Édito : Les conifères font de la résistance
Noëlle Dorion
La résistance des conifères n’est pas un vain mot. Apparus sur terre il y a 250 millions d’années, les gymnospermes se développent tout particulièrement au carbonifère. Parmi eux, les conifères colonisent la totalité de la planète en quelques millions d’années. Leur déclin commence à la fin de l’ère secondaire, il y a 150 millions d’années, après d’importants changements climatiques. Supplantés à partir de l’ère tertiaire par les angiospermes (plantes à fleur), ils ont cependant résisté jusqu’à nos jours. Plus de 600 espèces sont actuellement présentes sur Terre. Dans ce dossier les spécialistes font le point sur les caractéristiques biologiques des conifères, vous y verrez que ces espèces ont considérablement évolué et sont, en moyenne, plus résistantes à la sécheresse que les angiospermes. Cette qualité intéresse tout particulièrement les chercheurs de l’INRA car les conifères pourraient être, à terme, favorisés par le changement climatique dans les milieux méditerranéens et tempérés. Plus surprenant encore, vous y découvrirez qu’un grand nombre d’espèces vivent en très faible abondance dans les forêts tropicales de l’hémisphère sud (Podocarpaceae et Araucariaceae), contrairement aux espèces de l’hémisphère nord qui constituent le plus souvent de vastes forêts sempervirentes avec une faible diversité (forêt boréale). Curieusement les conifères sont les arbres de tous les records, le plus gros, le plus grand, le plus vieux… mais aussi les plus récemment découverts (1994 pour la nouvelle vedette, le Wollemia) et malheureusement les plus menacés. Introduits dans les parcs et les arboretums au XVIIIe siècle, de façon épique, privilégiés dès la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, leurs silhouettes toujours vertes en hiver sont particulièrement élégantes. Malheureusement, plantés sans discernement dans des jardins trop petits ou en haies compactes, ils ont connu la disgrâce. Un article sur l’évolution de la filière montre que tout n’est pas perdu pour les conifères soumis au savoir faire des sélectionneurs et des pépiniéristes. Le sapin de Noël, hors de la forêt et des pépinières est devenu une production agricole de premier plan tout en conservant sa magie dans le paysage et dans nos demeures. Les arbres majestueux plantés au XIXe et au XXe siècles sont encore présents dans les grands parcs, bientôt de nouvelles formes viendront peupler nos petits jardins et même nos balcons, nos forêts abritent de nombreux conifères spontanés. Si vous succombez à leur charme, ce dossier vous donnera aussi une petite clé pour les identifier et quelques techniques de multiplication. Enfin la page ne peut se refermer sans histoire : celle du pin des Landes et de la politique forestière de Napoléon III, celle de l’introduction en France des premiers cèdres mais aussi celle de l’introduction et de la description d’espèces voisines comme le Ginkgo et les Cycas.
en tant que paysagiste je recherche les coniferes et feuillus les mieux adaptes pour la region des pays de loire dans le cadre de reboisementd’avenir et d’amenagement de bandes boisees,le stress hydrique de l’ete semble particulierement agressif sur des varietes peu sensible depuis leur mise en place,merci de votre concours philippe.Besse
S’agissant de reboisement d’avenir, il me semble que la première des choses est de puiser dans les ligneux indigènes en tenant compte notamment de leur adaptation spécifique aux sols. Mais je suppose que vous y avez déjà pensé. Pour introduire des conifères « exotique » notamment nord-américains, dans de nombreuses régions de France (sauf peut-être le littoral et la Bretagne) la difficulté tient en général à un taux d’humidité atmosphérique trop faible.
Cependant, vous pouvez vous reporter au numéro de Jardin de France traitant des changements climatiques (n°632). Vous y trouverez un article sur « les conifères champions de la résistance à la sécheresse » avec une liste. Vous y trouverez aussi plusieurs articles relatifs aux feuillus. Vous pourrez ainsi interroger directement les auteurs spécialistes de ces domaines.