Des conifères champions de la résistance à la sécheresse

Cédric LemaireTim BrodribbSylvain Delzon

La disponibilité en eau est l'un des facteurs essentiels qui déterminent la répartition des arbres à la surface de la terre. Les conifères n'échappent pas à cette règle et, depuis leur apparition il y a 300 millions d'années, certaines espèces ont évolué pour devenir les champions de la résistance à la sécheresse et ont ainsi pu coloniser des milieux xériques.

 

Le Sequoiadendron se situe parmi les conifères plutôt résistants à la sécheresse. Ici, un spécimen de l’arboretum du château de Neuvic d’Ussel (Corrèze) — © J.-F. Coffin

Le Sequoiadendron se situe parmi les conifères plutôt résistants à la sécheresse. Ici, un spécimen de l’arboretum du château de Neuvic d’Ussel (Corrèze) - © J.-F. Coffin

 

Chez les arbres, l'eau effectue la plupart de son parcours au sein de tissus conducteurs (le xylème), constitué de cellules creuses, qui sont appelés « trachéides » chez les conifères et « vaisseaux » chez les angiospermes (plante à fleurs). Au sein de ces tuyaux spécialisés, l'eau (aussi appelé sève brute) circule sous tension : elle est « tirée » par le haut grâce à la transpiration qui s'effectue au niveau des stomates et sa pression est donc toujours négative. Ce système de transport très élaboré a toutefois ses points faibles et, lorsque la force de tension est trop forte, des bulles d'air peuvent se former et rompre la colonne d'eau : ce phénomène est appelé cavitation ou embolie. Les éléments conducteurs embolisés deviennent inutilisables. Chez les conifères, lorsque 50 % de l'appareil vasculaire est embolisé, l'arbre n'est plus capable de transporter efficacement la sève jusqu'à ses feuilles pour les refroidir et meurt en quelques jours ou quelques semaines selon l'espèce. Ainsi, chez les conifères, il existe deux caractères indispensables leur permettant de résister à la sécheresse : la résistance à la cavitation du xylème et la limitation des pertes d'eau par fermeture des stomates via la synthèse d'une hormone, l'Acide Abscissique (ABA). C'est fort de ce constat, que nous avons caractérisé la résistance à la cavitation de plus de 260 espèces de conifères à travers le monde. Cette base de données unique permet maintenant de classer les espèces selon leur résistance et fournit ainsi une gamme de résistance pour les pépiniéristes et les amateurs.

 

 

 

Différentes familles, différentes stratégies :

Les conifères sont regroupés en cinq groupes principaux : les Pinacées, présents uniquement dans l'hémisphère nord, dominant largement les régions boréales et les zones de haute altitude ; les Podocarpacées, dans l'hémisphère sud, principalement en régions équatoriale ou tropicale ; les Cupressacées, dans les deux hémisphères sous des climats variés ; les Araucariacées, en Amérique du Sud et en Océanie ; et les Taxacées, dans chacun des deux hémisphères[1].

 

> lire la suite


[1] Pour en savoir plus se référer au dossier du numéro 623 de Jardins de France, « Les conifères font de la résistance »