Gautier Semences. L’indépendance comme atout stratégique
Jean Harzig
Cette PME familiale provençale a su, au cours de ses 60 années d’existence, se hisser dans la cour des grands de la semence maraîchère, tout en restant enracinée localement grâce à une adaptation permanente aux grands tournants technologiques, et à une proximité préservée auprès du monde agricole
Des variétés-population aux hybrides et aux biotechnologies
À l’époque, la problématique génétique était des plus simples, toutes les variétés étaient dans le domaine public, il n’y avait pas de travail génétique. Les semenciers distribuaient les sélections locales, dans lesquelles ils s’efforçaient de distinguer les meilleures lignées et de les faire multiplier par des agriculteurs multiplicateurs, en Provence et en Anjou. Très vite, la société a développé ses propres lignées de haricots. Dès le début, Gautier Semences pratique la vente en gros et la vente aux maraîchers, ce qui lui permet d’être à l’écoute du terrain et de ses besoins. Le service commercial s’étoffe en 1965, avec l’arrêt d’activité de Jacques-Paul Gautier, ce qui permet également d’élargir la zone de chalandise à la moitié sud de la France, sachant que très vite des échanges sont établis avec l’Espagne et l’Italie. La gamme s’élargit à toutes les très nombreuses espèces maraîchères cultivées alors en Provence, les produits-phares sont le haricot, le chou-fleur, puis le melon, la tomate, la salade, le fenouil, la carotte, le poireau. Mais l’apparition des premières variétés hybrides au cours des années 60 va complètement bouleverser le marché des semences maraîchères. Des contacts sont pris avec l’INRA en charge de nombreux programmes d’amélioration des plantes. Henri Gautier comprend vite que l’avenir de son entreprise ne se fera qu’en intégrant de nouveaux savoirsfaire et techniques pour la création variétale.
« C’est en 1970, peut-être animé par un grain de folie, que j’ai engagé l’entreprise dans la voie de l’obtention variétale, toujours dans le domaine des potagères », témoigne-t-il. La décision est prise et la station de recherche voit le jour à Eyragues en 1973, sur le site où la société s’est développée depuis. Au départ, il s’agit d’une serre, d’un laboratoire, et d’un sélectionneur envoyé en formation à l’INRA. La première obtention Gautier est commercialisée en 1979, avec l’introduction de caractères de résistance aux maladies. Les nouvelles sélections vont complètement relancer le positionnement de Gautier Semences sur le marché, tout au long des années 80. 1984 voit l’arrivée de Jacques Gautier dans la société avec, en poche, un diplôme d’ingénieur en agriculture (Purpan Toulouse), un goût très marqué pour la sélection, et un tempérament très rigoureux, indispensable dans un métier aussi exigeant. Jacques Gautier reprend en main la sélection, modernise le laboratoire, et met en place une nouvelle équipe. Ces travaux seront fondateurs du nouvel élan que va connaître la société au début des années 90, et de son entrée dans la cour des grands. Le melon devient un produit très fort, avec la réussite de Galoubet, mais aussi des tomates Castelane et Olivade. La sélection s’effectue en partenariat avec les meilleurs maraîchers dans chaque zone de production. « Notre vocation est d’être au service d’un terroir et d’aider les maraîchers locaux à faire la différence », commente Jacques Gautier. « Il n’y a pas de véritable exclusivité, mais des priorités, une stratégie d’accompagnement ». Dans les années 90, Gautier Semences est également opérationnel pour accompagner le développement du sud de l’Espagne, où la société s’implante en 1995. Elle est désormais présente sur tous les salons professionnels, partout en Europe, en Afrique du Nord, en Turquie…, elle se dote des ses propres équipes en Espagne, en Italie, en Afrique du Nord, en Turquie, aux Pays-Bas. « On n’a jamais eu peur d’ouvrir les portes », poursuit Jacques Gautier. Ce développement permet aussi aux équipes d’exprimer le meilleur de leur potentiel dans une belle aventure humaine, qui se poursuit aujourd’hui. En 1997, le centre de recherche est encore modernisé, et, trois ans plus tard, le laboratoire de biotechnologies est mis en place. En 2005, le siège social et les locaux industriels sont redimensionnés. Le siège adopte son design actuel, très moderne, très soigné, très travaillé, témoin de l’image dynamique et rigoureuse de l’entreprise. De nouvelles extensions sont en cours… et la structure de recherches est à nouveau en plein renouvellement en 2012. Face à la complexité croissante des technologies et des marchés, Gautier Semences ne cesse d’intégrer de nouvelles compétences, s’efforce de travailler au mieux, tout en restant différencié et compétitif. Ce qui lui permet de jouer effectivement dans la cour des grands sur un terrain de jeu désormais mondialisé.
