Des plantes bienfaisantes

Agnès Grapin

La présence de plantes dans notre cadre de vie pourrait-elle avoir un impact positif sur la santé humaine ? C’est une question à laquelle chacun d’entre nous a envie de répondre de façon intuitive. Les recherches menées actuellement montrent de nombreux bienfaits pour la santé malgré les aspects négatifs, comme les allergies. Des études complémentaires doivent être menées pour mesurer leur réel impact sur notre bien-être.

 

© Office Hollandais des FleursTout d’abord il est important de cerner le terme de santé. On peut retenir la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Le champ d’investigation est donc large, aussi bien pour les critères de santé évalués que pour les ‘situations végétales’ à tester. Il concerne par exemple l’impact des parcs et jardins sur la santé des citadins. Un article de synthèse (Lee et Maheswaran) est paru en 2011 : « The health benefits of urban green spaces: a review of the evidence »). Dans un cadre médical, d’autres recherches se focalisent sur l’étude d’une attitude active de patients face aux plantes. Cela a mené au développement de la notion d’hortithérapie et de jardin à but thérapeutique (voir Actes colloque SNHF). Enfin, des études se concentrent sur l’impact du végétal dans un environnement intérieur, que le végétal soit à l’extérieur, visible par une fenêtre, ou à l’intérieur sous la forme de plantes en pot ou de bouquets. Une analyse des articles scientifiques publiés dans les revues internationales permet de noter que la majorité des études sont réalisés par des équipes de recherche américaines, nordiques (Norvège, Danemark), et asiatiques (Japon, Taiwan, Corée du Sud).

 


Une vue thérapeutique

Certaines études concernent directement des patients à l’hôpital. Un article ‘fondateur’ est cité comme référence dans de très nombreuses publications traitant du bénéfice apporté par la présence de plantes : « View through a window may influence recovery from surgery » (La vue à travers une fenêtre peut influencer le rétablissement après une opération : Ulrich, 1984.). L’étude a concerné des patients, confinés dans leur chambre d’hôpital suite à une intervention chirurgicale, dont le lit était positionné face à une fenêtre donnant sur des arbres ou un mur de briques. Les principaux résultats constatés sont les suivants : les patients bénéficiant d’une vue sur les arbres ont eu une durée d’hospitalisation significativement plus courte (7,96 jours au lieu de 8,70) et ont eu moins recours aux analgésiques pendant la période de 2 à 5 jours après l’opération. Il est important de noter, qu’en fin d’article, l’auteur met en garde contre une généralisation abusive des résultats acquis : une vue minérale moins monotone qu’un mur de briques aurait pu mener à des conclusions différentes. Depuis, peu de publications analysent l’influence de la présence de végétal sur le rétablissement des patients. En 2009, Park et Mattson ont évalué l’impact de chambres végétalisées sur le rétablissement de 80 patientes après une opération identique. Ils ont ainsi comparé des chambres standards avec des chambres où douze plantes en pot (vertes et fleuries) avaient été disposées. A partir du 4e jour post-opération, la consommation d’analgésique des patientes des chambres végétalisées a été plus faible que pour les patientes des chambres témoins. De plus, leur durée d’hospitalisation a été significativement plus courte (6,08 jours au lieu de 6,39). Une effet bénéfique a également été noté sur le ressenti des patientes : sentiments de fatigue et d’anxiété moindres, plus grande satisfaction à la fin du séjour. Lors de convalescence, les plantes peuvent donc avoir un effet bénéfique complémentaire aux apports de la médecine.
 

Contre la tête lourde

Les études sur les bénéfices potentiels des plantes d’intérieur sur la santé retranscrivent le plus souvent un cadre professionnel de travail en bureau, quelques fois en entreprise avec des employés, le plus souvent dans des universités avec des étudiants. Les conditions mises en place sont très variables, les modalités possibles étant nombreuses : nature (plante en pot verte ou fleurie, bouquet), quantité et taille des végétaux, position de ceux-ci (sur le bureau, dans un angle…), pièce avec ou sans fenêtre... Même pour la modalité témoin ‘absence de plante’, il y a plusieurs possibilités : pièce vide ou avec un élément de décoration autre (à ma connaissance, aucune étude ne compare plante vivante et plante artificielle). Comme de plus, les critères d’évaluation diffèrent, il est difficile de tirer des conclusions générales de ces études (voir article de synthèse Bringslimark T. et al., 2009). Le résultat le plus souvent observé est que la pièce végétalisée est jugée plus agréable, même si l’effet sur l’humeur est souvent peu significatif. Lors de ses études, Tove Fjeld a mis en évidence que la présence de plantes permettait de diminuer les symptômes d’inconfort perçus (tête lourde, yeux irrités, toux). L’impact du végétal sur l’efficacité à réaliser une tâche intellectuelle est souvent évalué. Les résultats sont contradictoires, dépendant du type de travail à réaliser, de la durée sur laquelle le test est effectué, avec éventuellement des résultats divergents entre hommes et femmes. Suivant les études, les hypothèses explicatives peuvent faire appel aux théories de la biophilie ou de la restauration de l’attention, ou à l’impact des plantes sur les caractéristiques de l’atmosphère (modification de la composition chimique, augmentation de l’hygrométrie via l’évapotranspiration des feuilles).

Aux vues de ces résultas, on attend donc avec impatience des études complémentaires. Ce qui n’empêche pas chacun de profiter de ses plantes préférées d’ici là.

 

 

Bibliographie

Bringslimark T., Hartig T. and Patil GG. 2009. The psychological benefits of indoor plants: A critical review of the experimental literature. Journal of environmental psychology. 29: 422-433 

 Fjeld T., The effect of plants and artificial day-light on the well-being and health of office workers, school children and health care personnel

Lee ACK. and Maheswaran R. 2011. The health benefits of urban green spaces: a review of the evidence Journal  of         Public Health. 33: 212-222

Park SH. and Mattson RH. 2009. Therapeutic influences of plants in hospital rooms on surgical recovery. HortScience 44: 102-105

Ulrich RS. 1984. View through a window may influence recovery from surgery. Science 224: 420-421

SNHF. 2009. Jardins, environnement et santé. Actes du colloque