Édito : De nouvelles vies pour les friches rudérales

Que se passe-t-il lorsqu’un territoire est laissé à l’abandon par l’homme ? Par exemple, sur un site urbain remanié et mis à nu, derrière des friches post-industrielles, lors de la déprise agricole avec des terres plus cultivées ou entretenues ou encore tant d’espaces laissés libres du fait de l’activité humaine. On se plaît à dire « la nature reprend ses droits » ! Elle y fait ce qu’elle veut ! On parle aussi de renaturalisation ou de renaturation.

C’est là qu’apparaissent les plantes rudérales. Elles sont ces pionnières fortement colonisatrices qui poussent spontanément dans ces milieux anthropisés. Elles y affectionnent, à l’inverse de la forêt, ces espaces ouverts perturbés et instables. Elles s’y montrent peu exigeantes, très souvent dans des sols particulièrement riches en azote, du fait de leur nature. Elles se fixent aisément dans tous ces habitats minéraux très différents les uns des autres.

Ces premières espèces amenées à recoloniser un espace abandonné, transportées par le vent, les animaux, etc., sont les adventices indigènes ou exotiques, des plantes à cycle court comme des annuelles ou bisannuelles, puis viennent ensuite les vivaces, les arbustes et les arbres. Elles ont en commun une capacité germinative exceptionnelle associée à un fort potentiel de reproduction. Elles recréent les conditions favorables au développement d’une biodiversité, flore et faune, plus soutenue.

Aujourd’hui les « jardiniers », que ce soit des collectivités ou des particuliers, se posent encore la question, au plus profond d’eux mêmes, de leur rapport avec la nature. Tout en faisant « la chasse » aux intrus, « les mauvaises herbes », dans leurs cultures, ils pratiquent désormais une gestion différenciée et écologique des espaces en conservant des espaces sauvages (naturels ?) pour y accueillir une flore et une faune sauvages. Cependant, un grand nombre d’entre eux développent encore la crainte des plantes invasives ou des plantes envahissantes exotiques (PEE). Des plantes rudérales qui s’invitent sur le chemin de l’école ? Comment ne pas être fasciné par cet enfant qui s’émerveille devant un pissenlit en fleur. Déjà la passion des plantes !

Michel Grésille