L’histoire commence en 1952, lorsque Henri Gautier, alors âgé de 22 ans, crée avec son père Jacques- Paul, une société de production et de commercialisation de semences maraîchères à Eyragues, non loin de Chateaurenard (Bouches-du-Rhône), sous le nom de J.-P. Gautier & fils. Jacques-Paul Gautier avait alors 52 ans, et il investit toutes ses économies dans cette entreprise. À vélo, puis à moto, et enfin en voiture, Henri commence la prospection commerciale avec l’aide de son beaufrère dans une Provence qu’il décrit ainsi lors de son discours de remise du Mérite agricole : « À ce moment-là, il existait une quarantaine de maisons grainières plus ou moins importantes à St Rémy-de-Provence. C’était une époque florissante pour l’agriculture en général, et pour l’activité grainière en particulier. Toutes les exploitations étaient admirablement tenues, la moindre parcelle était cultivée… »
« Donner du goût au marché »
Si, tout au long de cette histoire, Gautier Semences est restée une entreprise à 100 % familiale, l’échelle a progressivement changé. Aujourd’hui, avec 92 salariés permanents, il a fallu passer de 4 à 5 niveaux hiérarchiques. Pour que l’entreprise continue, le capital humain est renforcé en permanence avec de nouveaux collaborateurs dans les pays où la société est établie. Il a fallu également du temps pour se faire reconnaître de toutes les grandes organisations de la production hexagonale souvent très versées dans les grandes sociétés de semences mondiales. « Nous développons des relations étroites avec des opérateurs investis dans leur avenir, avec lesquels nous pouvons mettre en place des programmes ciblés : notre structure plus légère nous confère plus desouplesse et de réactivité », observe Jacques Gautier. Longtemps, la société s’est spécialisée sur des segments de marché peu investis par les grandes sociétés, mais ceux-ci sont de plus en plus rares, et il faut s’efforcer d’être toujours meilleur dans la différenciation, tout en étant pertinent dans les grands produits de base. Aujourd’hui, plus que jamais, Gautier Semences se projette avec l’ouverture aux continents à conquérir, Amérique, Asie, où les perspectives de développement sont considérables. L’investissement continu dans les outils de R&D, la dynamique d’équipes jeunes très impliquées, permettent de tirer le meilleur de l’innovation variétale permise par l’évolution technologique. « Mon modèle d’entreprise privilégie une évolution en intelligence, en cohérence, dans un monde de plus en plus complexe », analyse Jacques Gautier. « Dans un monde de plus en plus complexe, notre responsabilité dépasse le métier de semencier qui est le nôtre, et nous positionne au coeur de l’enjeu majeur qu’est l’alimentation des Hommes, en y ajoutant le goût du produit, mais aussi les relations humaines… pour que chaque graine soit porteuse d’avenir ! ».
article paru dans l’édition de juin du magazine végétable : www.vegetable.fr
novembre-décembre 2012
Je suis à la recherche de graines de carotte d’une variété ancienne . La carotte est d’une belle couleur rouge foncé, longue et délicieuse..
Les enfants adorent.
Je souhaiterais acheter ces graines.
Merci d’avance
O.Virazels
nous sommes une société agricole nous voulons savoir si vos produits sont adaptables dans des zones tropicales d’Afrique Centrale si oui lesquels?