cultive un intérêt réel pour la botanique. Au travers de ce livre, nous comprenons que sa position lui permettra de collectionner les plantes du monde entier, aidée par les meilleurs botanistes comme Étienne-Pierre Ventenat, Charles-François Brisseau de Mirbel et surtout Aimé Bonpland, qui accompagna Humboldt en Amérique du Sud et supervisera les jardins de Malmaison et Navarre.

L’auteure, au-delà des descriptions botaniques précises, nous brosse cette période féconde de la botanique. Les grandes expéditions, pour découvrir des plantes exotiques inconnues, génèrent des publications nombreuses. Les amateurs entretiennent des réseaux de correspondants en France et à l’étranger ainsi que des échanges de graines.

 

Un modèle de bonne culture

Peniocereus serpentinus
Cactus serpent P. J. Redouté in A. Bonpland, Description des plantes rares cultivées à la Malmaison et à Navarre, 1812-1817, PL.36

Pour l’herbier de Joséphine, chaque plante est immortalisée par Redouté, travailleur acharné qui réalisa, pour ce recueil, 486 aquarelles en huit volumes. Dix-huit artistes vont graver ces aquarelles par la technique de gravure au pointillé, qui apporte plus de précision. Cette rare méthode permettra l’encrage en couleur et cela est remarquablement restitué dans ce livre.

« C’est pour moi un bonheur inexprimable de voir se multiplier dans mes jardins les végétaux étrangers. Je désire que la Malmaison offre bientôt un modèle de bonne culture et qu’elle devienne une source de richesse pour les départements », écrit Joséphine Bonaparte
au préfet Thibaudeau, le 19 mars 1804.

Catherine de Bourgoing a su nous faire pénétrer dans ce beau domaine, découvrir des plantes rares et partager l’ambiance de cette époque.

 

Françoise Roullier
Artiste, secrétaire adjointe de la Société d’horticulture de Touraine, membre du conseil d’administration de la SNHF.

 

256 pages – 196 x 244 mm – 29,90 euros
Éditions Flammarion