Que faire aux rosiers quand revient le printemps ?
Ah, le printemps ! Retour du beau temps, renaissance de la nature et des plantes ainsi que passage en revue du jardin ne doivent pas cacher le soin tout particulier qu’il convient d’apporter aux rosiers.
Que faut-il faire quand revient le printemps ? Tout d’abord, il faut retourner dans le jardin en chantant avec Hugues Aufray « Dès que le printemps revient »… Le tour du propriétaire s’impose en effet, pour établir un état des lieux et reprendre avec les rosiers le dialogue devenu moins intense durant l’hiver: observer, prendre du recul, projeter l’état et le volume futurs de tel ou tel, en un mot regarder, réfléchir à ce qu’on souhaite obtenir avant d’entreprendre la moindre action
PREMIÈRE OPÉRATION: LA TAILLE
La taille à trois yeux est dépassée, sauf pour la première et éventuellement la deuxième année de culture : le but de la taille est de conduire la pousse vers une forme contribuant à une composition harmonieuse des massifs et du jardin. Il faut se souvenir que plus la taille est sévère, plus la repousse s’avérera vigoureuse : tailler court ou tailler long est donc affaire de choix relatif à la conduite de l’arbuste. Sur des sujets bien établis (3-4 ans), il ne faut pas hésiter à rajeunir en supprimant les branches les plus anciennes : André Ève avait coutume de dire, sous forme de boutade : « Les rosiers, c’est comme les conseils d’administration, on les renouvelle par tiers tous les ans ! »
Une astuce pour tirer le meilleur parti paysager d’un rosier consiste à le tailler en trois étages : un étage bas sur le devant, un étage intermédiaire et un étage supérieur, répartis entre 30-40 cm et 140 160 cm. Cela permet d’obtenir une floraison sur un maximum de hauteur.
Les branches maîtresses des grimpants sont courbées au maximum pour faciliter la floraison et les petits rameaux raccourcis à quelques yeux. En revanche, il ne faut pas toucher aux rosiers non remontants sauf pour les nettoyer car ce serait se priver d’une floraison qui, assez souvent, est plus précoce. Leur taille interviendra plus tard, après la floraison, à partir du mois d’août. Il peut arriver, alors que l’on croit en avoir terminé avec la taille, qu’un « événement climatique » grille les jeunes pousses un peu pressées de se montrer: il faut les rabattre au niveau du bois bien vivant.
LES AUTRES SOINS: VIVACES, SOLS…
Le chantier taille terminé, il faut, si cela n’a pas été fait à l’automne, s’assurer d’une bonne maîtrise des vivaces, ces belles compagnes du rosier. Si elles deviennent trop envahissantes, elles vont à la fois déséquilibrer le massif et devenir menaçantes par la concurrence qu’elles représentent pour les rosiers.
Enfin, vient le moment de prendre soin du sol, qui est essentiel. S’il a été procédé à des buttages en protection du froid, le sol est remis à plat. Il est nettoyé, griffé : les petites fourches à trois dents se glissent facilement sous le rosier, ne pénètrent pas trop en profondeur ni ne blessent les racines. Cette opération peut être l’occasion d’enfouir un engrais organique (sang desséché, etc.).
La question peut se poser de couvrir ou non le sol pour limiter les opérations ultérieures d’entretien et pour conserver une certaine humidité. BRF ou pas BRF? Telle est la question! La réponse est non s’il contient des résineux. L’autre objection courante est « la faim d’azote » car la décomposition du bois consomme beaucoup d’azote, dont se trouvent ainsi privés les rosiers. La réponse raisonnable est de considérer que le premier épandage, sur plusieurs centimètres, est à effectuer en automne, à une période où les rosiers n’ont pas grand besoin d’azote. Ensuite, on peut compléter cet apport initial tous les ans à la fin de l’hiver.
LA FLORAISON: ET MAINTENANT… PROFITEZ!
Nous sommes au mois de mai, il faut, en cas de nécessité, arroser les rosiers récemment plantés. Un arrosoir versé lentement vaudra toujours mieux qu’un goutte-à-goutte. Cette vigilance devra s’exercer tout l’été, même sur des rosiers plus anciennement plantés.
Les fêtes des plantes représentent l’opportunité de découvrir de nouvelles variétés à introduire au jardin. Ne pas s’emballer serait une sage posture car la tentation est de plus en plus grande de céder au coup de cœur. Pour garder la cohérence paysagère de son jardin, il faut d’abord s’interroger sur l’endroit de plantation, à proximité de quel autre rosier etc.
Pendant tout l’été, la danse des couleurs et des parfums va avoir lieu. Afin de faciliter la remontée des floraisons, il faut régulièrement nettoyer les rosiers. Pour ceux à fleurs groupées et les « paysages », on retire juste le bouquet fané. Pour les tiges à fleur ou à bouquet unique, on coupe environ 10 cm en dessous et juste au-dessus d’une feuille.
Les rosiers à floraison unique (beaucoup de rosiers anciens et les botaniques) peuvent être taillés dès que celle-ci est terminée, sauf s’il est souhaité de laisser les fleurs pour profiter, l’automne venu, des fructifications, dont certaines s’avèrent spectaculaires et utiles pour le décor hivernal.
LES MALADIES
Reste la délicate question de l’état sanitaire des rosiers et du traitement des pathologies qu’ils peuvent affronter: oïdium, taches noires, rouille et pucerons pour l’essentiel. Plusieurs philosophies se présentent, le chimique de synthèse étant exclu depuis le 1er janvier du fait de la loi Labbé. La phytothérapie préventive présente un intérêt certain: en effet pour garder ses rosiers sains, il faut les conserver en bonne forme c’est-à-dire leur éviter les stress (hydriques ou nutritionnels), éventuellement y ajouter des décoctions de prêles (toutes les deux semaines) et d’orties (une fois par mois), dont il faut savoir que l’efficacité n’est absolument pas prouvée.
La philosophie du « on fait avec » peut se révéler une bonne solution, à quelques conditions: sélectionner des variétés peu ou pas sensibles, il en existe beaucoup dans les roses anciennes et botaniques et il s’en crée de plus en plus dans les obtentions contemporaines (voir les différents labels), éliminer les rosiers qui sont régulièrement très malades en leur offrant un sursis qui consiste à les rabattre complètement au ras du sol pour leur donner encore une chance de repartir sans maladie, être tolérant si on souhaite, pour toutes sortes de bonnes raisons, conserver une variété fragile: ramasser et éliminer les feuilles touchées, couper les parties malades en rabattant sévèrement les rameaux les plus atteints. Et puis l’essentiel: les regarder, les remercier pour leur féerie mélangée de couleurs et de parfums, pour les nuées de butineuses qu’ils attirent. C’est la meilleure façon d’en prendre soin… et de se faire tellement plaisir!
Paul Lefebvre
Membre de la SNHF – Section roses, président de l’Association des amis de la roseraie du Val-de-Marne à L’Haÿ-les-Roses
1 Jardins de France mars- avril 2014: https://www.jardinsdefrance. org/taille-du-rosier-les-conseils-dun-specialiste/
2 https://www.jardinsdefrance.org/paillages-experience-longue-duree-a-ville-de-paris/