Dessiner une Ombellifère : L’art de la géométrie
Quelle que soit l’espèce choisie, carotte sauvage, fenouil, berce, maceron, ciguë ou persil, pour dessiner une Ombellifère, la démarche reste la même et la difficulté demeure… certaine. Elisabeth Vitou guide notre pinceau.
La famille des Apiacées présente quatre caractéristiques dont il convient de rendre compte dans le dessin : une inflorescence en ombelle, des feuilles alternées, une tige creuse et des fruits secs doubles. Pour dessiner plus facilement l’ombelle, le plus simple reste de la retourner afin de privilégier la représentation du départ des bractées et non la fleur à proprement parler… Incliner légèrement la fleur permet de ne pas avoir à représenter l’ombelle entière et de la présenter de profil. Autrement dit, l’artiste va remplacer la circonférence de l’ombelle par son ellipse.
L’exemple de la carotte sauvage
Les bractées, portant à leur extrémité les petits bouquets, sont disposées de telle sorte que ces petits bouquets s’alignent le long de spirales : c’est ce que montre la vue de dessus de l’inflorescence. Et, chose étonnante, on constate, pour la carotte sauvage, qu’il y a huit spirales dans un sens et treize dans l’autre !*
À partir du point central (la petite fleur pourpre si élégante au centre de l’ombelle qui reste optionnelle chez la carotte sauvage), il faut commencer le dessin en lançant les spirales sur lesquelles on viendra disposer ensuite les bouquets pour avoir une représentation juste.
En revanche, il faut conserver le blanc des pétales, ce qui, sur un papier « blanc », reste un challenge auquel tout artiste botanique va se trouver confronté, suivant le motif choisi.
Profiter de la moindre ombre
Traditionnellement, on n’utilise pas de blanc en illustration botanique, quelle que soit sa nature : blanc de titane, gouache, gofun… il « plombe » le travail.
Il faut donc, à la fois, savoir conserver le blanc du papier et le faire exister…
La technique consiste à peindre le blanc « en couleur », c’est-à-dire à profiter de la moindre ombre, de la moindre influence extérieure (réverbération du vert d’une feuille ou d’une tige par exemple), pour utiliser des lavis à peine colorés en variant les nuances, froides dans les zones d’ombre, plus chaudes dans les zones à la lumière. Les feuilles ne présentent pas de difficulté particulière, à partir du moment où l’on respecte leur principe d’alternance. On restituera le creux de la tige en la coupant de façon à en montrer l’intérieur.
Les graines sont des formes simples mais leur galbe « arrondi » doit, en dépit de la petite taille de l’élément, être ombré de façon à en rendre le volume…
Et maintenant, à vos pinceaux !
Elisabeth Vitou
Présidente de la section Beaux-Arts de la SNHF, animatrice du cours d’illustration botanique
*Le nombre de spirales dépend bien entendu de chaque type d’ombelle.