Espaces verts de Marseille : Le retour de la nature en ville
Marseille est la deuxième commune la plus peuplée de France, avec près de 871 000 habitants. À leur disposition, un patrimoine de plus de 700 hectares d’espaces verts, dont les forêts. À elle seule, la Direction des parcs et jardins en gère plus de la moitié : squares, parcs, espaces verts d’accompagnement de voirie, jardins, cimetières constituent un panel d’aménagements variés et ludiques offert aux Marseillais et en augmentation constante. Parmi eux, le fameux parc Borély, recelant une roseraie qui fête ses 100 ans, et le jardin botanique…
« L’un des objectifs majeurs de la Ville de Marseille est de “renaturer” ses espaces verts afin d’améliorer le cadre de vie de ses habitants et visiteurs, de favoriser la biodiversité faune-flore en renforçant la nature de proximité », explique Nassera Benmarnia, adjointe au maire de Marseille en charge des espaces verts, des parcs et jardins et du retour de la nature en ville. La municipalité s’attache également à créer ou à optimiser des îlots de fraîcheur afin de lutter contre les effets du réchauffement climatique. Elle s’inscrit dans la démarche du label « 100 villes neutres pour le climat d’ici 2030 ». Parmi les 374 parcs et jardins gérés par la ville, deux retiennent notre attention: le parc Borély, dont la roseraie vient d’être entièrement rénovée, qui fête ses 100 ans, et le Jardin botanique.
Le parc Borély, jardin remarquable
Entre 1860 et 1880, la Ville de Marseille fait appel à Adolphe Alphand (ingénieur des plantations de la Ville de Paris) pour dessiner et créer un parc public dans la propriété acquise à la famille Borély en 1856. Il comporte une bastide du XVIIIe siècle classée au titre des monuments historiques, mise en valeur par un jardin à la française (également classé), un jardin à l’anglaise, une roseraie et un jardin botanique. Il détient le label Jardin remarquable de par son intérêt culturel, esthétique, historique et botanique. Situé à proximité des plages du Prado, il est le plus fréquenté des espaces verts marseillais et aussi l’un des plus emblématiques.
Une roseraie qui fête ses 100 ans
La roseraie n’est réalisée qu’en 1923, soit bien après la création du parc, à l’initiative du fondateur du Jardin botanique municipal, Édouard-Marie Heckel, sur le précédent emplacement du Jardin botanique. Elle comporte, à l’époque, plus de 1 600 rosiers représentant environ 500 variétés, dont les plus beaux spécimens de roses.
C’est le célèbre paysagiste Édouard André qui est l’initiateur de ce nouveau genre de composition paysagère, dès 1899 à L’Haÿ les Roses, en Région parisienne, et qui inspirera la création de nombreuses roseraies dans les parcs et jardins de France et à l’étranger. En 2018, il apparaît nécessaire de rénover cet espace emblématique et de l’adapter aux attentes actuelles du public, tout en permettant de répondre aux standards exigés par la Société nationale d’horticulture de France dans le cadre du Grand Prix de la Rose.
Une restauration ambitieuse
La restauration de la roseraie comportait plusieurs objectifs. Tout en maintenant et en renforçant la structure elliptique originelle de base, il a fallu faire une différenciation entre les massifs de rosiers et les surfaces enherbées, adapter le réseau d’arrosage et changer le substrat. Le traitement des limites et de l’intégration de la roseraie dans le parc devait être amélioré, tout en rénovant les surfaces minérales, les maçonneries, les structures, le mobilier et la statuaire. Les travaux se sont échelonnés de 2018 à 2022 pour un coût de 466 670 euros, dans le cadre de l’« Opération d’investissement (O.P.I.) rénovation du parc Borély » dont 80 % subventionnés par le Département. Les interventions de 2021 et 2022 ont consisté dans le déplacement de la statuaire et l’aménagement des abords, dans le renforcement des allées, la plantation de rosiers paysagers, la construction et la mise en eau du bassin, l’aménagement des bords de la Huveaune, la plantation d’une haie paysagère et de rosiers. Durant cette période, 2 511 rosiers appartenant à 252 variétés, qui demandent un suivi particulier tout au long de l’année, ont été plantés.
Le Jardin botanique, un musée du vivant
Le Jardin botanique est le premier jardin de Marseille, à la fois botanique et d’acclimatation. Créé au XVIIe siècle, il était destiné à un usage privatif sur les terres de l’abbaye Saint-Victor. Confisqué à la Révolution, le jardin des plantes est déplacé aux Chartreux pour en faciliter l’arrosage. En 1817, les portes en sont ouvertes au public, inaugurant le premier jardin botanique municipal. Se trouvant sur l’axe de construction de la voie ferrée Marseille Toulon, il est déplacé à nouveau en 1860 vers le domaine de Borély, à l’emplacement de l’actuelle roseraie. Ce n’est que depuis 1913 qu’il se trouve sur son emplacement actuel. Le Dr Édouard-Marie Heckel, botaniste et médecin français, en établit lui-même les plans et sa gestion est confiée au Service municipal des plantations en 1935.
Ce jardin, de 1,2 hectare, se décline en neuf aménagements thématiques : jardin d’Afrique du Sud, jardin chinois, palmetum, jardin des plantes succulentes, potager, jardin des plantes grimpantes, jardin japonais, jardin des plantes médicinales, jardin de climat méditerranéen.
Il permet au public de découvrir plus de 3 000 espèces végétales provenant des cinq continents. C’est en quelque sorte un musée du « vivant ».
Le jardin botanique a aussi pour vocation d’enrichir, de diversifier et de renouveler régulièrement ses collections de plantes et élabore un catalogue de graines appelé Index Seminum. Il permet d’échanger des graines à des fins exclusivement scientifiques et/ou pédagogiques, au sein d’un réseau international de 800 jardins botaniques.
Une approche écologique
L’accent est mis sur une approche écologique de la gestion des espaces verts aboutissant à une nouvelle philosophie du jardinier. Huit parcs détiennent le label EcoJardin. Au-delà de l’esthétique des aménagements paysagers, il tend à favoriser la biodiversité de la flore et de la faune de manière très exigeante (taille raisonnée, fauche tardive, étude des sols, végétaux adaptés au climat, optimisation de la gestion de l’eau, formations spécifiques des jardiniers et sensibilisation du public). Ce label est remis en jeu tous les deux à trois ans via un audit réalisé par un organisme externe indépendant (Plante & Cité). S’inscrivent dans cette démarche les parcs suivants : Central de Bonneveine, Bortoli, Colline Saint Joseph, Saint-Cyr, La Buzine, La Moline, Athéna et Oasis.
Et pour aller plus loin en matière d’écologie : l’expérimentation du tri des déchets débute cette année dans six parcs, dont le parc Borély !
Propos recueillis par Jean-François Coffin
Journaliste et membre du comité de rédaction de Jardins de France